Les services de l'Etat risquent d'être bloqués toute la semaine

Mayotte : la fonction publique en ébullition

  • Publié le 5 novembre 2013 à 05:00

Les fonctionnaires mahorais ne décolèrent pas. Ce lundi 4 novembre 2013, à l'appel d'une large intersyndicale, une nouvelle journée d'action a été organisée avec un blocage des établissements scolaires et une manifestation dans les rues de Mamoudzou, un mouvement qui risque de se prolonger toute la semaine et de s'étendre à tous les services de l'Etat. Les fonctionnaires protestent notamment contre le nouveau dispositif fiscal incluant les primes et indemnités perçues en 2013.

Le 28 octobre dernier paraissait au Journal officiel le décret portant sur l’indexation des fonctionnaires mahorais : 5 % pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2013 (avec effet rétroactif), 10 % en 2014, 20 % en 2015 et 30 % en 2016, avec l’objectif d’atteindre les 40 % de majoration à l’horizon 2017. Un dispositif découlant de la départementalisation de l’île aux parfums, afin de "favoriser l’attractivité du territoire", comme l’indiquaient les ministres Marylise Lebranchu et Victorin Lurel en juin dernier dans un communiqué commun.

Mais dans le même temps, c’est également le régime fiscal des fonctionnaires mahorais relevant du décret de 1996 qui été revu avec une réforme de la fiscalité de droit commun incluant dans leurs revenus les primes et indemnités perçues en 2013. Réforme qui a mis le feu aux poudres, déclenchant une première manifestation mardi 29 octobre.

Face à la mobilisation, le ministre des Outre-mer a différé la mesure d’un an, mais réaffirmé à la tribune de l’Assemblée que "dans tous les territoires d’Outre-mer, les indemnités d’éloignement sont fiscalisées" et que donc "à partir des revenus 2014, il faudra payer". Pas de quoi calmer la colère des fonctionnaires mahorais, qui réclament une exonération jusqu’en 2017.

La mobilisation est donc repartie de plus belle ce lundi 4 novembre, avec près d’un millier de personnes défilant dans les rues de Mamoudzou. Ce sont également tous les établissements scolaires de l’île qui ont été bloqués, avec un taux de 70 % de grévistes chez les enseignants.

Alors que le mouvement de grève a été reconduit pour toute la semaine jusqu’à samedi, la grogne a gagné tous les services de l’Etat, paralysant une île vivant désormais au ralenti. "Le mouvement commence à prendre beaucoup d’ampleur", explique Samuel Boscher, rédacteur en chef de France Mayotte Matin. "Les magistrats ne gèrent plus que les affaires courantes, les policiers ne mettent plus de PV et font la grève du zèle, tout comme les services fiscaux, les douaniers...", détaille-t-il.

Face à cette situation, la préfecture ne veut rien entendre. "Le préfet est un peu impuissant, mais il est intraitable et refuse tout blocage. Deux pelotons de gendarmerie sont en alerte. Du coup on pourrait se retrouver avec une situation ubuesque, avec des gendarmes allant déloger des policiers ou des magistrats...", souligne Samuel Boscher.

Mayotte se retrouve donc sous haute tension, avec des fonctionnaires menaçant de ne pas renouveler leur contrat le 12 novembre prochain s’il n’y a pas d’avancées sur le dossier de la fiscalité. Mais aussi avec une population pas vraiment solidaire du mouvement. "Cette grève n’est pas tellement populaire car les fonctionnaires sont considérés comme des nantis et qu’ils manifestent pour une prime alors que les gens veulent du travail", explique le rédacteur en chef de France Mayotte Matin.

Ce mardi, les établissements scolaires de Mayotte seront en tout cas de nouveau fermés et les services de l’Etat toujours paralysés.

www.ipreunion.com

guest
0 Commentaires