Plus de 120 000 litres de lait déjà perdus

Conflit à la CILAM : la grogne des éleveurs

  • Publié le 3 juin 2013 à 11:24

Le blocage de l'usine de la CILAM (compagnie laitière des Mascareignes) par les salariés grévistes depuis le mercredi 29 mai pose de gros problèmes aux producteurs de lait, obligés de jeter toute leur production depuis trois jours. Une pilule qui a beaucoup de mal à passer.

" C’est plus qu’un sentiment de colère, les éleveurs sont forcés de jeter leur travail et psychologiquement, ça passe mal ", témoigne Patrick Hoareau, président de la Sicalait, coopérative laitière de La Réunion. Comme tous les producteurs, il est suspendu à l’évolution de la situation à la CILAM. " On ne veut pas rentrer dans le conflit ", explique-t-il, " mais si eux ont fait le choix de la grève, nous on n’a pas fait le choix de couler nos entreprises ! "

Pour les éleveurs, il devient donc urgent que le conflit se débloque. Ce samedi 1er juin, déjà 120 000 litres de lait avaient été perdus, un chiffre qui augmente de jour en jour. " Si ça ne se débloque pas ce lundi, on va perdre encore 100 000 litres de plus ", déplore Patrick Hoareau.

C’est que les producteurs, privés de lieu de stockage et de transformation du lait, se voient totalement démunis face à cette situation. "  C’est une évidence ", souligne Yves Evenat, directeur de la Sicalait. Il s’explique : " Une vache produit du lait tous les jours et pour préserver la santé des animaux, les éleveurs sont obligés de les traire. Nos capacités de stockage et de conservation sont limitées à trois jours maximum, donc nous n’avons pas d’autres choix que de jeter le lait, ce qui pose un problème économique, mais aussi moral. "

Economiquement, une perte de 60 000 litres par jour, selon les chiffres de la Sicalait, entraîne une perte sèche pour les éleveurs de 39 000 euros.

Il leur est par ailleurs impossible d’en faire un quelconque usage, sous forme de don par exemple. "C’est interdit", indique Yves Evenat. " La consommation de lait est réglementée. Il faut tout un processus pour qu’il soit traité et pasteurisé. "

Les éleveurs se retrouvent donc avec des milliers de litres sur les bras sans rien pouvoir en faire, dans l’attente d’une éventuelle sortie de crise. Une douzaine de salariés grévistes de la CILAM ont été assignés en justice par la direction pour blocage du site de production, l’audience ayant lieu ce lundi 3 juin après-midi au tribunal de Saint-Pierre.

www.ipreunion.com

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