Recherche spatiale - Site analogue Lune Mars (Salm)

Sainte-Rose, la tête dans les étoiles

  • Publié le 10 juillet 2010 à 04:00

Avant d'aller sur la lune ou sur la planète Mars, les astronautes feront étape à Sainte-Rose et sur le volcan du Piton de la Fournaise. Ce lundi 5 juillet 2010 se tenait à la mairie de Sainte-Rose la première réunion en vue de l'ouverture du site de préparation pour les astronautes et le robots qui partiront à la conquête de la Lune et de Mars. Au programme des recherches géologiques dans les paysages lunaires du volcan réunionnais, pour mieux comprendre la lune, Mars et la terre. L'ouverture de ce nouveau terrain d'expérimentation pour la recherche spatiale est l'occasion d'entrevoir un des enjeux des missions à venir, la maîtrise de l'énergie de l'espace.

Lors de la conférence lunaire mondiale 2010 organisée à Pékin (Chine) du 31 mai au 2 juin 2010, une convention de coopération a été signée entre Bruno Mamindy Pajany, maire de Sainte-Rose et Bernard Foing, directeur du groupe de travail international pour l'exploration de la lune (Ilewg). Il s'agit d'un un organisme qui réunit les chercheurs des différentes agences spatiales du monde entier en charge de l'exploration de la lune et des corps planétaires, en particulier la planète Mars. À la clé de ce partenariat, l'ouverture du fameux site analogue au profit de la communauté des explorateurs internationaux de la lune et de Mars.

"Le site analogue lune Mars de Sainte-Rose (Salm) est un site reconnu par la communauté mondiale, qui servira à vérifier le bon fonctionnement des outils de recherche développés pour l'exploration de la lune et de Mars, à élaborer des procédures pour les futurs explorateurs" définit Guy Pignolet, coordinateur local des activités scientifiques du Salm de Sainte-Rose. Il ajoute, "en dehors des campagnes scientifiques et technologiques, la base permanente aura des activités éducatives". L'habitant de Sainte Rose et ingénieur retraité du centre national d'études spatiales (Cnes) précise, "le travail de validation sur les sites analogues est une étape intermédiaire entre les laboratoires et les explorations réelles".

La maîtrise de l'énergie figure parmi les principaux enjeux de la recherche spatiale. En effet le potentiel d'énergie dans l'espace est "colossal" et "le besoin d'énergie est aujourd'hui au centre de toutes nos activités, de notre développement actuel et futur" rappelle Guy Pignolet. "Le soleil est au centre de tout, et son énergie du soleil correspond à 1 méga watts / km2" indique le spécialiste, encore faut-il la transformer et la stocker. Cela ne relève pas de l'exploit, car c'est chose faite pour les plantes, qui à travers la photosynthèse, transforment l'énergie solaire en substances organiques, comme les glucides, pour leur fonctionnement. Guy Pignolet prend l'exemple de la canne à sucre, "une des meilleures transformatrices d'énergie solaire en énergie chimique".

Avant l'installation de centrale électrique spatiale, la question des transports dans l'espace reste à élucider. Mais Guy Pignolet commente, "la lune est en moyenne à 380 000 kilomètres de notre planète, ce n'est pas si loin, beaucoup de conducteurs ont parcouru au volant plusieurs fois la distance qui sépare la terre de l'astre lunaire".

La recherche spatiale est déjà largement présente dans notre quotidien. Aujourd'hui les communications sont au coeur de la mondialisation, où les échanges de tous genres s'intensifient et s'étendent dans le monde. Les satellites sont les relais de ces flux d'informations, et l'espace un lieu très prisé pour observer la terre. Dans son livre "Les enfants de l'espace", Guy Pignolet raconte ainsi, "les observations de notre planète servent par exemple à la recherche de ressources naturelles, à l'évaluation et au suivi des récoltes, à la planification urbaine, sans compter l'observation à des fins militaires, grosse utilisatrice de satellites".

Face aux enjeux majeurs de la recherche spatiale, pourquoi Sainte-Rose et La Réunion? "Le Piton de la Fournaise est sur la terre le volcan qui ressemble le plus aux grands volcans de la planète Mars, comme le Mont Olympus" répond Guy Pignolet. Il précise, "l'Utah, Hawaï, ou encore Devon Island sont d'autres sites analogues, ayant chacun des caractéristiques intéressantes".

Mais d'après les spécialistes de l'Ilewg, depuis que l'on a confirmé l'existence de tunnels de lave sur la lune, ceux que l'on trouve sous les pentes du Piton de la Fournaise prennent une importance particulière pour les études futures de l'espace et des planètes. En effet, d'après les spécialistes, les terrains volcaniques et les grands tunnels de lave du volcan réunionnais pourraient être particulièrement ressemblants avec ceux que l'on s'attend à trouver sur les grands volcans martiens. L'avantage pour les scientifiques est aussi la riche documentation déjà existante, grâce aux études de l'université de La Réunion, l'observatoire du volcan et l'institut de physique du globe de Paris. Le Parc national de La Réunion contribuera en tant qu'expert en préservation de l'environnement. "Il ne faut pas refaire ailleurs les mêmes erreurs que nous avons fait sur Terre", précise Bruno Mamindy Pajany.

Concrètement, une base permanente sera installée dans l'ancienne gendarmerie de Piton Sainte-Rose avec bureau, salle de travail, et salle d'accueil pour le public, qui servira "de centre de préparation pendant les campagnes opérationnelles" indique Guy Pignolet. Il ajoute : "en dehors des institutions réunionnaises, les participants seront les membres internationaux de l'Ilewg".

Sainte-Rose, sous les projecteurs de la recherche spatiale, peut espérer le développement d'un tourisme scientifique. En effet, le partenariat entre l'Ilweg et Sainte-Rose se dit "ouvert aux scientifiques, aux acteurs locaux, mais aussi à tous les Réunionnais". Ainsi les locaux du Salm seront notamment accessibles au public. Guy Pignolet précise, "les retours pour la population sont tout simplement une meilleure compréhension du monde dans lequel nous vivons".

Marie Trouvé pour
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Kaullysing
Kaullysing
11 ans

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