Élections régionales

Michel Vergoz (PS): "ne pas attendre les bras croisés"

  • Publié le 23 février 2010 à 17:16

Ancien Premier secrétaire de fédération locale du parti socialiste, ancien maire et conseiller général de Sainte-Rose, conseiller régional sortant, Michel Vergoz conduit la liste du PS pour les régionales des 14 et 21 mars 2010. Habitué à ne pas mâcher ses mots et adepte du "parler fort", son programme est basé sur trois axes " prioritaires ", l'emploi, le logement et la formation. Ainsi, en en cas d'élection à la tête de la Région, il s'engage à privilégier les politiques de proximité " afin de mieux répondre aux attentes et aux besoins des Réunionnais ". Il n'est pas opposé au projet tram-train, mais ne cache pas qu'il ne croit pas à une rallonge budgétaire de l'État en faveur de sa réalisation. Il estime dit qu'" il ne faut pas attendre (le refus définitif de l'État -ndlr) les bras croisés " et propose d'aménager dans les 24 communes un réseau de tram évoluant en site propre. Il serait plutôt pour la construction de la Maison des civilisations et de l'unité réunionnaise, mais à condition de " revoir à la baisse " ce projet " passé de 30 millions d'euros en 2003 à 100 millions d'euros aujourd'hui ". Sur la base de " la défense des intérêts des Réunionnais ", il est favorable à une éventuelle union avec la liste de l'Alliance au second tour des Régionales, " mais à l'impossible nul n'est tenu " commente-t-il. À propos de Didier Robert, tête de liste UMP, il se demande comment il fera pour gérer ses mandats de maire, de député et d'éventuel président du conseil régional. Et lorsqu'on lui demande ce qu'il pense de Jean-Paul Virapoullé, sénateur UMP de Saint-André et tête de la liste de droite "la Réunion nout fierté", il répond lapidaire, " il y a 40 ans qu'il est aux affaires, s'il était bon cela se saurait ". Entretien.

* Quels sont les axes prioritaires de votre programme ?
- La formation, l'emploi et le logement

* Ces deux derniers points ne relèvent pourtant pas des compétences de la Région...
- Je ne suis pas d'accord. Il faut arrêter de dire que l'État est le seul responsable en la matière. Nous sommes coresponsables, notamment en ce qui concerne le logement. Car s'il revient à l'État d'alimenter la LBU (ligne budgétaire unique - ligne de crédit réservée à la construction de logements sociaux - ndlr), la Région peut intervenir dans l'achat du foncier par le biais du FRAFU (Fonds régional d'aménagement foncier urbain - NDLR). Je l'ai souvent dit au cours de la mandature qui s'achève. Je n'ai pas réussi à convaincre. Je le regrette. Dans notre programme, au même titre que la formation, ces deux axes sont prioritaires car ils concernent les attentes des Réunionnais au quotidien.

* Comment envisagez-vous de mettre en ?uvre ces politiques ?
- Par exemple en favorisant la construction de logements neufs. 30 000 familles réunionnaises sont en quête d'un toit. En construisant 6 000 logements par an, on crée 9 000 emplois pérennes. On relance donc pour longtemps l'activité du BTP tout en répondant à l'une des attentes les plus urgentes des Réunionnais. Il faudrait aussi que la Région réoriente l'affectation de certains de ses crédits.

* Vous pensez à quoi ?
- À aider les très petites entreprises. Ce sont elles qui sont le plus pourvoyeuses d'emplois à La Réunion. Ces aides financières serviront de levier à leur développement. Pour notre part, si nous sommes élus à la direction du conseil régional, nous donnerons à ces TPE les moyens de soumissionner valablement pour des marchés publics.

* Vous projetez donc de lancer des chantiers ?
- Oui, dans le domaine des énergies propres et dans celui de l'aménagement durable du territoire avec en toile de fond la question des déplacements qui fait tant débat.

* À ce propos, vous êtes favorable au tram-train ?
- Oui sans hésitation si la Région a tous les financements nécessaires à sa réalisation. Or ce n'est pas le cas. Nous avons appris lors de l'assemblée plénière de la Région en date du 1er décembre 2009 que l'État refuse pour le moment de verser une somme supplémentaire de 80 millions d'euros par an pour sa mise en service. La réponse définitive du gouvernement reste une lourde interrogation. Personnellement je n'y crois plus.

