Épidémie de chikungunya

Déclaration de guerre contre le moustique

  • Publié le 3 février 2006 à 00:00

Renforcement des brigades anti-moustiques et des personnels hospitaliers. Grand nettoyage de l'île, amendes contre les particuliers qui ne nettoieraient pas leur cour. Projet de distribution gratuite aux plus démunis de produits anti-insectes. Lancement de programme de recherche. Cette fois la guerre totale contre l'aedes albopictus, seul vecteur du chikungunya, est véritablement déclenchée. Selon les chiffres de ce jeudi 2 février 2006, plus de 50 000 personnes ont déjà été contaminées par la maladie

De passage à La Réunion en début de semaine, le ministre de la santé Xavier Bertrand avait reconnu qu'il y avait eu un manque évident de coordination et de communication dans le suivi de l'épidémie de chikungunya par les pouvoirs publics. Les choses ont été réajustées ce jeudi 2 février. L'ensemble du plan de lutte renforcée contre la maladie a été rendu public par le préfet en présence de tous les partenaires de la santé publique.

20 morts

La même transparence a été observée concernant la situation de l'épidémie. Responsable de la cellule interrégionale épidémiologique (CIRE) le docteur Philippe Renault a ainsi noté que plus de 50 000 personnes, "dont 45 000 depuis la mi-décembre", ont été contaminées. Il a confirmé que 20 malades "souffrant déjà de pathologies graves, tel le diabète" sont décédés après avoir contracté le chikungunya qui a "déstabilisé leur état pathologique". Sur ces 20 cas, un fait l'objet d'une expertise médico-légale afin de déterminer avec précision les causes du décès. À noter que la DRASS (direction régionale des affaires sanitaires et sociales) a demandé aux médecins libéraux de lui transmettre tous les jours, et non plus une fois par semaine, les certificats de décès. Cela afin de déterminer au plus vite une quelconque évolution de la mortalité suite à la maladie.

Renforts hospitaliers

Antoine Perrin, direction de l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH) a noté que les services des urgences des différents hôpitaux de l'île recevaient quotidiennement une moyenne de 100 malades atteints par le virus. Ce jeudi, 150 patients étaient hospitalisés. À l'exception de quelques rares zones des Hauts toutes les régions de l'île sont désormais touchées par la maladie. La situation tendrait à se stabiliser dans l'Est le Nord et le Sud, l'Ouest par contre semble connaître une progression des cas.
Antoine Perrin a précisé que le système hospitalier de l'île "est en mesure de faire face" à l'affluence des malades et que le problème se pose surtout "au niveau de l'absentéisme des personnels hospitaliers" pour cause de chikungunya. Il a annoncé l'arrivée de nouveaux médecins et infirmiers en provenance de métropole. Ils sont affectés dans les différents hôpitaux.
La lutte contre la maladie devant aussi se penser sur le long terme, des programmes de recherche - ayant déjà obtenus de l'État des garanties de financement-, vont être lancés localement. Dans l'immédiat, un système amélioré d'échange d'information entre les médecins hospitaliers et libéraux va être mis en place afin d'établir un guide thérapeutique.

Amendes sévères

Concernant la lutte contre les moustiques, le préfet Laurent Cayrel a annoncé qu'au 13 février prochain, 1 500 agents de démoustication (militaires et civils) seront déployés sur le terrain. Actuellement, ils sont déjà 800 à lutter contre l'aedes albopictus par le biais de campagnes de démoustication menée dans les ravines, les rues, les établissements et lieux publics ainsi que chez les particuliers. "Mais il est certain que nous ne pourrons pas gagner la bataille si les habitant eux-mêmes ne se mobilisent pas pour éradiquer les gîtes larvaires pouvant se trouver chez eux" disait le préfet.
À ce propos Franck Olivier Lachaud, secrétaire général de la préfecture, a annoncé que les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie allaient renforcer ceux de la police municipale pour verbaliser les particuliers qui ne nettoieraient pas leurs cours. Ces personnes risqueront alors d'être condamnées à de lourdes amendes "puisqu'elles auront porté atteintes à la santé publique" commente Franck Olivier Lachaud. Dans le même temps, une grande opération "coup de balai" sera lancée dans toutes l'île. D'ici le 25 février, l'État, les communautés de communes, les conseil général et régional devront être venus à bout des 250 décharges sauvages de l'île. Le coût de l'opération est évalué à 3 millions d'euros (dont 500 000 euros à la charge de l'État).

Serpentins gratuits

Un volet du plan anti-chikungunya est réservé aux plus fragiles et aux plus démunis. Laurent Cayrel a soumis à l'État un projet visant à donner gratuitement des sprays et serpentins anti-moustiques aux personnes âgées relevant du minimum vieillesse. Grâce à un réseau de veille incluant notamment les infirmiers libéraux et les kinés intervenants à domicile une attention particulière sera apportée aux personnes âgées vivant seules. Des patrouilles du type SAMU sociale seront également organisées pour éviter que des sans abris atteints par le virus ne reçoivent pas de soins. Enfin, la maladie ayant un impact direct sur le fonctionnement des entreprises, des moratoires et des étalements de paiement de charges fiscales et sociales pourront être accordées par les services fiscaux.
Une ombre au tableau cependant: els produits utilisés pour tuer les moustiques "ne seront pas totalement transparents pour l'environnement", la faune et la flore a indiqué Franck Olivier Lachaud.

Trois numéros au service du public

o 0 800 110 000: un numéro vert pour toutes les questions d'ordre médical ou pour obtenir des précisions sur les produits de démoustications

o 0 800 402 402: numéro vert pour signaler tout abus sur les prix des produits anti-moustiques

o 02 62 41 00 00: pour demander la démoustication de sa maison et obtenir le planning des opérations de ce type.
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