Emmanuel Macron veut réunir après les législatives un "Conseil national de la refondation" avec les "forces politiques, économiques, sociales, associatives" ainsi que des citoyens tirés au sort, sur les réformes touchant notamment au pouvoir d'achat, à l'écologie, aux institutions et aux retraites.
"J'ai porté cinq objectifs pendant la campagne : l'indépendance (industrielle, militaire, alimentaire…), le plein-emploi, la neutralité carbone, les services publics pour l'égalité des chances et la renaissance démocratique avec la réforme institutionnelle. Pour les atteindre je veux réunir un Conseil national de la refondation, avec les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et de citoyens tirés au sort", affirme le président de la République dans un entretien à plusieurs quotidiens régionaux diffusé vendredi soir.
"Ce conseil, que je lancerai moi-même, sera enclenché dès après les législatives" des 12 et 19 juin, précise le chef de l'Etat. Il souhaite que la Première ministre Elisabeth Borne et son gouvernement "puissent faire vivre" ce Conseil national de la refondation, clin d'oeil au Conseil national de la résistance (CNR) qui coordonnait les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il justifie cette référence au CNR par le fait que "nous vivons un temps comparable". "Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle et puis la guerre est là", en Ukraine.
Le président précise qu'il y aura "une première séquence de plusieurs jours, puis des rendez-vous réguliers" et que la première portera sur le pouvoir d'achat, préoccupation numéro un des Français. "Nous allons apporter des réponses aux fonctionnaires avec le point d’indice, aux retraités… Dès cet été sera voté la loi pouvoir d'achat et un texte de simplification et d'urgence pour les projets d’énergie", précise-t-il.
Ensuite, "nous entamerons les grands chantiers : production, écologie, services publics". Sur le chèque alimentaire, il explique que le dispositif "doit être simple" pour que ce chèque soit "versé en une fois" et qu'"ensuite, il faudra aller vers des dispositifs plus ciblés comme sur l'essence avec un dispositif pour les gros rouleurs dès cet automne".
A cet égard, la ristourne de 18 centimes sur les carburants, sera prolongée en août, a-t-il confirmé. "Il faut qu'il y ait une visibilité pour nos compatriotes. Je vous la donne."
Sur la réforme des retraites, il assure qu'elle entrera en vigueur "dès l'été 2023". Sur l’école et la santé, il prévoit que "soient définis nos objectifs et les moyens" au sein de ce Conseil avant des "discussions" à partir de septembre, "sur le terrain, dans les 1.200 bassins de vie, auxquelles seront associées toutes les parties prenantes". "Les Français sont fatigués des réformes qui viennent d’en haut", insiste Emmanuel Macron.
- Pas d'état de grâce -
Sur l'hôpital, il a promis pour "dès juillet des décisions d'urgence indépendamment du conseil de refondation". Sur un tout autre sujet, la possible levée du retrait de points pour les excès de vitesse de moins de 5 km/h, il a confirmé par ailleurs qu'un travail est en cours.
Emmanuel Macron a réfuté tout temps mort ou atonie en ce début de quinquennat, alors que les interrogations commençaient à poindre jusque dans la majorité à une semaine des législatives. "Il faut distinguer agir vite et fort et la précipitation", a-t-il lancé, tout en concédant ne bénéficier d'aucun état de grâce en ce début de second quinquennat.
Le gouvernement Borne a été très vite rattrapé par des accusations de viol contre le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad et par le chaos au Stade de France le soir de la finale de la Ligue des Champions qui l'a "indigné". "La protection de la présomption d’innocence est importante (..) Damien Abad y a droit comme tout citoyen. Je souhaite qu’il puisse mener à bien son travail", a répliqué le chef de l'Etat.
Sur le plan politique, il s'en est pris à ses rivaux, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen qui portent selon lui des projets "de désordre et de soumission". Alors que le leader insoumis souhaite devenir "Premier ministre" si la Nupes obtient aux législatives la majorité, Emmanuel Macron affirme: "Il est rare de gagner une élection à laquelle on ne se présente pas. Aucun parti politique ne peut imposer un nom au Président."
AFP