Route des Tamarins

Les raisons d'un gouffre financier

  • Publié le 27 mai 2008 à 00:00

Les résultats de l'audit sur l'énorme surcoût de la route des tamarins commandé par la Région ont été rendus publics ce mardi 27 mai 2008 à la pyramide inversée. Pour mémoire, la facture a augmenté de 75 %, soit 456 millions d'euros en plus des 635 prévus au départ.

Les raisons invoquées pour justifier cette hausse sont la flambée du prix des matières premières, les travaux supplémentaires et l'insularité du projet. Ainsi, les modifications de programme représentent + 66 millions d'euros dans ce supplément tandis que les ouvrages d'art exceptionnels se chiffrent à + 16 millions. Autres facteurs entrant en compte dans le surcoût, le foncier, le relogement et les études, évalués à + 29 millions d'euros. Quant aux travaux supplémentaires, ils augmentent l'addition de + 43 millions mais ce n'est rien à côté de l'inflation, due en grande partie à l'envolée du prix des matières premières. Celle-ci est en effet estimée à + 270 millions d'euros.

Un projet trop grand pour un si petit marché

A tous ces éléments, il faut encore ajouter un supplément de 31 millions lié cette fois à l'insularité de La Réunion. C'est un phénomène économique que les experts appellent le syndrome hollandais ou l'effet Isola. " L'effet d'insularité entraîne un coût des matériaux plus élevé, explique Jean Le Gall, chef de projet du cabinet Iris Conseil qui a réalisé l'audit. Nous avons également une moindre concurrence du fait d'un nombre limité de fournisseurs. Nous avons enfin une augmentation forte des salaires liée notamment au principe d'accords de branches. Tout cela entraîne donc des augmentations générales sur l'ensemble des entreprises et se répercute par le biais de l'index sur le coût des travaux ".

Réduire la voilure

Face à cette augmentation globale de 75 %, la Région va devoir réduire la voilure sur les autres projets majeurs à venir et faire des choix. Ces derniers n'ont pas encore été arrêtés. " Pour le moment, les priorités que nous avons définies ne bougent pas. Nous ne pouvons pas remettre en cause le Tram Train, dont la première partie sera livrée en 2013, rassure le président Paul Vergès. Mais si on le maintient avec les augmentations inévitables du coût de départ - comme ce qui vient de se passer avec la Route des Tamarins -, comment envisager deux ou trois ans après d'ouvrir la nouvelle route du littoral ? Comment répondre aux demandes des communes en cas de cyclone ".
Qu'adviendra-t-il également d'autres chantiers primordiaux tels que l'endiguement des ravines, la modernisation des stations d'épuration ou la rénovation des radiers ? Les années à venir s'annoncent compliquées pour les finances de la Région.
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