Un bassin construit dans des containers

Autour de Strasbourg, une piscine itinérante pour apprivoiser l'eau

  • Publié le 16 juillet 2022 à 02:57
  • Actualisé le 16 juillet 2022 à 08:51

Cet été, dans la métropole de Strasbourg, ce ne sont pas les petits nageurs qui vont à la piscine, mais la piscine qui vient à eux: un bassin itinérant, construit dans des containers, permet aux jeunes enfants d'apprivoiser l'eau et d'apprendre à réagir en cas de chute.

"Maman regarde, je disparais !", interpelle Eliott, quatre ans et demi, avant de mettre la tête sous l'eau. "Tu es un petit poisson !", lui répond tout sourire sa mère, Agapé Ambs, venue voir la cinquième séance de son fils dans la "Carava'nage" de l'Eurométropole de Strasbourg. "C'est vraiment génial, c'est rassurant, car la noyade, c'est une angoisse", explique cette consultante dans le marketing, qui habite à côté d'Hangenbieten, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale alsacienne.

Ces dix séances de 30 à 40 minutes gratuites, pendant qu'Eliott est au centre de loisirs municipal, tombent à pic avant le départ en vacances. "A côté de notre gîte, il y aura une piscine et là je pense que l'enfant prend conscience de ce qu'il est capable de faire et de ses limites. Et nous aussi", considère la maman du petit garçon.

Traverser le bassin avec un tube en mousse sous les bras, flotter sur le dos, sauter dans l'eau. Les deux maîtres nageurs multiplient les exercices pour les sept enfants du cours, âgés de 4 à 6 ans. "L'objectif est que s'ils tombent à l'eau, ils arrivent à rattraper le bord soit sur le ventre soit sur le dos", explique la maître-nageuse Julie Stoffel.

- Savoir se sauver -

Il ne s'agit pas de savoir nager la brasse ou le crawl, mais d'"enlever peurs et angoisses", d'"apprendre à s'allonger sur l'eau pour flotter, à mettre la tête sous l'eau, à se propulser avec les jambes", détaille-t-elle. "Juste de la débrouillardise pour arriver à faire quelques mètres en autonomie pour se sauver". 250 enfants de la métropole strasbourgeoise devraient tout au long de l'été profiter de l'eau à 28 degrés de cette piscine mobile de 1,05 m de profondeur, 6 mètres de longueur, 2,5 mètres de largeur, installée dans deux containers, un pour le bassin et l'autre pour les installations de traitement de l'eau.

"Les noyades sont une cause importante de mortalité chez les enfants, il fallait qu'on trouve une solution pour apprendre aux enfants à se sauver dès le plus jeune âge", en ciblant notamment "les enfants qui ne vont pas naturellement dans les piscines municipales", explique Alexis Baye, chef de service adjoint du services des piscines, patinoire et plans d'eau de la métropole alsacienne.

Expérimenté cet été, ce bassin itinérant, qui nécessite environ quatre heures et six personnes pour être installé et mis en service, avec l'eau transportée en sacs d'un endroit à l'autre, a été conçu par les services techniques de l'Eurométropole de Strasbourg.

- Piscine dans un container -

"On a réduit une piscine classique dans un container" avec les mêmes exigences sanitaires et d'accès, explique Gilbert Gunenbein, responsable technique des piscines. Derrière lui, un nouveau groupe de sept enfants passe dans le pédiluve et sous la douche extérieure avant d'accéder au bassin. Cette piscine itinérante "répond à 100% aux normes d'une piscine publique", souligne Alexis Baye, espérant que ce bassin mobile serve de "produit d'appel" pour poursuivre l'apprentissage de la natation en piscine le reste de l'année.

"Ce système est unique en France", se félicite Vincent Debes, vice-président de l'Eurométropole de Strasbourg, chargé des sports. Avec deux années de Covid et de nombreux mois sans sortie scolaire ou avec des piscines fermées de longs mois, "ces tranches d'âge sont un peu pénalisées pour savoir nager", relève l'élu, également maire de Hoenheim, au nord de Strasbourg.

Représentant un investissement de 125.000 euros et des frais de fonctionnement de 25.000 euros, le "Carava'nage" poursuivra son périple jusqu'à fin août dans trois autres endroits différents de Strasbourg et des alentours. Vincent Debes rêve déjà à une deuxième piscine itinérante "peut-être dans deux ans".

AFP

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