Santé - lutte contre le tabagisme

Le Champix sous surveillance

  • Publié le 19 janvier 2011 à 06:00

La polémique enfle autour du Champix, un médicament de sevrage tabagique fabriqué par le laboratoire Pfizer et commercialisé depuis 2007. En effet, près de 1 200 plaintes ont été déposées aux Etats-Unis contre les effets secondaires de ce médicament (appelé Chantix aux Etats-Unis). Il est accusé "d'entraîner des états suicidaires, voire des passages à l'acte". En France, "aucun retrait du produit n'est pour l'instant envisagé" par l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (afssaps). Mais le Champix fait tout de même l'objet d'une "surveillance extrême", peut-on lire sur le site 20minutes.fr. A La Réunion, les professionnels de santé disent "suivre avec attention" l'évolution de la situation. Certains médecins ont néanmoins pris les devants en arrêtant de le prescrire. Des pharmaciens déconseillent quant à eux son utilisation "tant que la lumière ne sera pas faite sur ce produit".

Selon lemonde.fr, dès 2008 la revue médicale Prescrire "constatait que les notifications d'effets indésirables s'accumulaient sur le médicament et relayait l'inquiétude de la Food and Drug Administration (FDA) qui mettait en cause la varénicline "dans la survenue de pensées suicidaires et de comportements suicidaires occasionnels"". Des éléments qui sont "connus" et "qui font l'objet de mises en garde et de précaution d'emploi", selon Anne Castot, responsable du service de gestions des risques des médicaments, interviewée par le site 20minutes.fr.

Quelle est l'origine de ces symptômes? "Nous ne sommes pas capables d'établir un lien avec le médicament, de savoir s'ils sont liés au sevrage, à une maladie sous-jacente ou au traitement lui-même", explique Anne Castot. Du côté du laboratoire Pfizer, on estime "qu'il n'existe pas de preuve scientifique que le Champix ait provoqué les accidents neurologiques rapportés par les plaignants". "Le Champix est un traitement efficace pour de nombreux fumeurs qui souhaitent arrêter et nous avons l'intention de défendre ce médicament utile", a ajouté Victoria Davis, porte-parole du laboratoire, citée par lemonde.fr.

Dans un rapport de la commission de la transparence concernant le Champix et datant de 2008, on apprend que 12 décès ont été recensés en France au sein des consommateurs de ce médicament dont 7 suicides. "Aucun lien n'est établi entre les décès et le produit", précise Jean-Yves Péron, pharmacien inspecteur à l'Agence régionale de santé.

L'Afssaps a tout de même prévu de réévaluer le produit en février prochain. Est-ce que cela signifie un retrait du marché ? "Tout dépend des réévaluations, de savoir quel est le risque acceptable", explique Anne Castot à 20minutes.fr. "L'afssaps va consulter toute la bibliographie sur le produit ainsi que les données de pharmacovigilance remontées par les médecins et les pharmaciens. Les informations seront recoupées pour voir si des effets secondaires importants ont été recensés", détaille Jean-Yves Peron.

En attendant, le produit est toujours disponible, en France comme à La Réunion. "Nous n'avons reçu aucune instruction concernant ce produit", affirment les professionnels de santé réunionnais interrogés. Ce que confirme l'Agence régionale de santé. Ils assurent néanmoins "suivre avec attention l'évolution de la situation".

Certains médecins ont néanmoins pris les devants en arrêtant de le prescrire. C'est notamment le cas d'un médecin tabacologue de l'ouest de l'île. Même si pour lui, le Champix est un "médicament efficace" et qu'il n'a "jamais été confronté à des effets secondaires", il a décidé de stopper les prescriptions "pour l'instant". "Je préfère jouer la carte de la sécurité", confie t-il. En attendant, le professionnel de santé conseille de nouveau l'utilisation des "substituts nicotiniques" comme les patchs.

Des pharmaciens ont également décidé de réagir suite à ces annonces. Michel Lecoq, pharmacien à Saint-Denis, a décidé de "déconseiller fortement l'utilisation du Champix" à ceux qui veulent s'en procurer "tant que la lumière ne sera pas faite sur ce produit". "Si une personne en veut absolument, je lui donne. Je n'ai pas le droit de refuser la vente. Je fais juste mon devoir d'information", explique t-il.

Pour l'instant, le Champix est toujours autorisé à la vente. Néanmoins, la polémique qui enfle autour de ce produit fait penser au scandale du Médiator. "Il ne faut pas lancer des conclusions hâtives. Mais si ces problèmes sont avérés, une réflexion devra être menée sur le rôle de l'Afssaps", admet le médecin tabacologue de l'ouest.

Mounice Najafaly pour
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