Dépôt de bilan pour le pionnier de la photo argentique

Clic-clac, Kodak c'est fini

  • Publié le 20 janvier 2012 à 07:00

Kodak, le pionnier de l'histoire de la photographie a déposé son bilan ce jeudi 19 janvier 2012. Créé en 1880, la société au logo rouge et jaune a régné sur le monde des appareils photo jusque dans les années 1990, avant d'être en proie à des difficultés financières depuis le passage au numérique. Kodak, ancien géant du film argentique, est en faillite et s'apprête à tirer sa révérence. Temps de nostalgie pour les photographes professionnels mais aussi pour les laboratoires photo qui ont connu l'époque des pellicules, des négatifs et des tirages sur papiers Kodak.

Incapable de prendre le virage du numérique, dépassé par les firmes Sony, Canon, ou encore Fuji, Kodak a amorcé son déclin au fil des années 1990. Depuis 2003, l'entreprise a fermé 13 usines, supprimé 130 laboratoires et 47 000 postes. Depuis 2007, le groupe américain n'a plus enregistré de bénéfice. Et ce 19 janvier 2012, le pionnier de la photographie a déposé son bilan.

Place à la nostalgie pour tous ceux qui ont connu la belle époque de Kodak. Emmanuel Grondin, photographe de presse au Quotidien, se souvient que "Kodak était une référence". "J'ai commencé à faire de la photo vers 1986. Pour le noir et blanc, les produits Kodak étaient les meilleurs, le grain était d'une très bonne qualité", se souvient-il. Jusqu'à la fin des années 1990, il restera fidèle à Kodak. "C'était une belle époque, complètement différente de celle d'aujourd'hui. Il fallait aller au laboratoire pour développer ses pellicules, et puis on faisait le tirage sur les beaux papiers Kodak", raconte-t-il.

Malgré tout, les photographes de presse sont passés à l'ère du numérique, comme tout un chacun. "Il y a un moment où on a été obligé de faire une croix sur l'argentique, et donc sur Kodak. Le numérique a permis un gain de temps énorme pour les professionnels de la photo, et malheureusement, Kodak n'a pas suivi le rythme. Ils ont pourtant essayé. Moi, j'ai testé des boîtiers numériques Kodak, mais la qualité n'était vraiment pas géniale", commente Emmanuel Grondin.

Pour Richard Bouhet, photographe de presse à Imaz Press Réunion, "la mort de Kodak, c'est la fin d'une génération". "On est passé dans un autre monde de la photographie, avec une vision, une perception, et un mode de fonctionnement totalement différents", note-t-il. Lui a découvert l'art de la photographie avec Kodak. "J'ai commencé dans le métier avec ce matériel. Il fallait faire attention au nombre de poses qu'il restait sur la pellicule", se remémore-t-il. Aujourd'hui, avec les cartes mémoire, la donne est complètement différente.

La fin de Kodak n'est d'ailleurs une surprise pour personne. "On s'y attendait depuis longtemps, ça fait des années qu'on annonce la mauvaise situation de Kodak. Le fait que l'entreprise ferme ne sera un choc pour personne. Le numérique a été un grand coup pour eux, et la reconversion a été extrêmement difficile", explique David, employé dans un labo photo à Saint-Denis.

Si "le numéro 1 de la pellicule" disparaît, David ne craint pas pour autant pour son activité. "Kodak n'a pas été le seul à souffrir du passage au numérique. Les studios ont eu une période de transition assez dure, parce que les gens se sont mis à stocker leurs photos sur leur ordinateur, et ils ne voulaient plus les faire développer", indique David. Il note pourtant que "depuis quelque temps, on se remet à développer". "Je suppose que les gens ont envie de garder une trace en version papier dans leurs albums de famille", ajoute-t-il.

Toutefois, ce sont les clichés des appareils numériques qu'on développe de nos jours. Kodak a manqué ce train, c'est pourquoi le géant américain est en faillite. Un énorme chapitre de la photographie se referme. Clic-clac... de fin.

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