Immigration

Mayotte: le rejet des "sans papiers"

  • Publié le 10 novembre 2005 à 00:00

Entretenu si ce n'est initié par la droite locale, un fort climat anjouanais "sans papiers" se développe à Mayotte où 34% de la population serait en situation irrégulière. Les manifestations anti Anjouanais se multiplient. Ils sont pris à partie et font l'objet d'injures racistes. Leurs maisons sont parfois saccagées et leurs étals de marchés brûlés. Les Mahorais les accusent d'occuper leurs emplois et d'augmenter la délinquance. Chronique d'un drame annoncé

Seule île de l'archipel des Comores (Océan indien) à avoir choisi - par référendum -, de rester française en 1974 alors que les trois autres îles (la Grande Comores, Mohéli et Anjouan) accédaient à l'indépendance, Mayotte connaît un flux important d'immigration clandestine.
Même si la plupart des minima sociaux ne sont pas versés (le RMI n'existe pas et les allocations familiales sont plafonnées à un maximum de 77,37 euros pour 3 enfants) et que le salaire minimum est inférieur de moitié à celui de la Métropole et des DOM (647 euros brut par mois), la collectivité départementale fait figure de terre promise dans son proche environnement géographie. Le niveau de vie y est 5 fois plus élevé que dans le reste de l'archipel comorien. L'Union des Comores est en effet l'un des pays les plus pauvres au monde)
Alors les Anjouanais (Anjouan est à 70 kilomètres de Mayotte) et dans une mesure bien moindre les Grands Comoriens arrivent en masse sur l'île aux parfums. Ils gonflent ainsi sa population, participant à la pression démographique - 65% des 7 500 naissances annuelles sont issues de femmes en situation irrégulière - , et affolent les élus locaux inquiets quant à un possible tarissement des transferts publics (380 millions d'euros par an).

34% d'étrangers en situation irrégulière

Les immigrants sans papier viennent à Mayotte, pour travailler et pour se faire soigner, c'est notamment le cas des femmes enceintes (par manque de moyens, le système sanitaire comorien est très peu performant). Peu retournent à Anjouan après les soins et l'accouchement. Une étude menée par l'INSEE en 2002, relève ainsi que sur les 160 000 habitants de l'île plus d'un tiers ont déclaré être de nationalité étrangère. Un rapprochement avec les cartes de séjours dûment délivrées par la préfecture a établi que 34% de ces 160 000 habitants étaient en situation irrégulière.
Mayotte manquant de main d'?uvre, les Anjouanais sans papiers sont employés par les Mahorais pour des travaux aux champs, dans le BTP et les services (les taxis notamment). Paradoxalement, ces mêmes Mahorais estiment qu'il y a un trop plein d'immigration.

Des milliers d'expulsions

Ce sentiment est repris et entretenu par une bonne partie de la classe politique mahoraise (majoritairement à droite). Souvent avec des déclarations xénophobes à l'encontre des immigrants en situation irrégulière, ces élus demandent à l'État français de faire preuve de plus de fermeté vis-à-vis des "sans papiers". Lequel État expulse déjà tous les ans des milliers de "sans papiers".
Plusieurs manifestations anti Anjouanaises ont eu lieu ces dernières semaines. Des ressortissants comoriens ont été agressés et leurs maisons saccagées.
À Anjouan, qui en 1997 a demandé officiellement, sans l'obtenir, son rattachement à la France, la situation actuelle est mal. Un sentiment anti mahorais commence à poindre. La France est accusée de rester sans réaction face à l'escalade raciste contre les Anjouanais. Les autorités de cette île comorienne déplorent que l'État français n'aide pas plus leur pays à se développer et à ainsi fixer sa population.
Ces mêmes autorités doivent aussi faire face au flux des immigrants sans papier qui, par crainte d'être agressés à Mayotte, reviennent en masse volontairement dans leur île d'origine tout en sachant que cette dernière n'est pas en mesure de leur fournir un emploi.
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1 Commentaires
Djaouna
Djaouna
6 ans

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