Un drame aux portes de La Réunion

Pandémie et famine, la double peine de Madagascar

  • Publié le 17 janvier 2021 à 08:07
  • Actualisé le 17 janvier 2021 à 08:11

Alors que monde commence à organiser la riposte face à la Covid-19 avec le lancement de campagnes de vaccination massive, à Madagascar, l'épidémie enregistre ces dernières semaines une recrudescence, faisant craindre le spectre du deuxième vague. Déjà très fragilisée, la Grande Ile doit aussi affronter une famine d'une extrême gravité dans sa région sud, elle-même accentuée par l'épidémie qui fait rage dans tout le pays. Une double peine qui voit l'un des pays les plus pauvres du monde s'enfoncer encore davantage dans une crise humanitaire dramatique (Photo archives rb/www.ipreunion.com)

Les images de la famine à Madagascar font toujours autant froid dans le dos. Depuis nos premiers reportages, début octobre, relatant la gravité de cette famine la situation n’a guère évolué malheureusement. La pluie se fait toujours attendre, et les récoltes sont plus que jamais menacées par cette grave sécheresse qui touche tout le pays depuis 3 années consécutives.

Pour ne rien arranger, l’épidémie de Covid-19 qui touche également Madagascar a eu un impact économique catastrophique renforçant encore la détresse de cette population. Outre le manque d’emplois, les prix de denrées alimentaires de première nécessité telles que l’huile ou le riz ont flambé en 2020, ce qui n’est pas négligeable dans l’un des pays les plus pauvres du monde.

- Rebond épidémique -

Et la situation ne semble pas aller en s’améliorant puisque la Grande Ile enregistre ces derniers jours une augmentation du nombre de cas de Covid-19. Selon Madagascar Tribune, il a été recensé 234 nouveaux cas et 5 décès supplémentaires entre 2 et 8 janvier 2021, faisant craindre une seconde vague, et ce, alors que le variant sud-africain fait trembler le monde entier et tout particulièrement les îles voisines de l’océan Indien.

Dans le sud de Madagascar, il faut composer avec cette double peine. Affronter le virus, respecter les restrictions sanitaires, et tenter de survivre face à cette sécheresse qui n’en finit plus.

- 1,35 million de Malgaches menacés par la faim -

Selon de nombreux spécialistes, cette sécheresse risque très probablement de se poursuivre en 2021, mettant en danger les habitants de cette région. Le Programme alimentaire mondial (Pam), qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2020, estime que près de 1,35 million de personnes qui se trouver rapidement "en situation d’insécurité alimentaire, soit 35% de la population de la région".

Le public le plus menacé est bien évidemment les enfants. Selon le programme alimentaire mondial, 10,7 % des enfants de moins de 5 ans souffriraient de malnutrition aiguë dans les régions les plus touchées. Selon les projections de l’organisme intergouvernemental, le nombre d'enfants susceptibles de souffrir de malnutrition aiguë est de plus de 135 000, dont plus de 27 000 sont classés sous des formes graves.

- Exode -

Face à cette situation, la migration climatique ne cesse de s’accentuer. La population des régions touchées tente de fuir vers le nord du pays, comme le rappelle Madagascar Tribune dans un récent article.

"Face à ce phénomène, le gouvernement a décidé de mettre en place un comité interministériel pour soutenir les migrants. Un suivi et une assistance pour les migrants dans les endroits qu’ils ont choisis pour s’y installer, notamment dans le Nord ou dans la région de Bongolava, sont ainsi prévus", peut-on lire encore.

- Peu d'aide internationale -

Quant à la solidarité internationale, elle s’organise tant bien que mal, le monde entier devant lui aussi affronter l’épidémie de Covid-19. A La Réunion, plusieurs acteurs locaux se sont mobilisés afin de procéder à des récoltes de fonds et de denrées alimentaires afin de les envoyer vers les régions les plus impactées par la famine.

Lire aussi : Famine à Madagascar : la solidarité s'organise à La Réunion

Le Programme alimentaire mondial fournit pour sa part une aide alimentaire à près de 500 000 personnes souffrant d’une grave insécurité alimentaire, dans les neuf districts les plus touchés du Sud. L’organisme souhaite un véritable sursaut de la solidarité internationale. Sur la base des derniers chiffres, l’agence onusienne annonce qu’elle a besoin de 35 millions de dollars pour assurer l’assistance humanitaire aux personnes vulnérables, soit près de 900 000 Malgaches, une goutte d’eau, ô combien nécessaire, en espérant le retour salvateur des pluies.

vc/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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