Aide à la création d'entreprise - Projet initiative jeune

Le PIJ sur la sellette

  • Publié le 18 janvier 2011 à 07:00

Les jours du PIJ (Projet initiative jeune) sont-ils comptés ? C'est la question que se pose Dominique Aucel, chargée de mission au pôle insertion emploi et formation professionnelle à la Direction du travail. Même si la responsable du dispositif à La Réunion a aujourd'hui "la quasi certitude que les crédits seront débloqués pour 2011", rien n'est moins sûr pour les années à venir. En cause, le plan de rigueur gouvernemental.

10 ans après sa création, l'avenir du PIJ, une aide étatique d'un montant maximum de 7 317 euros accordée à des jeunes de 18 à 30 ans souhaitant notamment créer une entreprise dans les départements d'outre-mer, est plus que jamais flou. "Durant la 2ème quinzaine de décembre 2010, nous avons reçu un message du ministère du Travail nous indiquant que le dispositif ne serait peut-être pas reconduit en 2011", explique Dominique Aucel.

Immédiatement, c'est le branle-bas le combat. Les opérateurs partenaires de la Direction du travail pour la mise en ?uvre du dispositif, notamment les chambres consulaires, sont informés de cette annonce et sont invités à ne plus enregistrer de dossier. "Lorsque j'ai participé à une réunion d'information sur le dispositif, on m'a expliqué que l'aide était suspendue en 2011. J'étais très surprise", raconte Marie, une jeune femme qui souhaite se lancer dans l'entreprenariat. "J'ai effectivement demandé aux opérateurs de dire que l'aide était suspendue. Je ne souhaite pas donner de faux espoir à ces jeunes", justifie Dominique Aucel.

Entre temps, le ministère s'est voulu plus rassurant. "On nous a contacté pour nous dire qu'il y avait de grandes chances que les fonds soient débloqués cette année. Nous en aurons la certitude d'ici la fin du mois de janvier", indique la chargée de mission. Elle ne cache néanmoins pas qu'elle s'attend à une réduction des crédits. De combien ? "Je ne sais pas", répond Dominique Aucel. "Mais si le budget est diminué, je préfèrerais qu'on réduise le montant de l'aide (ndlr - jusqu'à 7 317 euros actuellement) pour qu'un maximum de personnes puissent en bénéficier plutôt que de garder le même montant d'aide et réduire le nombre de bénéficiaires", explique la représentante de la Direction du travail.

S'il semble désormais "quasi certain" que le PIJ va survivre en 2011, rien n'est moins sûr pour les années à venir. En effet, comme la défiscalisation du photovoltaïque dans les Dom, ce dispositif pourrait faire les frais du plan de rigueur gouvernemental. C'est en tout cas l'avis de Dominique Aucel qui avoue "avoir des doutes" sur la poursuite du dispositif dans les prochaines années.

Pourtant, cette aide connaît un succès non négligeable chez les jeunes. Selon un bilan évaluatif de la Direction du travail portant sur la création d'entreprise, 1 378 personnes ont bénéficié du PIJ en 2004 et en 2005. 47% des 570 entrepreneurs ayant été interrogés ont avoué qui n'auraient pas crée leur entreprise sans l'existence du PIJ. Cette aide de 7 317 euros constituait pour la moitié des créateurs "plus de 50% de l'investissement de départ". De plus, 64% des entreprises aidées en 2004 et 2005 étaient toujours en activité en 2009, selon cette même étude. "Le nombre de demande a baissé ces dernières années. On valide environ 300 dossiers par an", précise Dominique Aucel.

C'est donc une aide "essentielle" pour certains jeunes qui risque de disparaître. "Cela ne veut pas dire qu'il n'existera plus d'aide à la création d'entreprise", tempère la chargée de mission au pôle insertion emploi et formation professionnelle. Elle cite notamment le Nacre (Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d'entreprise), mis en place en 2009.

Ce dispositif vise à aider un porteur de projet à créer son entreprise et à l'accompagner pendant 3 ans pour lui donner "toutes les chances de se développer durablement". Il prévoit comme aide financière, un prêt à taux zéro Nacre pouvant atteindre 10 000 euros ainsi que la possibilité de demander un prêt bancaire complémentaire. "Le dispositif connaît un franc succès depuis son démarrage", se réjouit Dominique Aucel. Reste que le Nacre reste un prêt à taux zéro tandis que le PIJ était une subvention sans remboursement ultérieur...

Mounice Najafaly pour
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