1er Mai à Paris

Renvoi au 1er juin du procès de la femme suspectée d'avoir agressé un pompier

  • Publié le 4 mai 2022 à 21:25
  • Actualisé le 5 mai 2022 à 05:25

La manifestante suspectée d'avoir agressé un pompier lors du défilé du 1er-Mai à Paris a été placée mercredi sous contrôle judiciaire dans l'attente de son procès le 1er juin devant le tribunal correctionnel de Paris. A l'issue de 48 heures de garde à vue, cette femme de 38 ans avait été déférée mardi au parquet en vue d'une comparution immédiate mercredi après-midi.

Sur les vidéos prises lors de la manifestation du 1er-Mai diffusées sur les réseaux sociaux, on voit la suspecte, casque orange sur la tête, tenter d'arracher la lance à incendie d'un pompier en train d'éteindre un feu allumé par des manifestants. Après plusieurs essais infructueux, elle lui assène deux coups sur le casque avant d'être maîtrisée. Ce geste avait suscité de larges condamnations sur les réseaux sociaux, tandis que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait dénoncé des "violences inacceptables".

A l'audience, Mme A., très éprouvée, souvent en larmes, est apparue les cheveux attachés en chignon, avec une veste en jean, et a fait valoir son droit d'obtenir le renvoi de son procès. Elle s'est présentée comme "salariée CDI formatrice dans le domaine de l'hygiène" après avoir été "aide-soignante pendant le Covid".

Dans l'attente de l'audience au fond le 1er juin, l'enjeu de cette audience était de savoir si la prévenue ferait l'objet d'une mesure de contrainte. Le procureur de Paris a requis son placement en détention provisoire jusqu'au procès, une "mesure exceptionnelle" légitimée selon lui par la "certaine forme de dangerosité" de la prévenue. "Il y a quant à l'état d'esprit de madame des interrogations", a glissé le procureur. Interrogée un peu plus tôt par le procureur sur son risque de réitération des faits, Mme A. avait répondu : "Je travaille, j'ai un CDI, je suis une maman, j'aime mes enfants". L'une de ses avocates, Me Alice Becker, avait reformulé la question du ministère public : "Pouvez-vous dire au tribunal que vous n'irez plus en manifestation ?". "C'est sûr à 100%, je signe tous les documents pour ça", avait répondu la suspecte.

- Vie "détruite" -

Le tribunal a finalement prononcé un contrôle judiciaire assorti d'une interdiction de manifester à Paris et de détenir ou porter une arme, ainsi que d'une expertise médico-psychologique. L'une des deux avocates de la mise en cause, Me Alice Becker, avait estimé la vie de sa cliente "détruite" par les 48 heures de garde à vue et la médiatisation des faits.

Sa consoeur Me Aïnoha Pascual avait évoqué la "vie compliquée de mère isolée" de Mme A., qui est par ailleurs convoquée prochainement par la justice en tant que victime de violences, dans une autre affaire. Le 1er juin, l'audience au fond abordera les charges de "violences sur personne chargée d'une mission de service public, outrage, rébellion, participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations lors d'une manifestation et entrave à l'arrivée des secours destinés à combattre un sinistre dangereux pour les personnes".

Mme A "conteste une grande partie des faits", a déjà dit Me Becker. Les "outrages qu'on lui reproche, c'est pas elle". Concernant les "violences, ça s'est pas du tout déroulé comme le résumé médiatique en a été fait". "Je ne comprends pas comment elle a pu entraver les secours puisqu'ils sont là, et que le feu a déjà été éteint", a-t-elle aussi avancé.

Les deux avocates ont en outre annoncé une plainte contre le parquet de Paris et la police qu'elles accusent de "fuites massives et scandaleuses (d'informations) dans ce dossier" à la "médiatisation déplorable". Le pompier victime a un "préjudice moral" mais pas de blessure physique, a indiqué son avocat, Me Jérôme Andréi, qui défend aussi la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, partie civile.

AFP

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