Saint-Denis - Maison d'arrêt

Le temps s'est arrêté à Juliette Dodu

  • Publié le 3 octobre 2010 à 08:00

En plein centre-ville de Saint-Denis, dans l'ancienne maison d'arrêt Juliette Dodu, le temps s'est arrêté. Les lieux sont figés. Comme si les prisonniers venaient de quitter les lieux. Les marques d'une ancienne vie sont bien présentes. A tel point qu'il reste encore des dossiers, des écritures sur le tableau de la cantine. Même le règlement intérieur est encore accroché au mur. Au mitard, la pièce noire est intacte. Les objets restant donnent la sensation qu'ils viennent d'être utilisés. Tables, chaises et bouteilles d'eau n'ont pas bougé. Elles sont juste un peu salies par le temps qui passe.

Des couloirs larges d'un mètre cinquante, appelés cellules, gardent encore les traces du passage de leurs occupants. "La zol, c'est ma maison", "bad boy le port", "rasta man", graffitis et messages du genre sont toujours présents. Aux barreaux des fenêtres, des morceaux de tissus sont accrochés. On peut supposer qu'ils servaient à communiquer avec le voisin d'à côté.

Une prison surpeuplée, pas étonnant. Les dortoirs, équipés de 11 lits superposés, pouvaient accueillir jusqu'à 22 occupants. Une pièce décrépie. Des lits dont même la ferraille a été usée par le temps.

L'extérieur n'est pas plus glorieux. Surplombées par des miradors et entourées de barbelés qui vous cisaillent la peau, deux cours. Côté rue, la cour est recouverte d'un filet pour éviter que les détenus ne reçoivent des colis venus de l'extérieur. L'autre cour, une sorte de terrain équipé de paniers de basket et d'un préau, ressemble plus à une cour d'école. Mais en levant la tête, la réalité vous rattrape.

Tous ces objets et ces traces du passé laissent imaginer des instants de vie que pouvaient bien avoir les détenus. Dans chaque pièce, une image. L'image de prisonniers condamnés à vivre ici, le temps de leur peine, dans des lieux souvent insalubres.

Crée au début du 18ème siècle, la maison d'arrêt s'appelait par le passé la "geôle" de Saint-Denis. La prison a été agrandie à plusieurs reprises pour faire face à la surpopulation carcérale. "En 1847 déjà, la commission de réflexion sur la réforme des prisons, dresse, non sans amertume, un piteux tableau de la "geôle" de Saint-Denis : "La même prison sert à la fois de maison de police municipale, de lieu de sûreté et de dépôt, de maison d'arrêt et de justice, de prison pour dette, et enfin de maison de travaux forcés, de réclusion, et d'emprisonnement. Tous les genres de prisonniers y sont retenus en même temps. Hommes et femmes, les mêmes portes s'ouvrent pour les recevoir et se referment sur tous"", écrit Bruno Maillard, dans "Carcer sous les tropiques. La prison pénale à l'île Bourbon sous la Monarchie de Juillet".

Il y a deux ans, l'ancienne maison d'arrêt Juliette Dodu a été vidée de ses occupants, environ 300. Les prisonniers ont été transférés à la prison de Domenjod. "La honte de la République (*)" n'est plus. L'ex établissement pénitentiaire attend d'être réhabilité et d'être affecté à d'autres fonctions.

Julie Fioretti pour

(*) La prison de la rue Juliette Dodu avait été qualifiée il y a quelques années de "honte de la République" par des parlementaires membres d'une commission d'enquête sur les conditions de détention.
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1 Commentaires
Rammad
Rammad
9 ans

je suis de la metropole est j ai habité 2 ans a sainte Suzanne de 2002 a 2004 j ai passé 6 mois a juliette dodu et c est que maintenant 10ans apres que je vois c est foto j en garde un souvenir effroyable .
j ai 34 ans .quand je suis tomber la dans javé meme accepter l idee que je pouvais mourir ici la preuve j avais prévenus personne de ma famille pourtant on est 11 avec les parent c vous dire le choc