Lutte contre le Sida

Des autotests mis en place dès 2014: avis mitigé chez les associations

  • Publié le 9 novembre 2013 à 14:00

Les premiers autotests rapides permettant de savoir si une personne est porteuse du virus du Sida devraient être disponibles dès 2014 en France. L'annonce a été faite ce jeudi par Marisol Touraine, ministre de la santé et des affaires sociales. À La Réunion, chez les associations de lutte contre le Sida, l'avis est plutôt mitigé. Ces autotests n'étant bénéfiques que dans certaines situations, selon Catherine Gaud, présidente de Rive. À noter qu'à La Réunion, depuis le début de l'année 2013, 36 personnes ont découvert qu'elles étaient séropositives.

Disponibles depuis des années aux Etats-Unis et comparables aux TROD (tests d'orientation et de diagnostic), utilisés par des associations, les autotests doivent permettre, selon la ministre de la Santé, cité par 20minutes.fr, "à une population limitée mais bien identifiée de pouvoir pratiquer des tests". Ils s’adressent aux personnes qui ne souhaitent pas se rendre dans les centres de dépistage ou les hôpitaux.

Ainsi, à partir d’un simple échantillon de salive ou de sang, il sera possible d’avoir un résultat rapide sur la présence d’anticorps spécifiques produits en cas d’infection par VIH. 

À La Réunion, suite à cette annonce, Catherine Gaud, présidente de l’association Rive et responsable du service immunologie du CHU de Bellepierre, se dit plutôt partagée. "D’une part, il est important de dépister, c’est d’ailleurs un enjeu énorme de vie et de mort, puisque 200 personnes ignorent qu’elles sont porteuses du virus. D’autre part, si l’autotest est mal effectué, le résultat est négatif. Et beaucoup l’utilisent avant un rapport sexuel", explique-t-elle. Or, comme l’indique le médecin, les anticorps produits en cas d’infection ne sont détectables que deux ou trois mois après la transmission du virus. "Des personnes vont être faussement rassurées même si leur partenaire est contaminant", ajoute Catherine Gaud, avant de noter que c’est surtout une "question de bénéfices/risques".

De son côté, Jean-Michel Jobart, président de Sidaventure, rappelle que "par définition, les autotests sont des tests, qui s’effectuent seul et avec un résultat qui s’apprécie seul". "Tous ceux qui réalisent les TROD ont reçu une formation spécifique. Lorsque le test est positif, la personne n’est jamais seule. On l’annonce avec tact et il y a possibilité de la prendre en charge immédiatement. Là, la personne est seule. Qui pour l’appuyer sur le plan psychologique, la réconforter, répondre à ces interrogations lorsque le résultat est positif", affirme-t-il. Le président de l’association poursuit : "si on veut multiplier les dépistages pour éradiquer la pandémie, il peut y avoir un intérêt, sinon non. Et ce, pour ces deux raisons".

À noter que les autotests ont reçu en mars 2013 l’avis favorable du conseil national du Sida (CNS). S’appuyant sur des projections effectuées pour les Etats-Unis par l'autorité sanitaire de ce pays, il estime que l'introduction de ces tests permettrait de découvrir 4 000 séropositivités et d'éviter 400 nouvelles infections par an en France, rapporte 20minutes.fr.

À La Réunion, à ce jour, ce sont environ 813 patients qui sont suivis par les antennes Nord et Sud du CHU. 31% sont des femmes et 69% sont des hommes. Les patients les plus touchés ont entre 40 et 60 ans. Le plus jeune patient a un an et la plus âgée 86 ans.

Contrairement aux idées reçues, le mode de transmission majoritaire constaté reste l'hétérosexualité, responsable de 56% des transmissions. La transmission homo-bisexuelle est le second mode de contamination (35%).

Cette année 2013, 36 nouveaux patients ont été découverts séropositifs. Par ailleurs, trois décès ont été enregistrés.

www.ipreunion.com

 

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