Sentier botanique de La Providence

Une forêt entre ville et montagne

  • Publié le 10 janvier 2011 à 06:00

Aux portes de Saint-Denis, le sentier botanique prend son départ dans la forêt de La Providence. 2,7 kilomètres à pieds plus tard et 200 mètres plus haut se trouve le village du Brûlé. Le long de cette boucle de 2 heures, chocas verts, papillons ornent le chemin. Les onze stations du sentier d'interprétation de l'Onf (office national de la forêt) invitent à s'intéresser à la richesse naturelle de la forêt mais aussi à ses fragilités, comme l'érosion ou l'urbanisation, ou encore à son histoire et son utilisation. Certains promeneurs s'attendrissent sur chaque espèce animale et végétale puis s'arrêtent au kiosque, situé à 15 minutes de marche du départ. Les plus sportifs bouclent le tour en une trentaine de minutes, appréciant la proximité de ce bout de nature dans la ville. Pour tous, des vues plongeantes sur Saint-Denis s'offrent depuis cette forêt perchée entre ville et montagne, avec comme horizon, l'océan.

La forêt de La Providence s'étend sur 165 hectares sur la côte Nord. Elle se caractérise par sa richesse naturelle particulière mais aussi par les phénomènes qui la menacent comme l'érosion, les espèces exotiques envahissantes, ou encore l'urbanisation grandissante.

Le premier panneau invite ainsi à regarder le phénomène d'érosion dû à la forte pente qui favorise le ravinement intensif, appauvrit ces zones en éléments nutritifs et limite ainsi fortement la croissance des végétaux. Les zones de fond profitent par contre de ce phénomène car les éléments emportés par l'eau se stockent à leurs niveaux et enrichissent alors le sol.

Au milieu des blocs basaltiques parsemés, c'est aussi au départ du sentier que l'on trouve des vestiges de la forêt primitive, comme le bois de gaulette, le bois d'olive et le tamarin des bas. Parmi les espèces endémiques, c'est-à-dire présentes exclusivement à La Réunion, figure le papillon "Papillo Phorbanta", une des 32 espèces de papillon diurne de l'île.

L'insecte fait parti des espèces menacées par les végétaux et animaux exotiques dits "envahissants". L'escargot de l'Achatine, séduisant par sa jolie coquille, est en fait une de ces pestes animales. Chez les végétaux, la liane papillon envahit l'espace de part et d'autre du sentier. Cette espèce est d'ailleurs répertoriée comme la seconde plus envahissante au niveau mondial.

En s'élevant si rapidement au-dessus de Saint-Denis, les vues sur le chef-lieu révèlent combien la ville gagne du terrain sur la montagne et la forêt. C'est pourtant grâce à cette forêt que les hommes ont pu s'installer sur l'île au début du 17ème siècle. Après des décennies d'exploitation intensive, la forêt est aujourd'hui "cultivée", pour produire le bois nécessaire aux besoins de la population. Le benjouin, bois rouge et natte fournissent un bois de qualité, tandis que les cryptomérias et eucalyptus sont recherchés pour leur croissance rapide.

Parmi les espèces aux multiples utilisations historiques et actuelles, une des stations du sentier, pointe l'exemple du choca vert. L'espèce a été introduite et cultivée à La Réunion pour la production de cordage grâce aux fibres de sa feuille. Les feuilles servaient à la confection de parois ou de toitures de cases sommaires. Aujourd'hui, l'utilité du choca relève principalement de sa capacité à ralentir la progression du feu, et à lutter contre l'érosion en maintenant le sol.

Dit "poumon vert de Saint-Denis", le sentier de La Providence au Brûlé s'apprécie tel quel, comme oasis de verdure au milieu du béton de la ville. Mais bien au-delà de l'étude des végétaux, le sentier botanique de La Providence invite à regarder la dynamique et la gestion de cette forêt historiquement si proche des hommes.

Pour plus d'informations : http://www.onf.fr Rubrique: Trouver une sortie - La Réunion

Marie Trouvé pour

Source : Guide Onf du sentier d'interprétation de La Providence.
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