Visite de François Hollande à La Réunion

Une annulation, des déçus et quelques heureux

  • Publié le 26 juillet 2014 à 05:15

Même si elle a été comprise par tous, l'annulation de la visite de François Hollande à La Réunion n'a pas été totalement digérée. Prévu à partir de ce vendredi 25 juillet 2014, le "rendez-vous historique" promis par Paul Vergès n'a pas eu lieu. Les annonces et les rencontres promises tout au long de la semaine se font toujours attendre, jusqu'à faire quelques déçus. Certains, plus chanceux, ont appris que le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Ce samedi, François Hollande aurait dû se réveiller à La Réunion. Ce samedi, le président de la République aurait déjà dû faire plusieurs annonces attendues par différents acteurs de l’île. Ce samedi, le chef de l’Etat aurait dû inaugurer la Maison du Parc national avant de s’envoler pour Moroni aux Comores afin d’assister au 4e sommet de la Commission de l’océan Indien. Il n’en sera rien. Ce samedi, l’ex candidat socialiste à la présidentielle de 2012 est toujours à Paris. Le locataire de l’Elysée doit être en métropole pour montrer sa mobilisation suite au crash du vol AH 5017 d’Air Algérie qui a causé la mort de 51 Français. "Chacun le comprendra", a-t-il déclaré jeudi soir sur le perron de l’Elysée.

En effet, à La Réunion tout le monde a compris cette décision. Mais la déception est bien réelle. A Saint-Joseph, un discours du président au sujet de la régionalisation de l’emploi était prévu. Gilles Leperlier, président de Nou Lé Kapab, devait se rendre dans la ville de Patrick Lebreton, tout comme un millier de personnes. "On comprend l'annulation de sa visite avec les événements internationaux, mais ça ne l'empêche pas de faire des annonces. Il n'y a plus de temps à perdre, et notamment pour la priorité à l'embauche des Réunionnais. Il y a eu le temps des décisions, il y a eu temps du rapport, maintenant l'heure est aux actes. Qu'il soit à Paris ou ailleurs, ça ne l'empêche pas de faire des annonces qui sont attendues par des nombreuses personnes", assure le responsable de l’AJFER.

A Saint-André, François Hollande devait prendre position sur un thème explosif : l’économie sucrière. Les planteurs s’étaient mobilisés dès jeudi pour mettre la pression sur le président de la République. Finalement, le chef de l’Etat n’est pas venu, tout comme les annonces attendues sur l'avenir de la filière canne après la fin de la convention cannes en 2015. Une situation incompréhensible pour Jean-Yves Minatchy. "On a rencontré le conseiller agricole de François Hollande jeudi. Il sait ce que le président allait nous annoncer, et on souhaite savoir ce qui était prévu", soutient le représentant de la CGPER. Les agriculteurs devront se contenter d’un joli lot de consolation annoncé ce vendredi par la préfecture : le versement des aides suite au cyclone Béjisa, la garantie par l'Etat du maintien des prix actuels de la canne  jusqu'en 2017 et... la promesse d’un entretien lors de la prochaine visite.

A l’occasion de l’extension du grand port maritime, le président de la République était vivement attendu au Port-Est par les acteurs économiques. "Je comprends l’annulation par rapport à la catastrophe aérienne. Mais je dis que c’est dommage, sa venue est un événement pour l’économie de La Réunion", commente Ibrahim Patel. Le président de la chambre de commerce et d’industrie de La Réunion devait rencontrer directement François Hollande : "nous avions des dossiers sensibles à lui présenter : le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi - ndlr), l’apprentissage, la loi LODEOM… Nous attendions beaucoup de cette rencontre pour avoir une réponse ou pour que l’Elysée donne clairement des directives à ce sujet. C’est un dialogue que nous demandons pour que La Réunion soit le moins possible pénalisée."

