Transport à La Réunion

Fin du tram-train : Réactions

  • Publié le 2 juin 2010 à 10:20

L'annonce faite par la Région de l'abandon du projet tram-train, le 31 mai dernier, ne laisse pas indifférents les syndicats et les politiques. Du côté de la CGTR, Jacky Balmine se dit "choqué" par l'absence de Didier Robert "pour une décision si importante". L'Alliance, par la voix de Pierre Vergès, parle de "gâchis". Les Verts jugent qu' "un projet de rail, même amendé, était nécessaire pour l'avenir de La Réunion". Le PS "prend acte de la décision de la majorité régionale". Une interrogation est partagée par tous : "Que va proposer le président de Région désormais ?". Du côté Tram'Tiss, groupement qui était chargé de la mise en ?uvre du projet tram-train, on se donne "1 mois pour réfléchir aux actions qui suivront cette annonce".

Inouk Moncorgé, président du groupement Tram'Tiss : "Nous prendrons le temps d'analyser le courrier qui nous a été adressé par la Région pour en tirer les conséquences. Tram'Tiss étant une société par action simplifiée, nous devons au préalable informer nos actionnaires et les consulter. Nous avons un délai de deux mois si nous voulons intenter une action. Mais je pense que nous serons fixé dans un mois. Dans ce courrier, la Région affirme que nous n'avons demandé ni la prolongation du délai de réalisation de la condition suspensive, ni formulé aucune proposition. La collectivité semble avoir oublié nos courriers du 13 avril et du 5 mai dans lesquels nous leur demandons une réunion pour discuter d'un nouveau projet de tram-train. Et il revient au conseil régional de demander la prolongation du délai, pas à nous".

Jacky Balmine, secrétaire général à la CGTR BTP : "L'heure n'est pas au règlement de compte. La Région a pris une décision, je la respecte. Maintenant qu'ils ont enterré un projet de près de 2 milliards d'euros, il faut que les élus nous disent ce qu'ils vont mettre en place pour aider le secteur du BTP immédiatement. J'entends souvent qu'il n'y a pas que le bâtiment à La Réunion. C'est vrai, mais il ne faut pas oublier que jusqu'à récemment, c'était le secteur le plus porteur sur l'île. Aujourd'hui, les entreprises meurent à petit feu et rien n'est fait. C'est pour cela que nous demandons une table ronde avec l'ensemble des acteurs économiques et politiques. Je tiens aussi à dire que je suis choqué par l'absence de Didier Robert pour une décision si importante".

Hermann Elise, président du syndicat Vigilance des Terrassiers de La Réunion : "Je m'attendais à cette décision. À mon sens, il ne souhaite pas faire le tram-train parce que ce n'est pas son projet mais celui de l'ancienne majorité. C'est une catastrophe, il tue les entreprises réunionnaises. Je n'abandonnerai pas. Si à un moment j'ai des difficultés avec les banques, je viendrai devant le conseil régional me faire entendre. Ce sont ces élus qui me mettent dans une situation difficile. Et cette fois-ci, je ne me contenterai pas de garer mon camion sur le trottoir".

La Fédération réunionnaise du BTP n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet "pour l'instant". Une position devrait être arrêtée ce mercredi 2 juin à l'issue d'une réunion du conseil d'administration.

Eric Magamootoo, président de la chambre de commerce, est actuellement hors du département. Contacté par téléphone, il n'a pas souhaité s'exprimer. Le responsable de la chambre consulaire, qui avait appelé à voter Didier Robert entre les deux tours, puis avait rappelé l'importance pour La Réunion du projet tram-train, invoque aujourd'hui son "devoir de réserve"... Il a néanmoins confirmé qu'une table ronde sera organisée à la CCIR le 25 juin prochain, conformément à la demande des syndicats du BTP.

Pierre Vergès, membre de l'Alliance et ancien conseiller régional en charge du projet tram-train : "Cette décision n'est pas une surprise. La défiance de Didier Robert à l'égard du tram-train est constante depuis son élection. Le 15 avril dernier, il s'est félicité de la renégociation de l'Accord de Matignon et de la réaffectation des sommes prévues pour le tram-train. Il a fait tout ce qu'il ne fallait pas faire. La clause incluse dans le contrat entre la Région et Tram'Tiss prévoyait que la collectivité accomplirait toutes les démarches nécessaires pour obtenir le rallongement financier de l'Etat. Si elle n'y parvenait pas, le contrat devenait caduc. C'est ce que Didier Rober aurait dû faire. Une fois le refus de l'Etat confirmé, il aurait pu renégocier le protocole. Au regard de son attitude, je ne pense pas qu'il pourra opposer le courrier de refus du Premier ministre du 27 mai dernier si Tram'Tiss engage un contentieux, ce que je ne souhaite pas. Mais je tiens à dire qu'en aucun cas, l'ancienne majorité n'est responsable de ce gâchis. Si le courrier de François Fillon daté du 27 mai était de la même teneur de celui du 30 novembre 2009, nous n'aurions jamais signé ce contrat avec Tram'Tiss. Le chef du gouvernement avait laissé la porte ouverte à l'époque. Nous avons donc établi le partenariat tout en gardant une certaine sécurité en ajoutant cette clause suspensive. Désormais, nous attendons des solutions alternatives susceptibles d'aider à la relance du BTP et de sortir La Réunion du tout-voiture".

Alain Erpeldinger, porte-parole des Verts Réunion : "Les Verts ont toujours été pour le tram-train mais dans une version amendée. Nous estimons que le coût du projet pouvait être revu à la baisse. Aujourd'hui le défaut de financement a provoqué l'arrêt du projet. Il faut désormais que la Région propose autre chose mais il faut un train immédiatement".

Monique Orphé, conseillère régionale PS : "Nous prenons acte de la décision de la majorité régionale de mettre fin au projet tram-train. La population était majoritairement favorable à ce projet. Mais il ne pouvait pas se faire sans financement. La lettre du Premier ministre datant du 27 mai est claire. L'Etat ne participant pas, le tram-train est enterré. Il faudrait désormais trouver un projet alternatif avec la mise en place d'un réel transport en commun en site propre pour éviter le coma circulatoire. Nous attendons de voir ce que proposera Didier Robert. Ses propositions actuelles sont trop floues. Il faut qu'il apporte de la clarté dans son discours".

guest
0 Commentaires