La crise inquiète la fédération réunionnaise du Bâtiment et des travaux publics

Après le "trou d'air", le "viaduc d'air"

  • Publié le 20 avril 2010 à 17:30

La Fédération réunionnaise du BTP ne cache pas son inquiétude face à la situation du secteur en ce début d'année 2010. Non continuité des grands travaux, construction de logements libres et de logements sociaux en berne, manque de communication autour du dispositif Scellier Dom ou encore silence du gouvernement quant à la mise en place d'un plan de relance exceptionnel, autant de choses que dénoncent Jean-Marie Le Bourvellec, président de la FRBTP. Lors d'une conférence de presse organisée ce mardi 20 avril 2010, le responsable du syndicat parlait de "viaduc d'air" pour qualifier le manque actuel de chantiers alors qu'il parlait de "trou d'air" en 2009.

L'année 2009 n'a pas été bonne pour le secteur du BTP avec près de 7 000 licenciements et 1,46 milliard d'euros de chiffres d'affaires (contre 2,1 milliards d'euros en 2008). Jean-Marie Le Bourvellec mettait à l'époque beaucoup d'espoir sur l'année 2010 avec une possible reprise de l'activité, notamment grâce au lancement du chantier de construction du tram-train.

L'année 2010 est arrivée et la situation ne s'est pas améliorée. "La profession est à un niveau de perte de confiance jamais atteint jusque là", souligne le responsable de la Fédération. Plusieurs causes à cela pour le président du syndicat.

La faute d'abord à un manque d'investissement pour la construction de logements libres. Jean-Marie Le Bourvellec rappelle que "9 000 logements ont été construits en 2008 pour à peine 1 000 logements en 2009, avec de surcroît un stock de 3 500 logements". La construction de logements sociaux "ne décolle pas non plus", avec 2 000 logements prévus "alors qu'il en faudrait 6 000".

Ensuite, le dispositif Scellier DOM ne semble pas avoir eu les effets escomptés. Ce dispositif instauré par la loi pour le développement économique de l'Outre-mer prévoit une défiscalisation pour l'acquisition de logements dans le secteur libre et intermédiaire en vue de la location. Son décret d'application a été publié le 30 décembre 2009 "mais les investisseurs n'ont toujours pas confiance", indique le représentant de la FRBTP. "Nous souhaitons que le gouvernement lance une véritable campagne de communication sur ce dispositif", affirme t-il.

Le président de la Fédération dénonce également "le silence du gouvernement" concernant le plan de relance exceptionnel promis par Yves Jégo en 2009, lorsqu'il était encore secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. Ce plan prévoyait l'investissement de l'Etat à hauteur de 300 millions d'euros dans des chantiers de différentes collectivités territoriales pour relancer la commande publique.

Jean-Marie Le Bourvellec fustige en outre "la fin des grands travaux du fait d'un changement de majorité à la tête d'une collectivité territoriale". C'était le cas en 2008 à la suite des élections municipales avec la fin des projets Pôle Océan et Zénith à Saint-Denis et de rocade du Tampon. C'est de nouveau le cas en 2010 avec la fin annoncée des projets Maison des civilisations et tram-train. "Ce sont 2,2 milliards d'euros de manque à gagner pour notre secteur sur 2 ans", lance le responsable. "Il suffit d'une élection pour faire et défaire un projet. Il faut que ça s'arrête. Nous n'avons plus de visibilité à long terme", s'emporte le président de la FRBTP.

Concernant les 300 millions d'euros promis par Didier Robert durant la campagne électorale pour la rénovation des équipement sportifs et culturels des communes, les membres du syndicat veulent "avoir la liste des chantiers concernés et le calendrier de mise en place". "Ces 300 millions d'euros sont une réelle alternative pour aider les entreprises réunionnaises à surmonter la crise. Il faut sortir des effets d'annonces et passer à l'opérationnel", suggère le porte-parole de la FRBTP.

Quant au projet de nouvelle route du littoral, "il y a des études à lancer et des délais administratifs. La direction de l'Équipement parle de 5 à 8 ans pour voir sortir de terre un projet. Et quand bien même la nouvelle majorité régionale parviendrait à accélérer le dossier, nous avons besoin de travail tout de suite", explique Jean-Marie le Bourvellec. Si rien n'est fait, il prévoit 2 000 à 3 000 licenciements pour 2010 "sans compter les nombreuses entreprises qui se retrouveront en difficulté". "Il faut que l'Etat et les collectivités locales relancent la commande publique. Nous ne sommes plus dans un trou d'air, c'est un vrai viaduc d'air", termine t-il.

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