Vie chère - En attendant la baisse de 40 produits

Le chariot des Réunionnais au prix fort

  • Publié le 28 février 2012 à 07:00

Tous les regards sont fixés sur la préfecture ce mardi 28 février 2012. C'est en effet en fin d'après-midi que doit être rendue publique la liste des 40 produits qui feront l'objet d'une baisse ou d'un gel des prix. Pour autant, à écouter les paroles de certains foyers réunionnais, personne ne se fait d'illusion sur cette annonce. Beaucoup notent que dans les grandes surfaces, les prix ont augmenté depuis un certain temps, et assurent qu'une baisse de 20 ou 30 % ne changera strictement rien au problème de la cherté de la vie.

Tout au long du week-end, les représentants du monde économique, de l'observatoire des prix, des associations de consommateurs, des collectivités et des pétroliers se sont rencontrés en préfecture. Leur objectif : établir ensemble la liste des 40 produits de première nécessité dont les prix baisseront ou seront gelés à partir du 1er mars. Devraient être concernés les produits laitiers, la viande, ou encore les légumes.

Néanmoins, les producteurs locaux ont déjà annoncé qu'ils ne pourront pas descendre leur prix, faute de quoi leurs entreprises se retrouveraient en danger. Isidore Laravine, secrétaire adjoint de la chambre d'agriculture et dirigeant de la CGPER (confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion) a été consulté ce lundi dans le cadre d'une baisse éventuelle sur certains produits. Même s'il "comprend la détresse des consommateurs", il précise : "Il est absolument impossible pour les agriculteurs de baisser leurs prix, parce que tous nos postes de dépenses ont augmenté et nous ne pouvons plus rogner sur nos marges".

Isidore Laravine estime que "si des efforts doivent être faits, c'est à la grande distribution de les faire". "On vend notre kilo de tomates à 0,80 euro aux grandes surfaces, prix sur lequel on a dix centimes de marge. En supermarché, on va retrouver ce même kilo de tomates à 1,60 euro, voire 2 euros, et on ne connaît pas les marges de la grande distribution, ni ses coûts, ni ses dépenses, ni ses obligations", souligne-t-il. "Accepter de rogner sur nos marges serait suicidaire", poursuit le secrétaire adjoint de la chambre d'agriculture, précisant que "les éleveurs et planteurs sont dans une grande inquiétude après une difficile période de sécheresse dans le Sud et l'incendie qui a dévasté le Maïdo".

Il indique par ailleurs que les échanges auxquels il a assisté en préfecture ont concerné quatre légumes, dont les tomates et les aubergines, ainsi que le lait et la viande de poulet et de porc. Cependant, pour lui, "la baisse sur 40 produits n'est pas suffisante, il faut repenser à une refonte plus globale de l'économie".

Pour sa part, Jean-Hugues Ratenon, président de l'ARCP (alliance des Réunionnais contre la pauvreté), "regrette de ne pas avoir été invité à assister aux discussions en préfecture sur les 40 produits". Il explique qu'on lui a demandé de transmettre une liste, mais estime que "ce n'est pas une bonne méthode de travail". "Ce n'est pas la liste de Ratenon ou d'un autre, la liste doit faire l'objet de concertations de la part de tous les partenaires", explique-t-il. Il souhaite également la réactualisation de l'accord Cospar et l'intégration à cet accord des 40 produits qui seront dévoilés ce mardi. En attendant, il considère que "la population est en train de se faire rouler dans la farine".

Une population qui subit la cherté de la vie depuis un moment déjà. Plusieurs ménages font état de difficultés financières au quotidien, et ont remarqué des changements notables en allant faire leurs courses. Nombreux sont ceux qui se plaignent de la cherté de la vie. Un chariot d'une trentaine de produits de première nécessité, dont lait, riz, grains, conserves, savonnettes, dentifrice, ou encore couches pour bébé, atteint facilement les 60 voire 70 euros. Et certains de ces produits ne tiennent pas le mois, d'autant plus lorsque la famille est nombreuse.

Sophie, 50 ans, mère de famille, avoue dépenser 450 euros par mois en courses . Et pourtant, elle essaye de regarder attentivement les prix des différentes grandes surfaces, et d'acheter les produits en promotion. Elle se rappelle qu'au moment où l'euro est entré en vigueur, son chariot pour le mois ne coûtait que 200 euros. "Mais aujourd'hui, on a l'impression que tout a augmenté, l'huile, le lait, le riz, l'assouplissant", témoigne-t-elle. Elle cite l'exemple du sachet de riz qu'elle payait à 3 euros en promotion et qui coûte aujourd'hui plus de 5 euros toujours en promotion. Sophie se dit "sceptique" face aux 40 produits qui seront sur la liste.

Sylvie, elle aussi mère de famille, confie "avoir fait des restrictions sur quelques produits pour faire des économies". "Mon mari et moi, on a décidé de faire l'impasse sur les boissons gazeuses ou les biscuits et le chocolat en tablette dont je raffole pourtant. Notre priorité, c'est devenu les couches et le lait pour notre bébé, mais il faut vraiment bien fouiller pour trouver les produits les moins chers et pour nous, on se concentre sur les produits discount", raconte-t-elle.

Sylvie signale aussi qu'elle a remarqué "une hausse de certains prix depuis deux semaines". "Les petits pots que j'ai l'habitude d'acheter à 3,50 euros sont passés à 3,70 euros tout d'un coup, ça fait quand même un écart de 20 centimes qui finit par peser lorsque le mois se termine", s'indigne-t-elle. Elle assure également qu'un pack d'eau minérale avait fait un bond d'un euro il y a peu, et déplore que les prix Cospar aient disparu. "On a ressorti les étiquettes la semaine dernière, on se demande pourquoi", raille-t-elle.

En faisant les courses ce lundi, de nombreux Réunionnais scrutaient les prix des produits. Des prix qu'ils estiment pour la plupart bien trop chers par rapport à leur budget. "Il n'y a pas que les produits alimentaires qu'il faudrait baisser. Les loyers, l'électricité, la téléphonie, l'Internet, tout est trop cher", souffle un consommateur derrière son chariot. La liste des 40 produits de première nécessité gelés ou en baisse n'est pas encore dévoilée, mais la déception se fait déjà ressentir.

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2 Commentaires
moufia
moufia
12 ans

3 euro le kg de riz à la Réunion c'est une honte .J'y ai vécu il y a 18 ans j'étais là lors des évènement du Chaudron la vie était déjà chère mais au moins tout un chacun avait accés à son sac de riz sans se ruiner.Courage à tous et que le calme règne au plus vite!

ampin
ampin
12 ans

Biento nou va manz galé....