Guerre

Ukraine: 20 morts dans des frappes russes dans le centre, Zelensky réclame un "tribunal spécial"

  • Publié le 14 juillet 2022 à 17:42
  • Actualisé le 14 juillet 2022 à 18:03

Au moins 20 personnes ont été tuées jeudi par des frappes russes sur une ville du centre de l'Ukraine, des bombardements qualifiés d'"acte ouvertement terroriste" par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ces frappes en fin de matinée sur une région du pays jusqu'alors relativement épargnée par la guerre, à plusieurs centaines de kilomètres des lignes de front, sont intervenues au moment où se préparait à La Haye une conférence sur les crimes commis en Ukraine.

Dans une intervention en visioconférence lors de cet évènement organisé par la Cour pénale internationale (CPI), la Commission européenne et les Pays-Bas, Volodymyr Zelensky a appelé à la création d'un "tribunal spécial" chargé de juger "les crimes de l'agression russe contre l'Ukraine". A Vinnytsia, les images publiées par le service ukrainien des Situations d'urgence montraient des dizaines de carcasses de voitures calcinées et un immeuble d'une dizaine d'étages ravagé par l'explosion et l'incendie ayant suivi.

Selon l'armée ukrainienne, "trois missiles" ont touché le parking et cet immeuble commercial du centre de la ville, abritant des bureaux et des petits commerces. Ils avaient été tirés depuis des sous-marins en mer Noire, a précisé le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne Iouri Ignat. "Chaque jour, la Russie tue des civils, tue des enfants ukrainiens, tire des missiles sur des cibles civiles où il n'y a rien de militaire. Qu'est-ce que c'est, si ce n'est un acte ouvertement terroriste?", a dit Volodymyr Zelensky immédiatement après les frappes.

Devant la conférence à La Haye, à laquelle participaient les ministres de la Justice et des Affaires étrangères des pays de l'UE, il a précisé qu'"à cette minute, 20 personnes sont mortes, dont trois enfants. Et beaucoup, beaucoup sont blessés".

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, présent à La Haye, a dénoncé un nouveau "crime de guerre russe". La rédactrice en chef du groupe médiatique d’Etat Russia Segodnya, Margarita Simonian, a affirmé sur Telegram que l'armée russe lui avait dit avoir visé "la Maison des officiers, où des nationalistes avaient été déployés".

- Frappes sur le sud -

Depuis plusieurs semaines, les frappes russes loin des lignes de front étaient relativement rares. Mais la guerre fait désormais rage autour de villes comme le port stratégique de Mykolaïv (sud), proche de la mer Noire, qui a été touché tôt jeudi matin par une "frappe massive de missiles" pour le deuxième jour consécutif.

"Deux écoles, des infrastructures de transport et un hôtel ont été endommagés", a déclaré la présidence dans son briefing matinal quotidien.
Les images diffusées par les autorités locales montrent les restes d'un bâtiment détruit par un bombardement, les travailleurs municipaux ramassant les débris éparpillés par l'attaque.

L'Ukraine a de son côté lancé depuis plusieurs semaines une contre-offensive pour reprendre Kherson, unique capitale régionale capturée par Moscou depuis le 24 février. Si la ligne de front reste relativement stable, ces attaques sont de plus en plus puissantes, avec de nouveaux systèmes de roquettes américains et européens, ciblant les dépôts d'armes.

- "Victoire totale" -

Les principaux combats restent toutefois concentrés sur l'est de l'Ukraine et le Donbass, bassin industriel et minier que Moscou a promis de conquérir entièrement.

Selon le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, "les attaques massives d'artillerie et de mortier se poursuivent (et) les Russes tentent de percer vers Siversk et d'ouvrir la voie vers Bakhmout", où un civil est mort dans des bombardements dans la nuit de mercredi à jeudi. Les séparatistes prorusses soutenus par Moscou affirment de leur côté être proche d'y remporter une nouvelle victoire, quelques jours après avoir pris plusieurs villes d'importance.

"Siversk est sous notre contrôle opérationnel, ce qui signifie que l'ennemi peut être touché par nos tirs dans toute la zone", a déclaré un responsable séparatiste, Daniïl Bezsonov, cité par l'agence de presse russe TASS. L'AFP n'était pas en mesure de confirmer de façon indépendante cette information.

Un peu plus au nord, dans la région d'Izioum, "on creuse quand c'est calme, on se cache quand ça tire", confiait à l'AFP un soldat ukrainien dans des tranchées labyrinthiques de plusieurs dizaines de mètres de long construites par l'armée ukrainienne, au son des tirs d'artillerie. Un des officiers déclarait toutefois que "la situation est sous contrôle", affirmant que l'armée russe n'avançait plus dans cette zone et que l'objectif pour l'Ukraine était désormais "la victoire totale".

- Espoir sur les céréales -

Mercredi, au cours d'une réunion d'experts militaires à Istanbul, la Russie et l'Ukraine ont par ailleurs progressé sur l'épineuse question du blocage des exportations de céréales à partir des ports ukrainiens.

Des "progrès réellement substantiels" ont été réalisés, a commenté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a dit espérer qu'un "accord formel" pourrait être prochainement conclu et évoqué "une lueur d'espoir pour soulager la souffrance humaine et la faim dans le monde". La négociation lancée il y a plus de deux mois vise à exporter par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens, en particulier à Odessa, tout en facilitant les exportations russes de grains et d'engrais.

L'Ukraine est l'un des principaux exportateurs mondiaux de blé et d'autres céréales et le temps presse, face à la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires qui fait peser des risques de famine, notamment sur l'Afrique.

La guerre en Ukraine est le "plus grand défi" pour l'économie mondiale, a estimé jeudi la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avant une réunion du G20 en Indonésie.

Le président Emmanuel Macron a lui averti que le conflit en Ukraine allait "durer" et que les Français devaient se préparer à se passer du gaz russe, dont Moscou se sert comme "arme de guerre".

AFP

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