Protestation contre le projet de loi Fillon

Des milliers de lycéens dans les rues

  • Publié le 15 février 2005 à 00:00

5 000 lycéens ont manifesté dans les rues de Saint-Denis ce mardi 15 février 2005 pour réclamer "le retrait pur et simple" du projet de loi Fillon. Plusieurs centaines de jeunes ont également manifesté à Saint-Benoît et à Saint-Pierre. Le recteur, Christian Merlin, a reçu une délégation de grévistes. Il a estimé que "les lycéens restent sceptiques" sur la volonté de François Fillon de retirer toute réforme concernant le bac

"Fillon, ta réforme on en veut pas". "Non au bac cocotier". "pas de contrôle continu". "Pas de bac au rabais". "Fillon, fuyons". Les milliers de lycéens qui se sont regroupés pour manifester à Saint-Denis, Saint-Benoît et Saint-Pierre, ont rivalisé d'imagination pour dire tout le mal qu'ils pensent du projet de loi de François Fillon, ministre de l'Éducation nationale, sur la réforme de l'enseignement. La manifestation a eu lieu alors que débute à l'Assemblée nationale les discussions sur le projet de loi. Selon le rectorat "entre 60 et 70%" des lycéens de toute La Réunion ont suivi le mouvement de grève. Il s'agit de la plus importante mobilisation lycéenne de l'île depuis les manifestations d'avril et mai 2002 (avant le second tour de la présidentielle de 2002) contre l'extrême droite et Jean-Marie Le Pen
Sous une pluie parfois battante, des lycéens de la Possession, du Port et de Saint-André sont venus manifester avec leurs camarades à Saint-Denis. En début de matinée, ils étaient 5 000 à se presser devant les grilles du rectorat.

Drapeau replié

L'ambiance est joyeuse. On chante, on danse, on conspue François Fillon et... quelques membres d'un syndicat d'enseignants qui veulent hisser un drapeau de leur organisation syndicale au-dessus d'un camion sono. "C'est notre manif, ne venez pas faire de récupération" demande un groupe de manifestants aux syndicalistes. Le drapeau est vite replié et les choses rentrent dans l'ordre.
Ce sont surtout la suppression des TPE (travaux pratiques encadrés) et les changements proposés pour le bac qui inquiètent les jeunes. Le projet de loi prévoit en effet d'introduire notamment une part de contrôle continue pour l'obtention du baccalauréat. Les notes obtenues tout au long de l'année seraient ainsi prises en compte.

"Dénationalisation"

Les lycéens craignent que cette "dénationalisation" de l'examen - sésame pour l'entrée à l'université -, soit synonyme de "bac au rabais" ou "à la tête du client, selon que le prof s'entende bien ou pas avec l'élève". À la suite des nombreuses manifestations des jours derniers en métropole, François Fillon a affirmé en fin de semaine que "les réformes ne se feraient pas contre les lycées". Ce qui a fait dire mardi à Christian Merlin que "le ministre a retiré toutes les réformes concernant le bac". Dominique Lucas, secrétaire académique du SNES (syndicat d'enseignants qui a appelé à la grève) n'a pas du tout la même analyse. "En l'espace de quelques jours, M. Fillon a dit tout et son contraire. Il a dit qu'il retirait son projet, puis qu'il le maintenait, qu'il le retirait de nouveau mais que la réforme est quant même bonne... Il lui faut maintenant adopter une position sans équivoque et dire clairement qu'il retire purement et simplement le projet, tout le projet et pas seulement la partie concernant le bac" soulignait Dominique Lucas devant les grilles du rectorat. Il faisait notamment allusion aux menaces de suppressions pesant sur le maintien et la valorisation de certaines options.

Sceptiques

À 11 heures 15, une délégation de 17 lycéens étaient reçus par Christian Merlin. L'entretien a duré deux bonnes heures. "Le recteur nous a écouté. Il nous a dit que le ministre avait retiré son projet de réforme sur le bac, mais nous restons mobilisés et il n'est pas exclu que l'on manifeste pour la venue de Madame Girardin vendredi" commentait l'issue de la rencontre un lycéen de terminal.
"J'ai fait de la pédagogie sur le projet de loi. Je leur ai dit que les réformes concernant le bac ont été retirées et que toute façon elles n'étaient en aucun cas synonyme de dévalorisation de cet examen. Je leur ai également expliqué qu'aucune menace ne pesait sur la pratique de l'EPS et de certaines options. J'ai fait le maximum pour les rassurer, mais j'ai bien senti leur scepticisme. Je ne les ai pas convaincus, loin s'en faut. Je ne suis pas sûr d'avoir été entendu" notait pour sa part Christian Merlin. "Ils ont peur d'un passage en force du ministre pour imposer son projet de loi" ajoutait le recteur.
Les derniers manifestants ont quitté les abords du rectorat vers 14 heures. Un prochain épisode de mobilisation pourrait donc avoir lieu ce vendredi 18 février lors de l'arrivée dans l'île de Brigitte Girardin, ministre de l'outremer.
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