Education

Les devoirs aggravent-ils les inégalités sociales?

  • Publié le 10 avril 2012 à 06:00

La quinzaine sans devoirs proposée au niveau national par la fédération de parents d'élèves FCPE a relancé un vieux débat : les devoirs à la maison sont-ils bénéfiques aux enfants? Même si un arrêté datant de 1956 interdit le travail après l'école, dans les faits, les élèves passent souvent plus d'une heure à potasser le soir. Et la masse des écoliers se divise entre ceux que les parents peuvent aider et les autres. A la Réunion où les inégalités sociales sont exacerbées, la question mérite encore plus d'être posée.

Les petits écoliers applaudissent des deux mains mais les parents, pas forcément. La FCPE a lancé, au mois de mars, un appel à une quinzaine sans devoir pour lutter contre les inégalités scolaires. Les devoirs à la maison donnés par les enseignants visent à permettre aux enfants de mieux assimiler les notions apprises en classe mais les conditions dans lesquelles ceux sont faits menacent-ils le devoir d'égalité dû par l'Education Nationale?

" Si on supprime les devoirs à la maison on casse le lien parents - enfants qui se crée le soir autour de ce travail. Les devoirs à la maison permettent aux parents de vérifier que l'enfant suit à l'école ", estime Claude Guezello, président de la PEEP à la Réunion. Car le but de ces devoirs est d'approfondir le travail fait en classe pour s'assurer de l'assimilation des notions apprises durant la journée. Mais certains témoignages font état de plus d'une heure de travail après le goûter... " Bien sûr, il ne faut pas que l'élève soit surchargé. Mais une demie heure de travail le soir ne peut que aider l'enfant ", tempère Claude Guezello.

Se pencher ensemble, sur les mêmes problèmes de mathématiques ou leçons d'histoire favorise certainement les rapport et montre l'intérêt de la famille pour le travail du petit, mais qu'en est-il des parents qui ne peuvent pas s'adonner à cette activité? " Aujourd'hui, tout est fait pour que l'enfant puisse faire ses devoirs. Il existe des cours de soutien pour que les enfants défavorisés puissent être accompagnés ", poursuit Claude Guezello.

Du côté de la FCPE, le son de cloche est différent. C'est cette association de parents d'élèves qui a, au niveau national, lancé l'initiative de " la quinzaine sans devoir ". Le but est de démontrer que les devoirs à la maison n'ont pas vraiment d'effet sur l'assimilation du savoir mais surtout qu'ils aggravent les inégalités.

Et dans l'île, le contexte social accentue le problème. " A la Réunion, le chômage des jeunes et le nombre important de familles monoparentales pose un problème. Nous estimons que les devoirs doivent être faits à l'école de manière à soulager les parents à la maison", explique Patrice Souprayenmestry, président du CDPE (conseil départemental de la FCPE). Il rappelle qu'à la Réunion, 52% des familles sont considérées comme vivant sous le seuil de pauvreté fixé à 800 euros par mois. " Beaucoup de parents sont en difficultés et n'ont pas la possibilité de suivre leur enfant, notamment, parce qu'eux mêmes ont un faible niveau d'études ", poursuit Patrice Souprayenmestry.

Donc l'intérêt de la suppression des devoirs serait de donner la possibilité aux enfants qui en ont la capacité de s'extraire de leur milieu social en matière d'éducation. Et pour la FCPE, il faut même aller plus loin. L'association plaide pour un remaniement de l'emploi du temps scolaire et une semaine de cinq jours avec des journées allégées. " Cela permettrait aussi au monde enseignant de mieux préparer le programme ", conclut Patrice Souprayenmestry.

Pour sa part, le ministre de l'Education, Luc Chatel avait réagit de manière virulente à cette quinzaine sans devoir, dès son lancement le 26 mars. " Ce type d'initiative mal­heu­reuse abîme la notion même de mérite répu­bli­cain (...) Avec le péda­go­gisme, le renon­ce­ment à l'effort est l'un des grands maux qui ont trop long­temps affai­bli notre École . (...) Les enfants des familles favo­ri­sées béné­fi­cie­ront tou­jours d'un enca­dre­ment et d'un sou­tien à domi­cile ", a-t-il ainsi déclaré dans un communiqué.

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2 Commentaires
k
k
11 ans

Les devoirs à la maison ne sont pas là pour faire du mal aux enfants ni aux parents et quelque soit la classe sociale; en effet il permet un suivi de ce que fait l'enfant à l'école par le parent, qui est censé se soucier de ce genre de choses, le but n'étant pas de donner une tonne de travail à faire non plus. Mais si l'enfant dès le plus jeune âge ne s'exerce pas à ouvrir ses livres et cahiers, arrivé au collège il n'aura pas le bon réflexe et les parents à ce niveau ne seront plus forcément aptes à aider son enfant ! mais n'aggravont pas les inégalités sociales, laissons nos enfants s'abbrutir devant la télé ou faire n'importe quoi sur internet !!!

PASQUINEL
PASQUINEL
11 ans

Avec une moyenne de 3H30 de télévision par jour ( statistique officielle) , est ce vraiment les "devoirs" qui sont source de problème , sachant que par ailleurs plus les catégories sont favorisées et moins les enfants regardent la télé .