Île aux Cocos (Rodrigues)

Le royaume des oiseaux

  • Publié le 22 novembre 2008 à 00:00

Le mandarin n'est pas content. Il est même très en colère. Des inconnus rôdent à côté de sa maison et il a horreur de ça. Surtout que les intrus grands comme des gratte-ciel semblent bien patauds sur leurs deux pattes. Il ne faudrait pas qu'ils aillent écraser son nid où trois ?ufs sont douillettement posés

Alors le bec en bataille, le yéyé crie et bat des ailes autour de la tête des intrus. D'autres fous de bassan, le nom français de ces oiseaux, attirés par le bruit et craignant eux aussi pour leur nid viennent lui prêter main-forte.
Les intrus ont compris. Ils n'insistent pas et s'éloignent des nids. Un instant dérangés les mandarins retournent à leurs occupations après un dernier regard courroucé aux inconnus. "Il ne faut pas faire de grands gestes pour les chasser. Les oiseaux se calment d'eux-mêmes lorsqu'ils comprennent que l'on ne vient pas s'attaquer à leurs nids" commente Toto l'un des guides dûment agrée. pour faire visiter le "domaine" de ces oiseaux marins. En face de lui, une mer paresseuse et bleue à souhait déroule ses vaguelettes sur une plage de sable blanc

Ils sont chez eux

Bienvenue à l'île aux cocos, paradis personnel de plusieurs espèces d'oiseaux protégés par les conventions internationales sur la protection de la faune et de la flore. L'îlot affleure des eaux au Nord de Rodrigues, la plus petite des îles des Mascareignes, à 600 km de Maurice dont elle dépend administrativement. L'île aux cocos, un kilomètre et demi de long sur 250 mètres de large, est classée réserve naturelle d'oiseaux depuis quelques années. Des sternes, surnommés yéyés par les Rodriguais à cause de leurs cris, des macouacs et les malens, deux espèces de fous de bassan, les mandarins dit-on à Rodrigues, des frégates et des oiseaux de la Vierge (zoizo la Vierge) y ont élu domicile. Certains définitivement, d'autres vont et viennent au gré des migrations saisonnières. Ils se régalent de calamars (zourit en créole rodriguais) et de poissons pêchés dans le lagon. Cocotiers, filaos et épineux leur servent de perchoirs et de supports pour leurs nids.
Les oiseaux vivent là en toute quiétude. Ils se savent chez eux. Bien protégés par une réglementation stricte mise en place par les autorités rodriguaises. Trois gardiens sont présents en permanence sur le site pour veiller à son application.

En équilibre sur une branche

Pour que les "habitants" ne soient pas trop perturbés, il est formellement interdit de se rendre sur l'îlot - situé à une heure de bateau de Rodrigues -, sans autorisation. Des visites sont quotidiennement organisées sous la surveillance de guides agrées par la direction rodriguaise de la protection de l'environnement. Ils connaissent l'île aux cocos par c?ur. Ils permettent aux visiteurs d'approcher les oiseaux au plus près en évitant toute atteinte à l'habitat des légitimes occupants.
Une nécessité, certaines espèces pondent et couvent à même le sol. D'autres, comme le magnifique oiseau de la Vierge à l'immaculé plumage, font même dans la ponte acrobatique. Ils déposent délicatement leur ?uf sur une branche fourchue et le couvent en équilibre. Un envol trop brusque provoqué par une intrusion intempestive par exemple peut donc provoquer le pire, la chute de l'?uf en l'occurrence. Raison pour laquelle les visiteurs ont l'obligation de régler leurs pas sur ceux des guides.
Une dernière précaution a été prise. Un tiers de l'île est totalement interdit au public même avec un guide. Même interdiction totale pour l'île aux sables, voisine de l'île aux cocos et abritant comme elle des milliers d'oiseaux marins. Autour des deux îlots n'est pas autorisée afin de préserver les ressources alimentaires des mandarins, des yéyés et des autres.
Ici est l'Homme est toléré, il n'est pas maître des lieux.
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