
L'eau était trouble et relativement agitée avec des creux de 1,5 à 2 mètres ce mercredi matin. Ce qui explique sans doute que le bodyboader était quasiment seul sur le spot des Brisants. "Ce matin après une inspection du spot, nous avons déterminé que le manque de visibilité rendait le site dangereux" expliquait au micro de radio Festival, Robert Boulanger, président de la ligne de surf. Une mer trouble et agitée démultiplie en effet le risque de présence et donc d'attaques de requins. "Nous avons pris la décision d'annuler tous les cours de surf. La nouvelle a été relayée dans le réseau des surfeurs locaux, mais il est vrai que les touristes n'ont pas beaucoup de moyens d'être informés" ajoute, en substance, le président de la ligue en déplorant le manque de communication.
"Une grosse mare de sang"
Du coup au moment du drame il y avait des dizaines de personnes sur le sable "mais seulement quelques enfants tout à fait au bord de l'eau. Elle était sale. On regardait le bodyboader au large. Il était seul. Des gars lui ont crié de sortir de l'eau, mais il n'a pas dû entendre à cause du vent. Et puis d'un coup la planche a sauté très haut et nous avons vu une grosse mare de sang. J'ai compris tout de suite" raconte un témoin, encore sous le choc. Les témoins ont éloigné les enfants. "Tout le monde s'est mis à hurler sur la plage. On a fait sortir tous les baigneurs qui se trouvaient au niveau de Roches noires" relate un jeune surfeur qui était sur la plage au moment de l'attaque. Les maîtres nageurs-sauveteurs du poste du secours se sont mis à l'eau immédiatement pour tenter de porter secours la victime. Mais il était déjà trop tard. Le malheureux avait un poignet sectionné et une grosse plaie à une cuisse. Il avait déjà perdu beaucoup de sang. Les pompiers et le SMUR ont tenté de le réanimer. En vain.
La plage a été évacuée et les drapeaux rouges requins hissés sur les plages des Brisants et des Roches noires. "Ce qui ajoute encore à l'horreur est que le drame s'est quasiment passé sous les yeux de l'épouse du bodyboader" souligne un témoin boulversé. Très choquée, la jeune femme a été prise en charge par les pompiers. Arrivé depuis peu dans l'île, le couple était en voyage de noces. Le bodyboarder avait loué sa planche pour la matinée. "C'est bizarre d'ailleurs, pourquoi autoriser la location des planches alors que le drapeau orange vigilance requin est hissé. Franchement, on ne comprend pas, l'État fait n'importe quoi. Le touriste voulait juste s'amuser un peu, il en est mort" ne décolère pas un adepte des sports de glisse présent sur place.
Le préfet estime que "les conditions de pratique étaient défavorables"
Dans un communiqué publié en milieu d'après-midi, le préfet de La Réunion, Jean-Luc Marx souligne que "les conditions de pratique étaient défavorables : eau chargée, houle sur la côte ouest. Il est à noter que les pratiques encadrées organisées à Saint-Paul le mercredi avaient été annulées ce jour compte tenu de ces conditions". Il ajoute "l’enquête que j’ai demandée, en cours, pourra compléter ces éléments". Le préfet précise aussi "qu'il s’agit de la première attaque mortelle depuis le mois de juillet 2012 sur les côtes de La Réunion".
Jean-Luc Marx dit aussi que "cet accident intervient dans un contexte où de nombreuses mesures de prévention et de gestion du risque "requin" sont en cours, en lien étroit avec les services de l’Etat, les communes (en particulier Saint-Paul), les professionnels des activités nautiques, les associations, la ligue de surf ainsi que les professionnels de la pêche". Il s’agit notamment de l’amélioration de la connaissance au moyen d’études scientifiques, dont l’étude CHARC et de l’évaluation du dispositif vigie-requin en cours". Il termine en affirmant que "l’Etat poursuivra avec détermination son action en liaison avec ses partenaires pour perfectionner les outils de prévention et de gestion du risque requin à La Réunion".
La ligue de surf présente ses condoléances et appelle à la prudence
Pour sa part, la ligue de surf a publié le communiqué suivant en fin d'après-midi. "Le bureau de la ligue réunionnaise de surf et ses clubs affiliés présentent ses condoléances à la famille et aux proches de la victime de l’attaque survenue ce jour. La ligue réunionnaise de surf tient à rappeler que la saison hivernale ayant débuté, le risque requin est accru, les consignes de sécurité doivent être scrupuleusement respectées. L’ensemble des conditions doit être réuni afin de s’exposer le moins possible au danger. Des créneaux de surveillance ont été mis en place, nous vous conseillons vivement de vous rapprocher des différentes associations qui mettent en oeuvre ce dispositif".
