Ministère de l'Outre-mer

Marie-Luce Penchard fait acheter ses livres par l'Etat pour 10 000 euros

  • Publié le 20 mars 2013 à 06:17

"Outre-mer, terres d'avenir". C'est le titre du livre avec lequel Marie-Luce Penchard, ancienne ministre chargée de l'Outre-mer, espérait séduire les électeurs lors des législatives en juin 2012, selon les informations du journal Le Canard Enchainé. Mais avec seulement 14% des suffrages, elle a connu une nette défaite dès le premier tour face à Victorin Lurel, devenu depuis ministre des Outre-mer. Le Canard Enchaîné révèle surtout que Marie-Luce Penchard a fait acheter par les services du ministère 500 exemplaires de son ouvrage, tiré à 1 500 exemplaires. Selon l'éditeur, Marie-Luce Penchard a en réalité fait commander 1 000 exemplaires par le ministère de l'Outre-mer, à 10 euros pièce, soit une dépense publique de 10 000 euros...Sollicité par Imaz Press Réunion pour savoir si une plainte pour détournement de fonds publics serait déposée, l'actuel ministre des Outre-mer n'a pas répondu.

Juste avant de quitter son fauteuil de ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard a fait acheter par les services du ministère 500 exemplaires - soit le tiers du tirage total - de l’ouvrage qu’elle venait de publier aux éditions Jean-Claude Gawsevitch. C’est ce que révèle Le Canard Enchaîné.

En réalité, deux commandes de 500 exemplaires, soit un total de 1 000 exemplaires à 10 euros pièce, auraient été passées et payées par le ministère de l’Outre-mer lorsque Marie-Luce Penchard en était encore la ministre. Ce qui représente une dépense publique de 10 000 euros. Contacté par téléphone, le service communication de l’éditeur Jean-Claude Gawsewitch confirme dans un premier temps que "la commande par le ministère de l'Outre-mer est de 500 exemplaires". "Mais selon certaines sources, on dit que ce sont 1 000 exemplaires qui ont été commandés", fait-on remarquer à l'interlocutrice. "Attendez, je vais vérifier", répond-elle, avant de revenir quelques minutes plus tard confirmant la commande de 1 000 exemplaires par le ministère de l'Outre-mer.

Intitulé "Outre-Mer, terres d’avenir", le livre de Marie-Luce Penchard est un livre d’entretiens conduits par le journaliste de l’AFP Eric Bassi paru en mai 2012. Il était destiné à appuyer la candidature de la ministre aux élections législatives en Guadeloupe, où elle a fait pâle figure en recueillant uniquement 14% des suffrages, accusant ainsi une défaite dès le premier tour face à Victorin Lurel.

Pourquoi le ministère de l’Outre-mer aurait-il besoin de 1 000 exemplaires de ce livre ? La question reste entière. Marie-Luce Penchard a pour sa part promis au Canard Enchaîné qu’elle avait "renoncé à tout droit d’auteur". A quel profit ? On l’ignore. Sollicité pour savoir s’il avait l’intention de porter plainte pour détournement de fonds publics, Victorin Lurel, actuel ministre des Outre-mer, n’a pas répondu à nos questions.

Par ailleurs, dans cette affaire, des soucis de paiement ont été également signalés. En effet, Eric Bassi, qui est co-auteur du livre "Outre-Mer, terres d’avenir", a attendu 10 mois avant d’être rémunéré. "Au départ, il n’y avait pas de contrat. Marie-Luce Penchard et son cabinet ont fait appel à moi pour écrire ce livre. J’avais de bons rapports avec elle, comme j’en ai avec son prédécesseur et avec son successeur. Je lui ai fait confiance", explique le journaliste de l’AFP qui a été en charge de l’Outre-mer de 2007 à 2011.

Eric Bassi ajoute que le cabinet de Marie-Luce Penchard lui "avait fait la promesse d’un forfait". Un forfait confirmé par l’ancienne ministre. Pourtant, alors que le livre paraît en mai 2012, le journaliste ne touchera rien jusqu’à ce mois de mars 2013. "A l’automne, je n’avais toujours pas de paiement. J’ai contacté l’éditeur qui m’a dit qu’aucune rémunération n’était prévue pour moi", indique Eric Bassi. Evoquant ce sujet avec le service communication de l’éditeur Jean-Claude Gawsewitch, l'interlocutrice indique "ne pas savoir qu'il y a eu des soucis" et "ne pas être en mesure de nous répondre". "Je ferai part de votre demande à mon supérieur, il est actuellement en réunion", dit-elle. Il ne rappellera pas.

"En décembre, je n'avais toujours rien touché. A l’époque, j’envisageais de porter plainte contre l’éditeur. A force de me remuer, de passer des coups de fil, d’envoyer des messages, j’ai fini par avoir Marie-Luce Penchard. Elle m’a dit qu’elle règlera l’affaire elle-même en venant à Paris au début du mois de mars", poursuit le journaliste de l'AFP. Il est ensuite contacté par l’éditeur, mais celui-ci évoque la moitié de la somme promise. "Le lendemain, il me propose finalement un contrat avec la somme de départ, mais en tant que rewriter alors que je suis co-auteur", note Eric Bassi. Il touchera finalement un chèque du montant prévu au départ et en tant que co-auteur, au début de ce mois de mars.

"Ça me paraît incroyable d’avoir été payé 10 mois après la parution du livre. C’est une drôle de méthode. Ça va me servir de leçon pour la prochaine fois. Même si j’ai de bons rapports avec la personne, je signerai d’abord un contrat", dit Eric Bassi. Sur le millier d’exemplaires ayant été acheté par le ministère de l’Outre-mer, il indique clairement que "c’est du détournement de fonds publics". "Je ne sais pas ce que Victorin Lurel va faire mais il pourrait y avoir des suites", conclut Eric Bassi.

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1 Commentaires
zinfos, depuis son mobile
zinfos, depuis son mobile
11 ans

Vous devriez faire attention a vos concurrents qui doivent surveiller vos infos comme le lait sur le feu