Le contexte économique de l'île vu par la métropole

La Réunion souffre encore plus que La Bretagne

  • Publié le 5 novembre 2013 à 10:38

Alors que des manifestations contre l'écotaxe poids lourds secoue la Bretagne depuis plusieurs jours maintenant, dans un article publié ce samedi 2 novembre 2013, le site economiematin.fr dresse le bilan du contexte économique réunionnais, soulignant que La Réunion souffre encore plus. "42% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, 60% de jeunes de 18-25 ans au chômage, une population qui survit notamment grâce aux minimas sociaux"... Le site rappelle que notre île est le "département français le plus pauvre et le plus inégalitaire". "Les émeutes populaires sont récurrentes et témoignent de la violence d'un marasme économique et social d'une autre époque", indique-t-il.

"Comment ce département français d’outre mer a t’il pu en arriver là ? Plusieurs raisons peuvent être avancées mais le problème semble principalement venir de l’incapacité des décideurs à promouvoir un développement économique autonome.  (…) Les fonctionnaires des trois corps de la fonction publique – territoriale, hospitalière et Education Nationale – constituent l’un de ses principaux poumons économiques. Leurs salaires sont la principale source de revenus de l'île. (…) Ces catégories favorisées tirent l’ensemble des prix vers le haut, qu’il s’agisse des loyers ou des biens de consommation courante. Le fossé avec les classes défavorisées ne cesse ainsi de se creuser", écrit economiematin.fr, précisant qu’à titre d’exemple, les professeurs de l’Education Nationale bénéficient d’une augmentation de 53% de leur rémunération par rapport à la métropole, contre 40% en Martinique.

Sur le plan économique, économiematin.fr souligne que "l’île vit également du commerce de la canne à sucre" et que "l’ensemble de la chaîne y est représenté, des agriculteurs aux fabricants d’alcool". "Toutefois, ce secteur ne fonctionne que grâce aux béquilles de l’Europe. Il est subventionné à 75% par la politique agricole commune et n’aurait aucune chance de survie sans cette manne financière", précise-t-il.

"Le tourisme est le troisième grand secteur phare de la Réunion. L’île possède de nombreux atouts, pourtant, sur ce secteur encore, elle ne parvient pas à trouver de modèle pérenne. Au delà de la crise actuelle du requin, le mal est profond. (…) Mais la concurrence est rude avec les îles voisines comme les Seychelles ou l’île Maurice mieux équipées et plus abordables. Le prix des voyages reste également très élevé : impossible de trouver un billet d’avion Paris-Saint Denis à moins de 1000 euros en haute saison, de quoi refroidir de nombreux portefeuilles", ajoute le site.

Enfin, dernière ombre au tableau, selon economiematin.fr, "l’île de la Réunion importe quatre fois plus qu’elle n’exporte, notamment ses besoins en hydrocarbures". "Pour faire face à tous ces problèmes et assurer une paix sociale précaire, les politiques locaux et nationaux tentent d’apporter des solutions, quitte à ressortir de vieilles recettes keynésiennes", précise le site, notant que "depuis la création du DOM en 1946, l’île a toujours manqué d’infrastructures".

"Sur les 25 dernières années, l’Etat a tenté de combler ce retard et investi dans des projets massifs. En 2009, était ainsi ouverte la route des Tamarins, route à deux voies, reliant l’ouest de l’île à travers les montagnes dont le coût est estimé à plus d’un milliard d’euros. Toutefois, malgré un boom d’activité autour du projet, les emplois créés n’étaient pas pérennes et ont disparu avec la fin de la construction. Aujourd’hui, l’Etat, la Région et l’Europe vont investir plus d’un milliard et demi dans la construction d’une Nouvelle Route du Littoral (NRL) reliant Saint Denis à la commune de la Possession. Cet ouvrage gigantesque, constitué d’un viaduc en mer de plus de 5 km et de deux digues d’environ 3,5 km, devrait générer la création d’environ 2000 emplois. A titre de comparaison, le secteur du BTP a perdu près de 10 000 emplois depuis 2008", conclut economiematin.fr.

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