Pêche

Un récif artificiel au large du Port

  • Publié le 22 août 2007 à 00:00

Fabriquées à partir de poteaux d'EDF hors service, des hexapodes ont en construction au Port. Le premier prototype a vu le jour le 18 août 2007.<br /> en 2008, ces structures en béton seront mises à l'eau au large de la cité portoise. Il s'agit de constituer un récif artificiel qui attirera les poissons de fond le long des côtes

Des poteaux EDF en béton transformés en nid douillet pour les poissons, c'est l'objectif d'un projet de construction d'un récif artificiel le long des côtes du Port. "L'idée est de donner aux pêcheurs de nouveaux lieux de pêche. Cela offrirait le double avantage de réduire la pression sur le récif corallien tout en augmentant la production de la petite pêche côtière" indique David Guyomard, chargé de mission au comité régional des pêches maritimes et des élevages de La Réunion (CRPMEM). Concrètement il s'agit d'implanter des structures en béton sur les fonds sablonneux situés par 15 à 50 mètres de fond et à une distance de 10 à 100 mètres des côtes portoises. Une région relativement peu fréquentée par les poissons, le sable ne leur offrant aucun refuge et que peu de nourriture.

"Colonisation"

"Ce récif artificiel, sur lequel devrait s'implanter du micro corail, servira d'abri aux poissons de fond côtiers" explique David Guyomard en ajoutant que "les mérous, les vivaneaux, les capitaines seront ainsi attirés vers les côtes ainsi que les carangues, les pêches cavales ou les zourites". Une "colonisation" du récif intéressante pour les professionnels de la pêche côtière en butte à une inexorable baisse de production, 997 tonnes pêchées en 2005 contre 700 en 2006 (chiffres INSEE et IFREMER).
Élaboré par le CRPMEM, la Ville du Port et EDF, le projet a été baptisé Corail Réunion (COlonisation de Récifs Artificiels de l'Ile de La Réunion). Une enveloppe de 45 000 euros a été engagée par l'Europe (70%), le conseil régional et de la commune du Port et le 7 août dernier, le chantier expérimental a été lancé. Le projet est aussi innovant par l'utilisation de ces matériaux de construction. Ce sont en effet d'imposants poteaux en béton d'EDF et des voussoirs (structures servant à étayer un tunnel en creusement) qui serviront de base au récif artificiel. EDF a fourni gratuitement les pylônes et le conseil général en a fait de même avec les voussoirs initialement prévus sur le chantier du basculement des eaux.

Recyclage

Une opération qui a satisfait tous les intervenants. EDF et le Département font l'économie de frais de recyclage des leurs structures hors service. Corail Réunion récupère gratuitement ces matériaux. Quant à ces derniers - composés à 100% de matière inerte le béton en l'occurrence, et donc sans risque pour l'environnement -, leur "nouvelle vie" sera synonyme de repeuplement halieutique de la région côtière.
Installé rue Evariste de Parny au Port, le chantier a produit le 18 août dernier son premier hexapode (nom scientifique des insectes munis de trois paires de pattes). La structure est constituée par des tronçons de poteaux (creux ou non) d'une longueur de 3,20 mètres solidement vissés les uns aux autres. Pesant environ 4 tonnes, 4 prototypes de formes différentes ont été fabriqués. Des essais de fabrication à base de voussoirs vont commencer dans les prochains jours.

Parachutage

La mise à l'eau des structures est prévue courant 2008. Une fois encore l'innovation sera à l'honneur. "Nous allons imaginer un système de levage et de parachutage" remarque David Guyomard. La mise à l'eau n'a pas encore budgétisée et ce de chiffrage dépendra la surface totale qui sera occupée par le récif artificiel. Lequel, relève le chargé de mission du CRPMEM, a vocation à intéresser un public bien plus large que celui des pêcheurs côtiers. "Nous n'allons pas ajouter des cailloux sur des cailloux. Nous allons construire un véritable éco système sur du sable" souligne David Guyomard. Les pêcheurs, les plongeurs sous-marins et les scientifiques devraient donc trouver leur compte. Des projets d'études devraient ainsi être lancés notamment l'Université sur le type et la vitesse de colonisation du récif par le corail et les différentes espèces de poissons.
Pas question donc - la Ville du Port y tient beaucoup -, de faire de la région concernée un lieu clos et interdit au public. Une délimitation claire et un plan cohérent de gestion donneront des accès différenciés pour les différents types de public. Afin que le plus grand nombre profitent du récif.
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