Le monde économique gronde contre le dispositif d'aides anti chikungunya

"Une foutue circulaire"

  • Publié le 14 mars 2006 à 00:00

Une indemnisation des pertes à hauteur de 60% avec un plafond semestriel allant de 4 000 à 8 000 euros et de 50 000 euros pour le secteur du tourisme. C'est ce qui prévoit "la foutue circulaire interministérielle" - selon l'expression de Guy Dupond (président de l'agence du développement) pour venir en aide aux entreprises mises en difficulté par l'épidémie de chikunguyna. Jugées "nettement" insuffisantes, ces mesures ont provoqué une levée de boucliers des chefs d'entreprise soutenus par les parlementaires. Leur colère aurait été entendue et Paris aurait modifié, tard lundi soir, les crit!ères d''attribution des aides

Ce lundi 13 mars 2006, le MEDEF Réunion les chambres consulaires et le conseil économique et social ont tenu une conférence de presse commune pour faire dire leur mécontentement.
Et pour cause. La circulaire rendue publique ce vendredi 10 mars 2006 ne correspond pas aux mesures annoncées initialement par Dominique de Villepin lors de son passage dans l'île. "Nous avons deux types de reproches à formuler, tout d'abord nous ne savons pas qui est concerné et qui ne l'est pas, de plus les taux d'indemnisation prévus au départ ne sont plus les mêmes. Et enfin sur la façon de dire les choses, la confiance accordée aux chefs d'entreprises semblent très limitées" déclare François Caillé, président du MEDEF. Le monde économique et social ne décolère pas, Guy Derand, président de la Chambre d'agriculture parle d'une solidarité nationale à deux poids, deux mesures. "Il n'y a aucune aide allouée au domaine de l'agriculture, nous attendons des mesures concrètes pour sortir de ce marasme économique, d'autant plus que nous avons été sévèrement touchée par le passage de Diwa"souligne-t-il.

"Hold-up technocratique"

La déception est la même pour le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Eric Magamootoo. "Cette circulaire ne répond pas à nos espérances et nous avons à faire face à un hold-up technocratique, si l'engagement du gouvernement semble sincère, la traduction administrative est insuffisante" précise-t-il.
Par ailleurs, François Caillé dénonce un véritable embargo de la part de certains grands groupes Français. " En effet, depuis quelques semaines, certains intervenants extérieurs ne sont pas autorisé à venir travailler à La Réunion pour des raisons de sécurité sanitaire"explique-t-il.
Un élément non négligeable, puisque l'île doit son taux de croissance, actuellement de 3,7% non seulement à la consommation mais également à ces nombreux partenariats avec les entreprises extérieures. Les inquiétudes du monde économique persistent et les solutions se font attendre. "Nous avons enregistré au mois de février une chute de 15,8% en terme de réservation et de programmation à l'aéroport Roland Garros. Ce chiffre pourrait atteindre les 20 à 25% pour le mois de mars" insiste le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie.

Nouvelle réunion

Le MEDEF a été reçu ce lundi matin en préfecture, où la délégation a pu faire entendre ces revendications. "Le préfet m'a autorisé a révélé qu'une réunion interministérielle était organisée aujourd'hui même à Paris. Celle-ci devrait permettre la révision de la circulaire et notamment l'allégement de la machine administrative" espère François Caillé. Il semble que le souhait du monde économique ait été entendu. Lors de la réunion interministérielle, il aurait été décidé de modifier les conditions d'attribuition des aides. La décision ayant été prise tard lundi soir, il n'y a pas encore de précisions sur ces modifications.
À noter lors de cette conférence de presse la présence de Hugues Arnaud Mayer, représentant le MEDEF au niveau national. Il était venu apporter son soutien au patronat Réunionnais et rendre hommage à "l'union sacré des forces vives", qu'il a qualifié "d'exemple pour la nation".

Ingrid Koenig
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