* Il faudrait donc tirer un trait sur le projet tram-train ?
- Je dirais plutôt qu'il ne faut pas rester les bras croisés en attendant la décision de l'État. Il faut proposer une alternative. Je pense à l'aménagement d'un réseau de desserte par tram en site réservé dans les 24 communes. Ils seraient mis en adéquation avec la nouvelle route du littoral.

* Et cela coûtera combien ?
- Bien moins cher que la première tranche du tram-train. Il faut bien faire comprendre aux Réunionnais qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur. Si l'État confirme sa fin de non-recevoir concernant le tram-train, notre projet de desserte en sites réservés transformera un mal en bien.

* Vous êtes pour ou contre la réalisation de la Maison des civilisations ?
- J'ai toujours dit que j'étais pour. Le seul problème est que nous sommes passés d'un coût de réalisation estimé à 30 millions d'euros en 2002, 10 millions payés par l'Europe, 10 par l'État et 10 par la Région, à un projet évalué à 100 millions d'euros. L'Europe paierait 15 millions, l'État 6 et tout le reste, c'est-à-dire 79 millions, serait payé par des fonds du conseil régional. Comme la maîtrise du foncier n'est pas encore assurée, on peut être certain que ce coût va encore augmenter. Au final, les finances de la Région risquent de passer dans le rouge. Il faut revoir le projet à la baisse, faire en sorte de garder les financements européens et de l'État et utiliser les sommes récupérées sur les fonds régionaux à la réhabilitation de sites historiques majeurs, comme le Lazaret de la Grande Chaloupe entre autres.

* Quel bilan tirez-vous de mandature qui s'achève ?
- Je tiens d'abord à rappeler que le parti socialiste ne faisait pas partie de la majorité sortante et que nous nous sommes abstenus lors du vote de tous les budgets. Je dirais ensuite que le bilan du président sortant est globalement meilleur que celui de tous ses prédécesseurs, même s'il était possible de faire plus et mieux. Si j'avais un reproche à faire, je dirais que l'on a donné trop d'importance aux grands projets au détriment d'une vraie politique de proximité. Du coup, l'on n'a pas répondu aux attentes des Réunionnais au quotidien.

* Michel Vergoz n'a pas beaucoup fait parler de lui au cours de ces deux dernières années. Une traversée du désert ?

- Disons que j'ai pris du recul. Je me suis concentré sur l'étude de grands dossiers. J'ai cherché les meilleurs moyens et les meilleures voies pour être entendu le moment venu.

* En quoi le programme du PS était-il meilleur que celui des autres listes ?
- Je pense que c'est celui qui répond le plus aux attentes des Réunionnais. Je demanderais aussi à être jugé à la tâche. Le PS n'a jamais été à la tête de la Région, les socialistes n'ont jamais eu l'occasion de mettre en ?uvre leur politique en faveur de La Réunion. C'est le moment de leur faire confiance.

* En cas de deuxième tour, une union avec la liste de l'Alliance vous semble possible ?
- Sur la base de la défense des intérêts des Réunionnais, dans la clarté, dans la compréhension et dans le respect des uns vis-à-vis des autres, le rassemblement est possible. Mais à l'impossible nul n'est tenu.

* Comment définissez-vous Paul Vergès ?
- C'est un président sortant de Région qui a réalisé une avancée réelle pour La Réunion en signant les accords de Matignon portant sur la réalisation du tram-train et de la nouvelle route du littoral.

* Didier Robert ?
- Je me demande comment il fera pour gérer ses mandats de maire, de député et, en cas d'élection, de président de Région.

* Jean-Paul Virapoullé ?
- Cela fait 40 ans qu'il est aux affaires, s'il était bon cela se saurait

* Tous trois sont vos ennemis, vos adversaires, vos amis ?
- Je n'ai pas d'ennemis, j'hésite à dire que j'ai des adversaires, mais j'ai beaucoup de concurrents.

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