Conflits liés à la pêche et au problème requin

Réserve marine : médiation pour divergences de fond

  • Publié le 14 octobre 2013 à 12:20

L'été dernier, l'Etat a mandaté un médiateur à propos des conflits autour de la réserve naturelle marine de La Réunion. Une mission confiée à Philippe Barret, de l'organisme DialTer et spécialiste en dialogue territorial, qui a rencontré une trentaine d'acteurs de tous bords. De la pêche au problème requins, son rapport - remis en septembre - aborde tous les sujets sensibles. S'il assure que le dialogue est possible, il fait surtout ressortir une multitude de points de vue souvent divergents. Philippe Barret préconise la création de groupes de travail en vue d'installer une médiation de 6 à 8 mois.

Au milieu des polémiques et des excès, il est parfois sain d’avoir un point de vue neutre et extérieur. Entre juin et août 2013, Philippe Barret a rencontré énormément de monde pour aborder les problématiques autour de la réserve marine de la Réunion. Il a discuté avec des représentants des autorités locales, du personnel de la réserve marine, des membres de Prévention requin réunion (PRR), d’Océan prévention requin (OPR), de Sea shepherd, de la ligue de surf… En tout, le médiateur a parlé avec près de 30 personnes pour récolter les différents points de vue des acteurs, et leurs suggestions.

Dans ses conclusions, Philippe Barret estime "essentiel de renforcer le dialogue entre scientifiques et usagers", ciblant plusieurs points à débattre : la réglementation en matière de pêche et de chasse sous-marine, le zonage au sein de la réserve délimitant les zones sanctuaires et celles où certains usages sont autorisés ou encore les actions à mener pour contribuer à résoudre la crise requins.

Le médiateur propose ainsi la création de plusieurs instances : un groupe d’appui à la médiation composé d’une dizaine de personnes, et des groupes thématiques "où pourraient s’exprimer les perceptions et les besoins de chaque partie prenante et où se construiraient des propositions de solutions".

Sans surprise, les principales tensions autour de la réserve marine exprimées dans ce rapport concernent la pêche et le problème requins. Si certains estiment ainsi "qu’il faut limiter la pêche" ou que "la pêche au zourite devrait être interdite", d’autres préconisent de permettre la chasse sous-marine selon les règles existantes pour "rétablir l’homme concurrent du requin", mais aussi de permettre la pêche au moulinet et certaines pêches traditionnelles.

Il est également souligné que les limites de la réserve "ne sont pas toujours claires sur le terrain" et qu’on "ne comprend pas le choix des zones de pêche".

Concernant, le problème requins, le rapport évoque "un dialogue de sourds". Si pour certains "la quantité de requins bouledogues est dramatique", pour d’autres "le problème requins est un problème médiatique". Et comme toujours, chacun a ses solutions, avec d’un côté les partisans de la régulation – "il faut accélérer l’autorisation de la pêche professionnelle des requins" – et les autres selon lesquels "pêcher le requin risque de créer de fortes perturbations dans la chaîne trophique".

Bref, même s’il estime avoir rencontré des personnes "favorables au dialogue" – ce qui est déjà un net progrès –, le médiateur risque d’avoir beaucoup de travail pour arriver à un éventuel consensus.

www.ipreunion.com

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