Tribune libre d'Observatoire vie politique

Guadeloupe : violence populaire contre violence d'Etat

  • Publié le 27 novembre 2021 à 08:18

Depuis plus d'une semaine la Guadeloupe se réveille, une nouvelle fois. Blocages, manifestations, grève illimitée, situation insurrectionnelle, le point de départ de ces événements : l'obligation vaccinale et le pass sanitaire.

La presse locale, nationale et internationale se gargarise de titres accrocheurs ne dépeignant qu’une seule et même chose : les scènes de VIOLENCE. Alors que nombre d’observateurs s’essaient à expliquer les “causes du mal”, notre conscience locale Réunionnaise subit la double peine : notre comparaison à la révolte antillaise et notre manque de solidarité locale.

Un vativien entre la Réunion et les Antilles qui ne date pas d’aujourd’hui sur ce plan. Mais quelle en est la résultante? Si ce n’est un appesantissement supplémentaire de notre capacité d’Action.

Ce motif finit même par devenir une fatalité qui s’abat du ciel Réunionnais, sur l’insularité-purgatoire de notre sol.

Terlaba : on érige des barrages pour protester contre les mesures liberticides du gouvernement. Aterla : on “se fait” à la vaccination, du moment qu’elle nous permet d’aller faire la queue au nouveau KFC. Aterla, terla, aterlaba... Trois moments d’une dialectique Réunionnaise, trois espaces, trois géographies du Sens, formulés par notre inconscient collectif, mais produits à l’extérieur de nous-mêmes.

Nous cherchons l’aliénation (les dynamiques qui nous rendent étrangers à nous-mêmes) en-dehors; ne la recherchons pas plus loin : elle est sous nos yeux, en-deçà d’un regard - sartrien - scandaleux (celui qui prive de liberté)! Le premier phénomène de violence reliquat d’années d’oppression, d’aliénation, pourrait être ce type de dialectique de la Relation.

Mais parlons quelque peu de violence(s). Il est coutume de qualifier les révoltes, manifestations populaires et dégradations urbaines, comme étant le point culminant d’une certaine violence. Celle que les médias mainstream aiment relayer à la seconde près sur l’ensemble de leur support. Celle que le discours-pouvoir relaie, condamne, incrimine.

Comme les événements récents de Guadeloupe, qualifiés de “faits de violence.” Le discours-pouvoir dispose des moyens (institutionnels, médiatiques, financiers) pour stigmatiser des groupes, une partie de la population. Il finit par établir une ligne dichotomique entre les “insurgés-violents” et les “gardiens de la paix, les forces de l’Ordre.” Pourquoi pas après tout, c’est un mode de traitement qui appartient à l’Etat, qui condense le monopole de la violence dite légitime.

A ce titre, il est de bon aloi de condamner les “faits de violence” d’une population en lutte contre des mesures liberticides, des débordements durant les manifestations (comme l’usage d’armes à feu contre la police). Oui, mais à la seule condition que l’Etat, le discours-pouvoir (médiatique) applique sa propre logique jusqu’au bout.

Que l’Etat et le discours-pouvoir condamnent également les criminels de guerre qu’il accueille sur le sol de la République (La Réunion), en ce moment-même au MOCA de la Réunion, pour le sommet extraordinaire de la COI.

Que la justice républicaine cesse de faire “l’aveugle” quant au sang que ces hommes (le ministre des affaires étrangères comorien) ont sur les mains. Aux Comores, depuis 2019, la dictature d’Azali tire à balles réelles sur sa propre population, fait des prisonniers politiques, détourne l’attention de la communauté internationale.

A Madagascar, la situation de corruption et de famine sont équivalentes, et Rothschild s’invite au Pays comme conseiller financier. Comment condamner d’un côté les “faits de violence” en Guadeloupe, et traiter d’un autre avec des personnages moribonds, pour des intérêts géostratégiques et économiques ?

Cela impliquerait qu’il y a deux définitions de la VIOLENCE dans le logos républicain : celle commise sur le sol de la République Française, et celle commise à l’extérieur ? L’Etat Français refuse une violence rédemptrice lorsqu’elle est exercée par sa propre population opprimée, mais l’invite à l’Elysée (rencontre entre Macron et Azali en 2019) avec sourire, poignée de main, et accord de partenariat économique ?

Deux poids, deux mesures. Deux dictionnaires, deux définitions de la violence. Quel message la République française renvoie t elle à ses concitoyens, par les pratiques de ses dirigeants ?

Ou la République ne ferait elle pas la démonstration pernicieuse de ses intérêts impérialistes sur la Zone Océan Indien, en organisant un tel sommet ce vendredi 26 novembre 2021 ? In fine, quelle typologie de violence est plus dommageable pour les peuples : celle des populations asphyxiées, ou celle symbolique et économique de la puissance d’Etat qui soutient des régimes dictatoriaux contre l’autodétermination des peuples ?

Pour conclure, rappelons nous cet adage d’Engels : “la violence est accoucheuse de l’Histoire.” N’oublions pas que suite aux manifestations de Guadeloupe, le gouvernement a décidé de repousser à la fin de l’année les obligations relatives au pass sanitaire...

L’Etat a force de pratiquer la langue de bois, le double discours, risquerait d’éructer, en indiquant aux populations en lutte, le mode de traitement, de négociation, en un mot comme en cent, le discours à lui tenir quant aux avancées sociales, économiques auxquelles les territoires aspirent.

Observatoire vie politique

guest
2 Commentaires
mékoué
mékoué
2 ans

Bonne analyse de "l'observatoire" de la situation. Analyse mettant parfaitement en évidence les 2 poids et 2 mesures pratiqués selon les besoins de la cause du donneur d'ordre. Pour le reste il y a toujours eu l'opportuniste parasite, tapis dans l'ombre, critiquant au préalable tout, mais se positionnant toujours à la première place pour bénéficier des retombées positives des revendications, menées par d'autre.

Rouvzot zieu
Rouvzot zieu
2 ans

A la réunion, tout le monde devient analiste ou conseiller en politique.Si zot té si bon ke sa , zot noré déjà été élu!!Alé travail vraiment et arrête pollue la toile don!