De nombreuses manifestations étaient également prévues à l’occasion de la venue du président de la République. Celle prévue à Saint-Denis a été maintenue, quitte à organiser une version allégée. Seule une centaine de personnes était présente devant les grilles de la préfecture à l'appel des syndicats. "On a fait le choix de maintenir le rassemblement en prenant en compte l'effet démobilisateur. On est là, parce qu'on avait besoin de s'exprimer", explique Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR. A défaut de montrer ses revendications directement à François Hollande, l’intersyndicale s’est tournée vers le secrétaire général du préfet pour lui remettre une lettre faisant état de la situation "catastrophique" de La Réunion.

Mais l’annulation de la visite de François Hollande n’a pas fait que des malheureux. Leprésident de la République devait participer à un " déjeuner républicain" en compagnie notamment de Jean-Claude Fruteau et de Jean-Paul Virapoullé. Ce repas, servi pour une vingtaine de couverts, était préparé depuis mardi par les chefs de la préfecture de Saint-Denis, de Saint-Pierre et des TAAF. Le menu a été choisi directement par les services de l’Elysée : entrée froide de crustacés, cari camarons et fruit de la passion. Mais comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, ces plats ont été dégustés par les agents de la préfecture.

Le Journal de l’Île et le Quotidien s’en sortent également plutôt bien. Si le président a pu annuler à la dernière minute son déplacement à La Réunion, ça n’a pas été le cas des publicités commandées aux journaux locaux. Par exemple, le JIR, dans son édition du vendredi 25 juillet 2014, comprend cinq annonces adressées directement à François Hollande. Contrairement aux traditionnels courriers des lecteurs qui sont gratuits, la publication de ces lettres a été payée par certains organismes (IRT, conseil général, mairie du Port, acteurs économiques, fournisseur d'accès à internet, promoteurs immobiliers...) à hauteur de plus d’un millier d’euros la pleine page. Une manne financière bienvenue, même s’il est peu probable que François Hollande ait ouvert un journal réunionnais depuis son bureau de l’Elysée.

Reste une grande interrogation : quand le Président reviendra à La Réunion ? Les paris sont d’ores et déjà lancés. "Il devrait venir au mois d’octobre pour le forum de la COI. Il devrait venir et rencontrer les différents acteurs économiques", espère Ibrahim Patel. Le Président de l’Union des Comores souhaite réunir les chefs d’Etat du Sommet de la commission de l'océan Indien "dans le courant du mois d’août." Lors de la campagne pour la présidentielle, l’ex candidat socialiste avait promis qu’il sera de retour à La Réunion. Alors, est-ce une question de jours, de semaines, de mois, d’années ? "On espère qu'il reviendra bientôt. Il y a beaucoup de problèmes à voir ici", souligne Johny Michel, délégué régional Solidaires. Beaucoup de problèmes à voir… sauf imprévu.

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3 Commentaires
kekere
kekere
9 ans

Momo, vous avez tout compris , la France ouvre le robinet et comme elle n'est pas la , pas de sou !!! Mais ne vous inquietez pas si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera demain.
On distribue de l'argent avec en general une contre partie et la je me demande ce que les comores peuvent nous raporter si ce n'est des gens qui passent illegalement nos frontieres et qui nous coutent encore et toujoujours de l'argent. Pendant ce temps, on dit aux francais serrez vous la ceinture

momo
momo
9 ans

bonjour, ce qui m 'intrigue ce que MORONI annule un sommet car un président sur( 8 ...) manque à l'appel . pourtant je suis sur que si cela était le président de Maurice le sommet se serait quand môme tenu. mais nous savons tous que cela n 'est pas a cause de l accident mais juste pour affaire de bailleur de fond pour Moroni., sans hollande les sous attendus ne serait pas tomber. il ne faut pas se voiler la face.

citoyen
citoyen
9 ans

Il y a beaucoup de problèmes à voir ici" qu'il comme a trouver des solutions avant son arrivée
perdre moins de temps a son arrivée