Grève dans l'Éducation nationale et visite de Gilles de Robien

Chahut pour un ministre

  • Publié le 17 avril 2003 à 00:00

Gilles de Robien, ministre de l'Équipement, des transports, du logement du tourisme et de la mer, est arrivé à La Réunion très tôt ce mercredi 16 avril 2003. Des centaines de grévistes de l'Éducation nationale l'ont hué tout au long de la journée

La visite officielle de Gilles de Robien a commencé dans une ambiance littéralement surréaliste. Arrivé dans l'île à l'aube, le ministre s'est rendu à 9 heures à la direction de l'Équipement (DDE) rue Juliette Dodu à Saint-Denis. Sur place entre 3 et 400 grévistes de l'Éducation nationale l'attendaient sous la pluie. Comme ils le font depuis 9 jours, les grévistes protestaient, notamment, contre le projet qui, dans le cadre de la décentralisation, prévoit le transfert du personnel non - enseignant de la fonction publique d'État à la fonction publique territoriale.
Le convoi officiel a été copieusement hué. "Certes, M. de Robien n'est pas le ministre de l'Éducation nationale, mais c'est un représentant du gouvernement Raffarin, et puis il pourra dire à son collègue Luc Ferry (ministre de l'Éducation nationale - ndlr) à quel point nous sommes mobilisés" notait un manifestant.
Alors qu'à l'extérieur, les manifestants continuaient à scander "Raffarin si tu savais ta réforme où on se la met", Michel le Bloas, directeur de la DDE, faisait visiter au ministre le centre d'information et de gestion du trafic (CIGT) chargé, notamment, de surveiller la circulation sur la route du littoral.

Séga sur séga

Mais le c?ur n'y était visiblement pas. Cela même si dans la cour, un orchestre composé d'agents de la DDE enchaînaient séga sur séga (musique traditionnelle réunionnaise) pour essayer de couvrir les cris des manifestants.
À la fin de la visite du CIGT, Gilles de Robien allait saluer les salariés et les invités de la DDE. Dans un bref entretien avec le délégué syndical CGTR qui lui faisait part de ses inquiétudes quant à "un démantèlement du service public", le ministre disait "il ne faut pas avoir peur de la décentralisation. C'est une bonne chose pour nos enfants, mais rassurez-vous l'État continuera à assumer ses missions de tutelle, de solidarité et de cohérence des ensembles".
"La DDE avec nous" criaient les manifestants au même moment. Deux agents, puis 5 puis des groupes entiers sortaient alors de la cour. Certains emportaient les plateaux de petits-fours prévus pour le cocktail final. Dès lors, la visite sombrait dans une certaine confusion. Gilles de Robien était visiblement pressé d'en finir. Prévue pour durer jusqu'à 11 heures, la visite s'est terminée à 10 heures 55.
Le convoi officiel a une nouvelle fois été hué à son départ pour la préfecture. Aussitôt le dispositif de sécurité levé, les manifestants sont entrés dans la cour et se sont mis à danser au son de l'orchestre qui, imperturbable à continuer à jouer.

"Attitude scandaleuse"

Les grévistes se sont ensuite rendus au siège de RFO en criant "libérez l'information". Pendant ce temps Gilles de Robien a reçu une délégation de l'intersyndicale en préfecture. La rencontre a duré moins d'une demie heure et elle a eu le don d'agacer les syndicalistes. "Le ministre nous a dit qu'il n'y avait plus à revenir sur le projet de réforme. Il nous dit aussi que le ministre de l'Éducation nationale viendra prochainement à La Réunion pour nous expliquer cette réforme que nous n'avons soi-disant pas bien compris. Il s'agit là d'une attitude scandaleuse" protestait Vincent Cellier de la FSU. L'intersyndicale confirmait ensuite que la grève était reconduite "au moins jusqu'à mardi". Les manifestants se dispersaient peu après.
Quant à Gilles de Robien, prenait la direction d'Hell Bourg en début d'après-midi pour une réunion sur la desserte aérienne avec les différentes compagnies aériennes et les opérateurs du tourisme.
En fin d'après-midi, le ministre des Transports se rendait à la mairie de Saint-Denis. Le député-maire de la ville, René-Paul Victoria, lui a présenté les grands projets d'aménagement de sa commune. Une trentaine de manifestants ont une nouvelle fois hué le représentant du gouvernement.
Lequel risque de vivre une nouvelle journée chaude ce jeudi. Les grévistes de l'Éducation nationale ont prévu de manifester devant la mairie de Saint-Louis où Gilles de Robien se trouvera à partir de 8 heures 30.
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