On attendait beaucoup du judo réunionnais dans ces jeux des îles de l'Océan indien, il n'aura pas déçu : sept médailles d'or et une d'argent pour huit catégories durant la première journée qui s'est déroulée ce mardi 4 août 2015 au dojo régional de Champ Fleuri à Saint-Denis.
C'est dans une ambiance surchauffée par un public d'exception que les judokas de la sélection sont partis chercher l'or sur les tatamis du dojo régional. Le son du roulér et des kayanm ont boosté les filles dès leur première apparition. Chacune devait gagner son premier combat, les propulsant directement dans les phases finales.
Ce fut ensuite le tour des garçons avec un Matthieu Dafreville qui a ouvert le bal pour le refermer aussitôt avec une victoire expéditive sur son premier challenger. Les autres lourds lancés à sa suite: le jeune Guillaume Rivière (-81kg), le vétéran de la sélection Thierry Grimaud (-90kg) et Matthieu Lagourde (-100kg) lui ont emboité le pas.
Une billetterie encore une fois problématique
La journée s'annonçait pourtant difficile. En dehors des tatamis et autour du Dojo après la nouvelle bourde du COJI qui avait modifié de façon inexpliquée le système de billetterie. Les mécontentements s'étaient manifestés avec virulence dans la soirée du lundi 3 août sur les réseaux sociaux. Prévue pour être ouverte le jour de la compétition, deux heures avant les combats, elle l'a finalement été de façon inopinée et sans avertissement le matin du lundi 3 août. Résultat : plus aucun billet en moins de deux heures. Plus de billets non plus pour les familles des judokas. Il aura fallu faire jouer les téléphones et les réseaux pour que les sportifs puissent finalement bénéficier de billets pour leurs proches. La mairie de Saint-Denis ayant eu vent de l'affaire devait offrir une partie des billets pour les parents des sélectionnés.
Une situation intenable pour le COJI qui, toute la soirée, tentait étrangement par la voix du commissaire des jeux de faire assumer une partie de la responsabilité par la Ligue alors que celle-ci n'a rien à voir dans le processus de distribution des billets. Une tentative d'échappatoire étrange de la part du COJI et de son commissaire, et une dérobade face à ses responsabilités qui n'est pas sans rappeler l'épisode désastreux de la cérémonie d'ouverture. Le président de la ligue de basket avait d'ailleurs appelé au boycott de l'évènement parce que ses joueurs n'avaient pas pu avoir de places pour leurs parents.
La ruée vers l'or
Mais tout cela était déjà oublié après que Matthieu Dafreville eut apporté à 16h30 la première médaille d'or au judo réunionnais, libérant la joie des supporters dans une atmosphère indescriptible, et lançant une série qui semblait ne plus devoir s'arrêter. C'est à la reprise des combats vers 17 heures, alors que les phases finales s'ouvraient que le public du Dojo régional allaient connaitre un de ces moments d'éternité comme il en existe peu. Littéralement en état de grâce, les judokates et judokas de la sélection réunionnaise allaient enchainer les succès, couronnant ainsi des mois d'efforts et de travail sous la houlette de leur coaches Francis "Coco" Séverin et Bernard Chermain, dit Cherminator. Ainsi Anne Dafreville devait rejoindre son frère la première, ovationnée par les gradins et "krazan un maloya du diable" au son des rouler du kop venu soutenir le judo.
Quelques instants après cette victoire Matthieu Dafreville montait sur le podium pour recevoir sa médaille. Toutefois, suite à une décision inexpliquée du CIJ, le matin même, aucun hymne national ne devait être diffusé lors des cérémonies des médailles. Une nouvelle qui laisse interdits les 600 spectateurs présents. On se regarde, on s'interroge. Un flottement, léger. Une hésitation, un frémissement et alors que commençait les premières notes de l'insipide hymne des jeux; comme un seul homme, c'est tout le dojo debout qui se mit à entonner la Marseillaise a capella. Une émotion et une ferveur saisissante. Un frisson parcourt l'assemblée. Un cadeau à son porte drapeau, les larmes aux yeux et la main sur le coeur.
9e médaille d'or pour Thierry Grimaud : palmarès record des jeux
Il n'en fallait pas plus pour galvaniser les autres membres de la sélection. Guillaume Rivière, 19 ans, remporte sa première victoire dans ces Jeux des îles. Marion Lagourde lui emboitait le pas, se jetant dans les bras de son fiancé venu la rejoindre après avoir dévalé les gradins. Mais la coqueluche du public fut certainement Thierry Grimaud qui à 39 ans remportait sa 9 ème médaille aux Jeux des îles et devenait ainsi le judoka le plus titré de toute l'histoire de cette compétition. Effaçant ainsi des tablettes son ami Erick Chavriacouty avec qui il était jusqu'à présent ex-aequo.
Ainsi, il balayait aussi toutes les critiques autour des conditions de sa sélection, tant ses victoires furent nettes. Dans les bras de son vieux complice et coach "Coco" Séverin, c'est rageur qu'il devait brandir un T-shirt à l'effigie de son frère, mis en marge de la sélection pour pratique du MMA - discipline honnie par le Fédération Française de Judo. C'est porté en triomphe par les jeunes du Pôle espoir dont il est le responsable qu'il devait rentrer au vestiaire au milieu d'une foule ne voulant pas le laisser partir. La victoire de la salazienne Maureen Parisot a également conquis le public. Puis ce fut le tour de Matthieu Lagourde, le frère de Marion de laisser littéralement son adversaire au sol sur un moroté seoi nagé d'anthologie, vif et précis comme on le démontrerait dans un cours de judo.
La providence n'a pas souri à Servantès
On attendait la huitième médaille d'or au cou de Marine Servantès, mais la jeune du pôle France de Marseille devait tomber face à plus rude qu'elle, la mauricienne Annabelle Laprovidence. Au terme d'un combat mené jusqu'au bout avec hargne et ténacité, sans jamais rien lâcher, Marine Servantès devait s'incliner aux points à une différence d'un yuko pour un wazari en faveur de son adversaire. C'est donc parée d'argent mais avec la manière qu'elle devait monter sur le podium.
Ce mercredi 5 août, les combats se poursuivent au dojo régional. Cette fois-ci la billetterie sera ouverte à partir de 13 heures au dojo régional de Saint-Denis. Les entrée sont gratuites dans la limite des places disponibles. La Ligue a veillé à ce que le COJI ne modifie plus ces conditions de mise à disposition.
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