Le premier tour de l'élection se déroule ce vendredi 25 octobre

Présidentielle à Madagascar : un peu d'espoir et beaucoup de doutes

  • Publié le 25 octobre 2013 à 05:00

Ils sont 33 candidats plus ou moins crédibles sur la ligne de départ du premier tour de l'élection présidentielle malgache qui se déroule ce vendredi 25 octobre 2013. Si le scrutin doit permettre au pays de se sortir de la crise politique dans laquelle il est plongé depuis plus de 4 ans, beaucoup s'inquiètent du déroulement du vote et de la légalité des résultats, malgré la présence de 800 observateurs internationaux. "On peut craindre que les dés soient pipés et que les élections fassent l'objet de manipulations", affirme ainsi Philippe Andriantavy, président du Collectif pour Madagascar à La Réunion.

Cela fait plus de quatre ans que la population malgache attend ces élections. Depuis le coup d’Etat de mars 2009 ayant porté au pouvoir Andry Rajoelina. Aussi la population nourrit-elle enfin l’espoir de voir enfin la fin de cette crise politique privant Madagascar de gouvernance démocratique.

Mais avant même le début du premier tour, ce vendredi 25 octobre 2013, certains émettent de nombreuses réserves, comme Philippe Andriantavy, président du Collectif pour Madagascar à La Réunion. "Les élections doivent en théorie être le moyen de sortir de la crise, sauf qu’elles sont organisées par les puchistes", souligne-t-il. Et selon lui, "on peut craindre que les dés soient pipés et que les élections fassent l’objet de manipulations".

Tout d’abord, la situation du pays ne se prête pas vraiment à la tenue d’élections dans les meilleures conditions, comme l’explique Philippe Andriantavy : "Lors des dernières élections, il y avait 12 000 bureaux de vote et c’était déjà très compliqué de recueillir tous les procès verbaux, certains bureaux n’étant accessibles qu’après 4 à 5 jours de marche. Et là on va avoir 20 000 bureaux de vote, ce qui multiplie les risques. On peut avoir de gros doutes sur la transparence et l’honnêteté du scrutin."

D’autant que 30 % de la population est analphabète est que les électeurs vont se retrouver face à une grande feuille unique où figureront 33 noms...

Pour encadrer et surveiller ces élections, 800 observateurs internationaux seront sur place, un nombre bien insuffisant pour le président du Collectif pour Madagascar. "Comment faire avec 800 observateurs pour 20 000 bureaux de vote ? Il y a des risques de bourrage d’urnes", prévient-il, lui qui aurait souhaité une organisation sous l’égide de l’ONU, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire.

Mais Philippe Andriantavy voit également d’autres raisons pour que ces élections soient sujettes à caution, comme le nombre et la personnalité des prétendants. "Trente-trois candidats, cela ressemble à une farce... Une dizaine d’entre eux ne sont pas crédibles, et une dizaine sont des gens interdits d’entrée dans la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) et condamnés après le coup d’Etat de 2009", affirme-t-il.

" La souveraineté malgache n’est pas respectée "

L’homme a ainsi une tout autre vision de la situation malgache que la communauté internationale. Cette dernière s’était en effet félicitée de l’élimination de huit candidats, dont les trois principaux : Andry Rajoelina, Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana. Mais pour Philippe Andriantavy, "la souveraineté malgache n’est pas respectée" et "l’ingérence étrangère pose problème". Il précise : "Les trois plus gros partis, l’AREMA de Ratsiraka, le TIM de Ravalomanana et le TGV de Rajoelina, ceux qui ont le plus de représentativité au sein de la population, ne sont pas représentés ! Ça rime à quoi ?"

De l’extérieur, on aurait pu croire que l’élimination des principaux candidats pouvait faire émerger une classe politique neuve et vierge des maux du passé. Une hypothèse balayée par le représentant du collectif pour Madagascar : "La classe politique est pourrie, mais les nouveaux sont des opportunistes qui sont tout aussi nuisibles. Ce sont pour la plupart des gens qui ont pillé le pays. C’est dramatique qu’ils puissent se présenter au détriment de gens qui ont déjà dirigé le pays", estime-t-il.

A l’aube du premier tour, cinq candidats semblaient sortir du lot des 33 : Hery Rajaonarimampianina, ancien ministre des Finances et candidat quasi officiel d'Andry Rajoelina ; Jean-Louis Robinson, l'homme soutenu par l'ancien président Ravalomanana ; Rolland Ratsiraka, neveu de Didier Ratsiraka, ancien président de la République ; Hajo Andrianainarivelo, ancien vice-Premier ministre ; et Albert-Camille Vital, ancien Premier ministre également. D'après Philippe Andriantavy, "il semble que le docteur Robinson ait les faveurs du public". Pour lui, "si le vote peu s’exprimer librement, il y a de fortes chances pour qu’il soit élu et il faudra que la communauté internationale fasse avec".

"Il y a eu des pressions de certaines puissances, mais quoi qu’il en soit, la volonté du peuple s’exprimera de toute façon", assure-t-il toutefois, prévoyant déjà de violentes manifestations en cas de fraude avérée : "Les gens sont exaspérés, cela fait 4 ans que ça dure... On peut craindre des émeutes si le public s’aperçoit que son vote a été volé", affirme-t-il.

Le président du Collectif pour Madagascar – qui ne pourra pas voter comme tous les Malgaches de l’étranger – suivra donc les prochaines semaines (le 2e tour est prévu le 20 décembre) avec beaucoup d’attention, de craintes, mais sans beaucoup d’espoir : "Je ne me fais pas beaucoup d’illusions. Quand les gens prennent le pouvoir par la force, il est rare qu’ils acceptent de le rendre après des élections. Mais peut-être que la sagesse les prendra..."

www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Rakoto
Rakoto
10 ans

de honte sur la ligue des droits de l'homme, sur la communauté internationale et sur les médias d'avoir par leur silence été complice de la souffrance du peuple malgache et du même coupcomplice d'un dictateur irrespectueux des engagements pris auprès des organisations africaines!Pité SAUVEZ LE PEUPLE MALGACHE DE LA DICTATURE ET DE LA MISERE!Madagascar n'est pas un pays pauvre mais apauvri....!!

lémor
lémor
10 ans

On prend les mêmes et on recommence avec toute la bénédiction de la comminauté internationale...A ce sujet, pourquoi la France qui a décidé de la liste des candidats ne désigne-t-elle pas elle-même directement le nouveau Chef de l'Etat malgache?On gagnerait du trmps et de l'argent!J'espère que l'actualité sera l'occasion pour les médias de faure le bilan de 4 ans de souffrance et de terreur du peuple par un véritable tyran!