Filière fruits et légumes

Des hauts et des bas

  • Publié le 11 décembre 2007 à 00:00

Bien sûr, il y a eu Gamède et ses conséquences. Mais pas seulement. En 2007, la production maraîchère locale a été très disparate selon les périodes et a dû faire face à des difficultés d'approvisionnement. Certains s'en sortent bien mais de nombreux fruits ou légumes ont connu des moments de disette et d'autres de surproduction.

Passant de 30 centimes à plus de 1,20 euro sur les marchés forains, le kilo de tomates a connu de grandes fluctuations cette année. De multiples facteurs entrent en jeu mais ils montrent à quel point, la production maraîchère locale est soumise aux aléas climatiques. Après avoir créé une pénurie, Gamède a entraîné une surproduction due aux plantations massives qui ont suivi son passage. Mais c'est ensuite que les quelques mois de sécheresse et de coupures d'eau dans le sud de l'île ont eu des conséquences mauvaises sur les récoltes de différents légumes. Ce fut le cas notamment des tomates de plein champ qui après un pic de production au mois d'août, ont connu une baisse des quantités récoltées en fin d'année avec, la flambée des prix qui l'accompagne.
10 euros le kilo d'ail
Autre ingrédient indispensable à un bon cari : l'ail. S'il n'a pas connu de réelle rupture d'approvisionnement cette année, il a quand même été récolté en faible quantité, entraînant un prix relativement élevé : plus de 10 euros le kilo sur les marchés forains. Les bringelles et courgettes elles aussi ont connu des ruptures suite au passage du cyclone mais en cette fin d'année, elles font partie des légumes les moins chers (entre 60 centimes et 1 euro). Et globalement, malgré des productions excédentaires, notamment sur les mois de juillet, août et septembre, les prix des légumes comme les choux, concombres et pommes de terre ont été supérieurs à ceux observés en 2006 et 2005.
Letchis et ananas abondants
Les fruits ont connu un peu la même tendance. Conséquence de Gamède aussi, les avocats ont été moins nombreux et plus petits avec l'effet classique : une hausse des prix. La récolte de fraises a également été peu importante, tout comme celle d'agrumes, à cause, entre autres, de la sécheresse importante qu'a connu le sud. En revanche, ce sont les ananas et les letchis qui connaissent une belle fin d'année. En quelques semaines à peine, les fruits de fêtes ont envahit les étals des marchands le long des routes ou dans les marchés forains. En même temps, la récolte de mangues ne devrait pas être abondante cette année. Gamède, en créant un stress sur les manguiers a retardé leur floraison. Tardives et rares, les mangues sont chères... poussant les Réunionnais à se tourner vers les fraises ou les pastèques.

Diversifiée

Mais les fluctuations de prix et de quantités de la production maraîchère mettent en lumière une autre problématique qui inquiète la filière : la concrétisation des accords APE (accords de partenariat économique) qui permettront aux produits des pays ACP de la zone d'entrer sur le marché réunionnais sans barrière douanière. Depuis plusieurs mois, les chambres consulaires locales (de commerce et d'agriculture) font pression à Paris pour que les intérêts des RUP (régions ultra périphériques) soient pris en compte. En d'autres termes, si les RUP ne sont pas exclues de ces accords, les coûts de production locaux ne permettront pas d'éviter que le marché ne soit envahit par les fruits et légumes venus de Madagascar ou d'Afrique du Sud. Pourtant, la filière fruits et légumes est une des plus diversifiée de tous les DOM, elle satisfait 80% de la consommation locale en la matière et la production sous-abri connaît une forte croissance, permettant de compter sur un approvisionnement plus régulier. Parallèlement, la transformation des fruits et légumes assure l'emploi de 175 personnes... Ouvrir le marché pourrait mettre tout cela en péril.
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