Justice

Le propriétaire du site porno "Jacquie et Michel" mis en examen pour complicité de viol

  • Publié le 18 juin 2022 à 09:05
  • Actualisé le 18 juin 2022 à 09:10

Michel Piron, 64 ans, propriétaire du site pornographique "Jacquie et Michel" a été mis en examen vendredi notamment pour complicité de viol et traite d'être humain en bande organisée. Il a été placé sous contrôle judiciaire et a donc pu ressortir libre du tribunal, alors que le parquet avait requis son placement en détention provisoire, a constaté l'AFP lors d'une audience publique devant le juge des libertés et de la détention (JLD). Il a été interpellé mardi avec son épouse et trois autres hommes

Les trois autres hommes - un ancien acteur et deux anciens réalisateurs - ont également été mis en examen dans ce dossier, pour viols, complicité de viol, proxénétisme en bande organisée et traite d'être humain en bande organisée.

L'un d'eux est aussi poursuivi pour complicité de viol avec acte de torture et de barbarie. Il a été placé en détention provisoire. L'épouse de M. Piron, Araceli, a elle été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté et est donc ressortie libre vendredi du tribunal judiciaire de Paris.

Dans un communiqué, Me Nicolas Cellupica, avocat du groupe Arès, présidé par M. Piron et détenteur du site pornographique, a affirmé qu'il était reproché à M. Piron "des faits -contestés - concernant une seule plaignante, en 2013".

- Démission de Michel Piron -

"L'infraction de proxénétisme n'a pas été retenue à son encontre", ajoute-t-il, annonçant par ailleurs que M. Piron avait décidé de quitter le groupe le temps de cette procédure. "Le groupe Jacquie et Michel acquiert et diffuse des milliers de vidéos par an réalisées par des producteurs indépendants et regrette profondément que sept scènes litigieuses aient pu être tournées parmi celles-ci, sur les 20 dernières années", souligne-t-il.

Devant le JLD, la représentante du ministère public a décrit un "système de proxénétisme et de traite des êtres humains", avec des "femmes démolies". "On les entraîne dans un piège", a-t-elle déclaré, dénonçant un "mode opératoire qui enferre les victimes dans ce système".

Les avocats de la défense ont pour leur part fustigé "deux ans de procédure" au cours desquels "aucun acte d'enquête" n'était intervenu selon eux. "La vision du ministère public c'est de se dire que le porno n'est qu'une forme de violence", a lancé un des avocats. "Sur 7.000 femmes (filmées, ndlr), il y a sept plaignantes", a souligné Me Yves Levano, avocat de M. Piron.

En juillet 2020, le parquet avait ouvert une enquête confiée à la police judiciaire parisienne, après un signalement adressé par Osez le féminisme, les Effronté-es et le mouvement du Nid.
Ces trois associations relayaient les témoignages de plusieurs actrices qui assuraient avoir été contraintes à des "pratiques sexuelles +hors normes et douloureuses+" alors qu'elles n'étaient pas consentantes.

Ce signalement avait suivi la diffusion en février par le site Konbini d'une vidéo intitulée "les coulisses sordides du porno amateur", dans laquelle deux femmes témoignaient de ces pratiques.

Dans un livre-enquête intitulé "Judy, Lola, Sofia et moi" (Ed. Goutte d'Or, 2018), le journaliste Robin d'Angelo a raconté son infiltration dans l'industrie du porno amateur et dénoncé l'absence récurrente de consentement et le non-respect du droit du travail.

Le groupe, fondé en 1999 et qui annonçait 15 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016, selon le journaliste, a fondé son succès sur l'achat à petits prix de vidéos amateur en France, avant de professionnaliser peu à peu sa production pour en venir à concurrencer désormais Dorcel parmi les leaders de l'industrie pornographique.

Une autre enquête menée à Paris depuis 2020 a fortement bousculé le monde du porno amateur français en visant les pratiques de la plateforme "French Bukkake". Au moins douze personnes, dont les producteurs surnommés "Pascal OP" et "Mat Hadix", sont poursuivies dans ce dossier exceptionnel par son ampleur et ouvert pour traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé. Depuis, les enquêteurs ont identifié des victimes par dizaines.

AFP

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