Dans son édition du samedi 14 avril 2012, le journal Le Monde consacre un article d'une page au moringue, et plus particulièrement à l'association réunionnaise Kaiasse. Implantée à Sainte-Suzanne, cette structure initie les enfants à cet art mêlant mouvements de danse, coups de pieds, roulades et autres saltos. L'occasion de s'intéresser d'un peu plus près au travail de cette association, qui à travers la pratique du moringue, permet aux jeunes Réunionnais de renouer avec leur histoire et leur patrimoine, et ainsi de mieux comprendre qui ils sont. À noter que les photos illustrant le reportage du Monde ont été réalisées par Imaz Press Réunion.
Fondée en 1996 à Sainte-Suzanne, l'association Kaiasse (kiltir, animation, insertion, artisanat, solidarité, sports, environnement), a été créée pour aider à l'insertion sociale de publics en difficulté, par le biais d'actions de proximité, culturelles et sportives. Aujourd'hui, l'association compte une centaine d'adhérents, âgés entre 4 et 50 ans, et son activité phare est le moringue. Kaiasse a d'ailleurs ouvert une école de moringue en 1998, animée par dix entraîneurs."Le moringue, c'est notre histoire, notre héritage. C'est un vecteur d'insertion pour la jeunesse, et un transmetteurs de connaissances pour la population en général", indique Max Carpin, l'un des membres fondateurs de l'association Kaiasse. "Et notre histoire, c'est notre richesse", ajoute-t-il.
Trouvant ses origines en Afrique, le moringue a été "importé" à La Réunion par les esclaves. Né au temps du Code Noir, la pratique de cette activité a traversé les décennies, et représente désormais le lien entre combattants d'hier et d'aujourd'hui. Toutefois, la lutte guerrière de l'époque a laissé place à une activité sportive ressemblant davantage à de la danse acrobatique.
"A Kaiasse, notre objectif est de faire la paix avec notre histoire. Nous voulons donner la possibilité aux jeunes de se connaître, d'explorer leur passé, et je pense que c'est ainsi qu'ils parviennent à se découvrir eux-mêmes", souligne Max Carpin.
L'esprit "Kaiasse", c'est une immersion dans l'histoire réunionnaise, mais aussi une expansion vers tous les horizons. "Quand on apprend à se connaître, on est plus apte à s'ouvrir aux autres, à échanger avec eux. Le moringue nous apprend ça aussi, ces valeurs de partage et de respect. Respect pour la Terre qui nous accueille, respect pour les lutteurs", indique Max Carpin.
A raison de deux fois par semaine, des séances d'entraînements au moringue sont organisées par Kaiasse. Enfants, mais aussi adolescents et adultes peuvent s'initier à cet art, entre combat et danse, les mardi et vendredi à partir de 17 heures.
Depuis 2003, l'association a aussi mis en ?uvre une école d'apprentissage des arts martiaux. Kaiasse s'est ouvert notamment aux arts martiaux philippins, plus connus sous le nom de Kali Arnis Eskrima. Appréciés pour leurs techniques sophistiquées d'armes tels que le bâton ou le couteau, ces arts martiaux sont aussi de redoutables systèmes de combat à mains nues et de défense contre les armes blanches.
L'équipe réunionnaise de Kali a été créée en 2004, et a participé aux championnats du monde Wekaf aux Philippines. Avec un groupe de six combattants, l'équipe de La Réunion a glané sept médailles. En 2009 et 2010, l'association Kaiasse a organisé deux stages d'immersion dans les camps d'entraînement des grands maîtres philippins. Cette année 2012, l'équipe réunionnaise de Kali participera aux championnats du monde Wekaf. Une délégation de près de 50 membres portera les couleurs de La Réunion.
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