Grève dans l'Éducation nationale

La manifestation dégénère

  • Publié le 19 mai 2003 à 00:00

La grève des personnels de l'Éducation nationale s'est nettement durcie ce jeudi 19 mai 2003. La manifestation qui a réuni plus de 12 000 personnes (20 000 selon les organisateurs, 7 500 selon la police) a dégénéré en milieu de journée. Les locaux de la chambre de commerce et d'industrie ont été occupés par les grévistes et des affrontements ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre. Six personnes ont été interpellées

Les différentes coordinations de grévistes n'avaient pas caché leur intention de durcir le mouvement que les mobilise depuis le 7 avril contre la réforme des retraites et le transfert des personnels non enseignants de l'Éducation nationale à collectivités. La menace s'est concrétisée lundi matin lorsqu'à l'évidence les dirigeants syndicaux de l'intersyndicale (CGTR, FO, FSU, SGEN-CFDT, UNSA), ont été débordés par leur base.
Dès le début de la manifestation à l'ancienne gare routière, des manifestants commençaient à bloquer la circulation refusant d'obtempérer aux injonctions des syndicalistes qui leur demandaient de laisser passer les voitures. "Les syndicats disent ce qu'ils veulent, nous nous faisons ce que nous voulons" lançaient certains grévistes. Le ton était donné. L'itinéraire initialement prévu par les syndicats devait emprunter le boulevard Lancastel, le boulevard de l'Océan, la rue Maréchal Leclerc, la rue Jean-Chatel et se terminer devant la préfecture.

Les dirigeants syndicaux esseulés

Les manifestants en ont décidé autrement. Du coup, à leur arrivée rue Jean Chatel en milieu de journée, les dirigeants syndicaux se sont retrouvés tout seuls, le reste de la manifestation avait bifurqué dans la rue Pasteur pour manifester devant la mairie de Saint-Denis. Les syndicalistes ont alors remonté la rue en courant pour essayer de reprendre la tête de la manifestation. Dès lors plus rien n'était prévisible.
Le défilé se scindait en plusieurs groupes de plusieurs centaines de personnes chacun. Des manifestants barraient la rue de Paris au niveau de la mairie, d'autres se regroupaient devant RFO ou devant la préfecture et surtout des centaines de personnes pénétraient dans les locaux de la chambre de commerce et d'industrie de La Réunion (CCIR). Elles y resteront jusqu'en fin d'après-midi. Il a fallu l'intervention musclée de la police pour les déloger. Plusieurs manifestants refusaient de quitter les lieux et c'est sans ménagement que les policiers les ont portés jusqu'à l'extérieur. six personnes étaient interpellées. Dans le même temps, d'autres policiers chargeaient les manifestants regroupés aux abords de la chambre consulaire. Quelques échanges de grenades lacrymogènes, de galets et de bouteilles pleines d'eau ont eu lieu entre les deux camps dans la rue mais également dans les jardins de la CCIR.

Manifestation devant le commissariat

Le face à face a duré plus d'une heure. Le gros des manifestants quittait ensuite les lieux. Mais apprenant que les personnes interpellées avaient été conduites au commissariat central, rue Malartic, 200 personnes décidaient d'aller manifester sur place pour réclamer leur libération. Un imposant cordon de gendarmes et de policiers les attendaient et les chargeaient peu de temps après.
Ce n'est qu'en début de soirée que la tension a commencé à retomber. Reste à savoir pour combien de temps. Le collectif emploi en danger (regroupant les emplois-jeunes) a appelé à la manifestation pour ce mercredi 21 mai à Saint-Denis. Il a demandé et obtenu le soutien de l'intersyndicale qui de son côté a d'ores et déjà appelé à une nouvelle manifestation du public et du privé pour le dimanche 25 mai. Quant aux établissements scolaires, ils devraient rester fermer en majorité ce mardi.
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