Incendie dans les hauts de Saint-Paul

Maïdo : situation stable mais fragile

  • Publié le 14 octobre 2010 à 18:15

Même si l'incendie continue de faire rage au Piton Maïdo ce jeudi 14 octobre 2010, la situation est stabilisée, notamment dans la zone du Grand bord. En revanche la région située en amont du gîte des Tamarins reste préoccupante, puisque les pompiers doivent empêcher la propagation sur le massif du Bénard. Une mission qui va s'effectuer avec l'aide des soixante militaires de la sécurité civile de Brignoles (Sud de la métropole) arrivés à 12 heures sur le terrain. "L'objectif est de contenir le feu et d'éteindre les derniers foyers", explique le lieutenant colonel Grégory Allione, chef de la mission d'appui de sécurité civile.

Une mission qui sera mise en ?uvre ce vendredi matin à l'aube. "Cet après-midi, les lieux sont trop chauds et il y a trop de vent. On ne peut pas intervenir car nous devons aller au plus proche des foyers", ajoute le lieutenant colonel. "Le matin le vent nous est favorable car il souffle dans le sens des zones qui sont déjà brûlées, donc il n'y a pas de risque que le feu se propage", explique-t-il encore.

Il est clair que la stabilisation est fragile. Si dans la matinée tout semblait calme, dans l'après-midi plusieurs petits foyers ont repris. Mais ils ont été contenus par les pompiers dans les heures qui suivaient.

Le commandant du SDIS (service départemental d'incendie et de secours) annonce quant à lui que "la situation ne sera totalement maîtrisée qu'avec la venue de la pluie". Une pluie qui n'est pas prévue dans les prochains jours. Compte tenu de cette situation, l'opération va durer au moins jusqu'au début de la semaine prochaine, annonce l'officier du SDIS.

Actuellement, 315 personnes se relaient en permanence pour combattre l'incendie. Commandos héliportés et pompiers au sol luttent contre les flammes. Une quarantaine de militaires du RSMA et du 2ème RPIMA sont chargés de creuser des sillons afin d'empêcher la propagation souterraine du feu. 40 agents de l'ONF renforcent le balisage. 20 véhicules et 2 hélicoptères affectés au transport et 4 hélicoptères bombardiers d'eau sont mobilisés. Ces derniers larguent le contenu de leurs citernes toutes les 8 minutes et sont épaulés par des équipes à pied. En parallèle, les pompiers stabilisent les zones qui ont été éteintes. 



Le parc national également sur place chaque jour a fait ses premières constations des dégâts au Piton Maïdo. La végétation éricoïde d'altitude du Piton Maïdo du type fleur jaune, tamarins des hauts sont en danger sur cette zone. "Leur destruction serait une perte importante pour biodiversité car ces sophoraies se différencient au niveau floristique de celles que l'ont peut trouver dans les autres régions de l'île", souligne le Parc Naturel. "On peut également déplorer la destruction par les flammes d'une zone dans laquelle poussait une plante très rare de la famille des composées", ajoute-t-il.

Côté faune, plusieurs espèces rares sont menacées. Les habitats du lézard vert des hauts répartis sur environ 1,5 km le long des remparts du Maïdo ont été touchés à 3 reprises par les flammes. "Les pertes de cette population d'altitude sont estimées pour le moment à 2% des 600 individus", indique le Parc national. Des études indiquent d'ailleurs que cette espèce pourrait être unique au monde.

Les insectes attachés au sophoraies du Maïdo sont menacés par la disparition de leur habitat. Quant aux Pétrels de Barau, qui nichent dans le rempart du Grand Bénard, ils peuvent être des victimes collatérales de cet incendie. "Attirés par la lumière, les Pétrels risquent de se jeter dans les flammes ou de se poser à proximité. Etant dans l'impossibilité de redécoller, ils sont également condamnés", indique un agent du Parc.

Pour rappel Le foyer situé dans les hauts de Trois Bassins, au niveau du gîte des Tamarins, a consumé plus de 80 hectares. Le second foyer, le plus dévastateur, est localisé dans les hauts de Saint-Paul, non loin du sentier de la Glacière. Il a brulé plus de 260 hectares de végétation. La présence de deux départs de feu distincts pourrait accréditer la thèse d'actes volontaires. 





Par ailleurs, le préfet de La Réunion a pris un arrêté interdisant au public l'accès à la forêt des hauts sous le vent (Saint-Paul, Saint-Leu, Trois-Bassins, Avirons) depuis les routes forestières suivantes: Tévelave, Timour, Maïdo, Tamarins, Cryptomérias, Grande Terre et Scierie. Les sentiers permettant d'accéder à ces routes forestières sont également interdits au public.




Julie Fioretti pour

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