À noter que Jacqueline Farreyrol, sénatrice et présidente de l'IRT (Ile de La Réunion tourisme) estime dans un communiqué publié dans la soirée de mercredi que la victime est "passé outre les interdictions et recommandations (de ne pas surfer – ndlr)
pourtant visibles et connues de tous"
Dix attaques, dont quatre mortelles, en deux ans
Pour rappel, dix attaques, dont quatre mortelles, ont eu lieu entre celle de ce mercredi et février 2011. En effet, ce 23 avril 2013, un jeune surfeur de 20 ans était chargé par un squale sur le spot de la jetée à Saint-Pierre. Il n'a pas été blessé. C'était la première grosse alerte (même si des requins ont régulièrement été signalés sur la côte ouest) depuis le dimanche 5 août 2012. À cette date en fin d'après-midi, le surfeur Fabien Bujon était attaqué par un squale sur le spot de Saint-Leu. Il a survécu, mais l'animal est parvenu à lui arracher la main et le pied droits. Cette attaque, la première à Saint-Leu, survenait alors que 15 jours plus tôt, le lundi 23 juillet 2012, Alexandre Rassiga, 21 ans, avait été tué par un squale alors qu'il surfait sur le spot de Trois Bassins. le lundi 5 mai 2012, Gérard Itéma, un bodyboarder de 31 ans, avait été attaqué aux abords du Port de la marine de Saint-Benoît vers 14 heures 30. Sa planche avait été mordue à deux reprises. L'homme n'avait pas été blessé
En 2011, six attaques de requins avaient été recensées. Le vendredi 11 novembre 2011, un pêcheur apnéiste avait alors été surpris par un requin au large de l'anse des Cascades à Sainte-Rose. Alors qu'il s'apprêtait à rejoindre son embarcation, l'homme, un Saint-Joséphois de 42 ans, a été blessé au pied gauche. Le mercredi 5 octobre 2011 aux alentours de 10h15, un kayakiste avait été attaqué par un requin au large du Cap la Houssaye (Saint-Paul). Il n'avait pas été blessé.
Le lundi 19 septembre 2011, Mathieu Schiller, ancien champion de La Réunion de bodyboard disparaissait suite à l'attaque d'un squale alors qu'il surfait à quelques mètres du rivage de la plage de Boucan Canot. Le mercredi 6 juillet, c'est un jeune surfeur qui avait été attaqué à Saint-Gilles-les-Bains. Il s'en sortait sain et sauf avec une partie de sa planche arrachée. Le mercredi 15 juin 2011, un bodyboarder, Eddy Auber, avait été tué au large de Ti Boucan. Ce drame s'était produit à la tombée de la nuit après une période de fortes pluies ayant entraîné une pollution des eaux.
Le 19 février 2011, un touriste, arrivé le jour même à La Réunion, avait été attaqué par un squale au large de Grand Fond. Le vacancier a eu la vie sauve mais la jambe sectionnée. Les faits s'étaient produits à la tombée de la nuit dans une eau trouble.
Avant cette dramatique série, il n'y avait plus eu d'attaque de requin depuis celle d'un surfeur le 27 mars 2010 sur le spot du Butor à Saint-Benoît. L'homme s'en était sorti avec quelques égratignures et une planche déchiquetée.
www.ipreunion.com
13 Commentaire(s)
TOUT LE MONDE savait ... sauf la victime.
Le bodyboarder avait loué sa planche pour la matinée. "C'est bizarre d'ailleurs, pourquoi autoriser la location des planches alors que le drapeau orange vigilance requin est hissé. Franchement, on ne comprend pas"
On pense qu'à nous gens de la ligue les autres débrouillez vous! L'absence de sens civique et citoyen de ces gens là m'écoeure au plus haut point! Y en marre! assez! Vous vous sentez pas réunionnais? Vous vous sentez à part dans une bulle (un spot?) priviligiée? Eh bien partez et laissez cette île en paix.
Nous avons a construire nous une société solidaire et respectueuse de l'environnement et de chacun. Plus jamais de tolérance pour ces attitudes de kanyar dorés des plages chez nous.