Rugby

Top 14: la victoire de Saint-André le bâtisseur

  • Publié le 25 juin 2022 à 13:09
  • Actualisé le 25 juin 2022 à 14:11

"Et ça, c'est pas du beau rugby?" Le directeur du rugby de Montpellier Philippe Saint-André peut savourer: tombé en disgrâce en 2015, l'ancien sélectionneur des Bleus a décroché devant Castres (29-10), le premier titre de champion de France de son histoire, synonyme de résurrection.

Pas revanchard mais attentif aux critiques émises sur le jeu restrictif de l'équipe qu'il a repris en main en février 2021, l'ancien sélectionneur du XV de France est pour beaucoup dans le redressement du MHR qui luttait alors pour son maintien dans l'élite.

En un an et demi, PSA aura transformé de fond en comble un club dont Mohed Altrad, son président depuis 2011, magnat du BTP, n'a jamais pu parfaire les finitions.

En échec lorsqu'il dirigeait les Bleus, marqué au fer rouge par une défaite en quart de finale de Coupe du monde face aux All Blacks en 2015 (62-13), Saint-André a juré qu'il "n'enfilerait plus de survêtement". Sans revenir sur le terrain, il a néanmoins su s'entourer d'un staff avec lequel il a changé l'état d'esprit de Montpellier.

"C'est sa grande force", a confié Yannick Bru dans les colonnes de Midi Olympique, son adjoint en équipe de France. "Il connait bien les hommes, a su reconstruire les fondations, un état d'esprit et choisir un bon staff."

Autour de PSA, Olivier Azam, entraîneur des avants, connu alors que l'ancien capitaine de l'équipe de France débutait sa carrière d'entraîneur à Gloucester en Angleterre, Jean-Baptiste Elissalde, technicien reconnu ayant fait ses gammes au Stade toulousain et en charge de l'hermétique défense montpelliéraine, Alexandre Ruiz, surtout, ancien arbitre professionnel, recruté, pour une première en France, comme entraineur spécifique sur la discipline.

- La revanche du Goret -

Saint-André a également fait un grand ménage dans l'effectif du MHR. Exit les noms ronflants aux salaires exorbitants, finie la colonie sud-africaine venue trop souvent en villégiature dans l'Hérault.

Aux frères Du Plessis, Bismarck et Jannie, à Jacques Du Plessis, Johan Goosen ou Henry Immelman, arrivés dans les valises de l'ancien entraîneur, leur compatriote Jack White, le "Goret" a préféré des joueurs revanchards et méconnus. Le troisième ligne centre anglais Zach Mercer, le flanker arrivé de Pro D2, Arnaud Bécognée qui a poussé Fulgence Ouedraogo, icône du club, dans les tribunes pour sa fin de carrière, le seconde ligne de Toulouse au parcours cabossé Bastien Chalureau, le numéro 10 italien Paolo Garbisi, qui a pris la place du champion du monde en titre, Handré Pollard. Autant de joueurs qui ont restauré une humilité au sein du MHR.

C'est peut-être là d'ailleurs qu'il faut chercher la véritable raison du premier titre de champion de France pour Montpellier. Incarné par Mohed Altrad, que le sérail du rugby aimait à détester, Montpellier était la bête à abattre depuis dix ans et deux finales perdues (2011 et 2018).

Depuis l'arrivée sur la pointe des pieds de PSA, le MHR s'est racheté une conduite. Mieux, les Héraultais ont tenu jusqu'au bout un fil conducteur fait d'un jeu simple - défense imperméable, occupation du terrain efficace et discipline à toute épreuve, pour atteindre son Graal.

Et dans cette finale des modestes, le MHR a pendant vingt minutes au moins pratiqué un "beau jeu". Qu'il doit beaucoup à Saint-André.

AFP

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