Les stations-service fermées ce jeudi à La Réunion et aux Antilles

Décret Lurel : à qui profite la grève ?

  • Publié le 30 janvier 2014 à 04:55

Depuis ce jeudi 30 janvier 2014, les stations-service sont en grève à La Réunion, mais aussi en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane. À la source de ce mouvement se trouve le décret Lurel visant à réguler les tarifs des carburants en outre-mer, soit imposer davantage de transparence dans l'établissement des prix et diminuer les marges des pétroliers. Or ce ne sont pas ces derniers - pourtant les premiers visés - que l'on voit monter au créneau, mais les "petits" exploitants de stations, craignant les retombées de ce décret pour leurs emplois. Et les voilà qui se retrouvent accusés de "prendre la population en otage", tout en faisant du même coup le jeu des grands groupes.

Le 16 mai 2013, en plein conflit de la Sermat, une centaine de patrons s'étaient rassemblés devant la préfecture afin de clamer qu'il était "inadmissible que le conflit qui a lieu au sein d'une seule entreprise puisse paralyser l'ensemble de l'économie de l'île". Parmi eux se trouvaient des représentants du Syndicat réunionnais des exploitants de stations-service (SRESS), ceux-là mêmes qui viennent de déclencher une grève "illimitée" de leurs établissements - vitaux pour l'économie de l'île - et de bloquer la Société réunionnaise de produits pétroliers (SRPP), unique importateur de carburant sur l'île.

Toute la journée de mercredi, Gérard Lebon, président du SRESS, s'est confondu en excuses sur toutes les ondes, expliquant que la grève était "un passage obligé pour se faire entendre". C'est effectivement un efficace moyen de pression.

S'ils en sont arrivés à cette extrémité, c'est en raison disent-ils du "mépris" affiché par le représentant du ministère des Outre-mer lors de la réunion de mardi dernier qui devait achever les négociations autour de l'application du décret Lurel. Le gouvernement a d'ailleurs sans doute des choses à se reprocher dans la gestion de ce dossier.

Mais c'est surtout que les exploitants craignent les conséquences de ces nouvelles dispositions qui selon eux "menacent de déstabiliser toute la filière", c'est-à-dire que les pétroliers répercutent la baisse de leurs marges sur leurs emplois et leurs loyers, voire reprennent certaines stations en gérance directe.

Car ce sont bien les grands groupes pétroliers et leurs marges en outre-mer qui sont visés, comme l'a rappelé Victorin Lurel ce mercredi au sortir du conseil des ministres : "Sur les deux océans, Indien et Caraïbe, au total c'est 100 millions de profit. On leur prend 13 millions et on leur demande de justifier leurs frais."

Pour le ministre, ces grèves n'ont ainsi pour objectif que de "vider le décret de toute sa substance", voyant derrière les manifestations des exploitants de stations la main des grands groupes pétroliers. Ces grands groupes qui, à l'instar de Total et de son PDG Christophe de Margerie se disent prêts à "accepter une réduction de notre rémunération, mais pas n'importe laquelle", formule sibylline s'il en est.

Mais pourquoi les gérants de stations ne les prendraient-ils pas au mot ? S'ils accusent le gouvernement de les traiter avec "mépris", comment qualifient-ils l'attitude de ces géants du pétrole prêts à tout pour préserver leur marges plus que confortables jusqu'à menacer des emplois ?

À se tourner vers les principaux concernés dans cette affaire et probablement les principaux décideurs, ils éviteraient peut-être de renier leurs grands principes.

www.ipreunion.com

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5 Commentaires
roger46
roger46
10 ans

Que Monsieur Lurel livre un bras de fer avec les pétroliers, ça ne regarde que lui, car il n'y a aucune répercussion bénéfique pour le consommateur.
S'il estime que certains s'enrichissent de trop, qu'il agisse comme il l'entend, mais le vrai combat contre la vie chère, celui qui concerne les Antillais, c'est au niveau de la consommation des ménages au quotidien, ce que le citoyen est obligé d'acheter pour se nourir

Roger46
Roger46
10 ans

Le ministre des Outremer se fourvoie, car la baisse de la marge réclamé à corps et à cri, ne représente pas grand chose pour le consommateur, quelque chose comme 01 centime le litre de carburant, dérisoire, Monsieur Victorin Lurel devrait faire un tour dans les hypermarchés pour constater des hausses sur les produits consommés au quotidien par les Martiniquais.
Plus de 15, voire 20% d'augmentation, entre décembre et février....C'est ça le vrai combat contre la vie chère, et non le tarif des carburants.

La filière des carburants dans les DOM
La filière des carburants dans les DOM
10 ans

Bonjour nous vous invitons à prendre connaissance de l'actualité et des positions de la filière carburants dans les DOM sur le blog : www.carburantdom.com

Pierre Maurois
Pierre Maurois
10 ans

Nationalisons la SRPP!

brunobourbon
brunobourbon
10 ans

Bravo pour l'analyse ! que les acteurs de ce triste spectacle mettent sur la table leurs réels profits ,et comparons avec le salarié qui est le vrai crteur de richesse. Allons voir à singapour le prix d'achat des carburants et calculons le cout réel .