Grossesses précoces

Sept fois plus d'accouchements chez les mineures à La Réunion qu'en métropole

  • Publié le 11 avril 2013 à 06:17

Dans son dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire, l'institut de veille sanitaire (InVS) a publié une étude consacrée aux grossesses précoces à La Réunion. Selon cette étude, menée en 2009 auprès de 145 jeunes filles mineures, La Réunion est le deuxième département français en termes de grossesses précoces, derrière la Guyane, et le troisième en termes d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) chez les mineures. Il est dénombré dans notre département deux fois plus d'IVG et sept fois plus d'accouchements qu'en métropole. Il ressort également de l'étude qu'il persiste des idées fausses sur la fécondation et la contraception.

Selon l’étude parue dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’InVS, depuis ces dix dernières années, le nombre de naissances chez les moins de 18 ans à La Réunion est relativement stable, autour de 600 par an. Mais la proportion d’IVG dans cette tranche d’âge n’a cessé de progresser, passant de 6,2% en 1996 à 12% en 2008. Et ce, précisent les auteurs de l’enquête, malgré les politiques de prévention nationales ou locales, les modifications de la législation sur l’IVG et l’instauration de la contraception d’urgence.

L’enquête a été menée entre les mois d’avril et d’octobre 2009 auprès de 145 jeunes filles mineures, dont 97 ont eu recours à une IVG et 48 sont allées au bout de leur grossesse. Les auteurs de l’étude notent que la majorité des participantes étaient âgées de 16 ou 17 ans au moment où elles sont tombées enceintes. 5,6% des jeunes filles qui ont répondu avaient moins de 15 ans.

Pour 83,4% des personnes interrogées, il s’agissait d’une première grossesse. Près de 8,3% d’entre elles avaient déjà un enfant et 7,6% avaient déjà eu recours à une IVG. Le taux de scolarisation de ces jeunes filles est estimé à 85,5%, dont la moitié sont en collège ou lycée d’enseignement général.

La plupart de ces adolescentes habitaient chez leurs parents au moment de leur grossesse. Elles étaient 4,1% à être placées en foyer. L’enquête souligne également que 23,4% des mères des jeunes filles interrogées avaient elles-mêmes eu une première grossesse précoce.

L’enquête fait apparaître que parmi les 145 jeunes filles interrogées, près d’un quart n’avait jamais employé de moyen contraceptif, et 41,7% d’entre elles n’utilisaient pas de moyen contraceptif le mois où la grossesse a débuté. Parmi elles, 33,6% ont fait part d’un manque d’anticipation des rapports sexuels (pas de partenaires réguliers, rapports sexuels non prévus…) et 26% estimaient ne pas pouvoir être enceinte dès le premier rapport sexuel, soulignent les auteurs de l’étude.

Il apparaît également que plus de 90% des adolescentes qui ont répondu connaissaient l’existence de la contraception d’urgence, mais seules 16,6% l’ont utilisée. Des difficultés d’accès ont été rapportées par 6,6% d’entre elles, qui ont notamment cité un coût trop élevé ou une demande trop délicate à exprimer.

A noter que la moitié des adolescentes ayant opté pour l’IVG ont expliqué leur grossesse par un problème de contraception, l’autre moitié a déclaré ne pas y avoir eu recours. 

L’enquête précise que parmi les jeunes filles ayant fait le choix de l’IVG, 3,1% ont rapporté un désir initial de grossesse et/ou d’enfant. Une envie partagée par 7,2% des partenaires. Concernant les adolescentes ayant choisi de poursuivre leur grossesse, plus de la moitié ont expliqué leur choix par un désir de grossesse et/ou d’enfant ; 20,8% des partenaires partageaient ce projet.

Les auteurs de l’étude constatent ainsi que les grossesses précoces à La Réunion ne coïncident pas systématiquement avec déscolarisation et que certaines des maternités peuvent être désirées et heureuses. Toutefois, les mineures semblent confrontées à une utilisation mal maîtrisée des moyens contraceptifs, le plus souvent par manque d’anticipation des rapports sexuels.

À la suite de ces constatations, les auteurs estiment qu’il serait utile de renforcer l’accompagnement des adolescentes à toutes les étapes de leur vie sexuelle. Il conviendrait notamment d’orienter au mieux les jeunes filles en demande d’IVG pour lutter contre les errances et les retards de prise en charge, et accompagner les grossesses désirées, souligne l’étude.

Rappelons que depuis le 31 mars 2013, la contraception est gratuite pour les mineures. Les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans peuvent en effet obtenir pilule, stérilet ou implant sur ordonnance et en présentant la carte Vitale de leurs parents.

www.ipreunion.com

 

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1 Commentaires
Lilas
Lilas
10 ans

Les parents doivent être à l'écoute de leurs enfants c'est à eux de parler de sexualité à leurs enfants, mais dans beaucoup de familles la sexualité est encore un sujet tabous.on voit aujourd'hui des gamines de 12ans enceintes et dans des familles cela devient une banalité.C'est un probléme sociétal très grave car il y va de l'avenir des jeunes parents mais aussi du bébé.