
Ce lundi 10 février 2014, la brigade nautique de la police aux frontières de Mayotte est intervenue dans le sud-ouest de la passe de Boueni dans le cadre d’une mission de lutte contre l’immigration clandestine. Sur place, les policiers n’ont pu que constater le naufrage d’un kwassa et tenter de porter les premiers secours. Le bilan est lourd : sept morts – trois femmes et quatre enfants – et une personne disparue, contre quinze rescapés. Le même jour, trois autres embarcations ont été interceptées avec à leur bord 92 personnes.
À Mayotte, la pression migratoire venue des Comores, distantes de moins de 75 kilomètres, ne faiblit pas. Elle a même tendance à s’intensifier et c’est pourquoi de nouveaux drames apparaissent comme inévitables. "Chaque semaine, on bat des records ; tous les jours, les kwassas n’arrêtent pas...", relève ainsi Samuel Boscher, rédacteur en chef du journal France Mayotte.
Depuis trois ans, les reconduites à la frontière sont baisse constante : de 26 405 en 2010 à 15 902. Une baisse que l’Etat explique par l’augmentation des interpellations en mer, mais au détriment des contrôles sur terre. Par ailleurs "les demandes de titre de séjour ont augmenté de 286 % en 2013 et les titres de séjour attribués ont augmenté de 135 %", note Samuel Boscher. "Du côté des Comores, l’information circule qu’il y a moins d’interpellations et qu’il est de plus en plus simple d’obtenir des titres de séjour. Du coup il y a plus de candidats", souligne-t-il.
Le droit du sol remis en question
D’après l’Insee, près de 40 % de la population de l’île aux parfums est étrangère. Mais selon le rédacteur en chef de France Mayotte, "la réalité c’est 50 à 60 %, les Mahorais ne sont plus majoritaires". Il poursuit : "Cette pression migratoire pose beaucoup de problèmes, la population attribuant la majorité de la délinquance aux étrangers, ou aux mineurs français mais de parents étrangers. Le droit du sol commence sérieusement à être remis en question. Il y a un esprit anti-communautaire qui est en train de monter."
De par sa situation géographique, le 101ème département français est ainsi devenu une cible privilégiée pour les migrants rêvant de l’eldorado tricolore ou européen. Sauf que le plus souvent, ils ne vont pas beaucoup plus loin que l’île aux parfums. "Mayotte est devenue l’une des portes de la France où l’on peut rentrer sans trop de problème mais d’où il est beaucoup plus difficile de sortir", indique Samuel Boscher.
Une situation qui ne devrait pas s’améliorer avec le projet d’ordonnance du ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Si elle permettra aux migrants de bénéficier d’une aide financière pour rentrer dans leur pays d’origine, elle prévoit aussi de "faciliter l’obtention de titres de séjour, mais valables uniquement à Mayotte et pas à La Réunion ni en métropole", selon le rédacteur en chef du quotidien mahorais. "Du coup on est en train de créer un sas et l’immigration ne va faire que gonfler à Mayotte", estime-t-il.
"Il n’y a pas d’imperméabilité des frontières"
C’est d’ailleurs déjà le cas. Depuis deux ou trois ans, on constate une proportion plus faible de Comoriens, souvent découragés par les prix de plus en plus élevés pour effectuer la traversée : 1000 euros lorsque l’embarcation n’est pas pleine, 400 à 500 euros lorsque les 30 passagers sont atteints. "En revanche, il y a désormais une pression migratoire des populations venues des pays africains de la région des Grands lacs, qui tentent de gagner Mayotte en passant par les Comores, mais aussi de plus en plus de Malgaches ; on a même vu un Népalais ou un Palestinien", détaille Samuel Boscher. "Tous demandent des titres de séjour et s’agglutinent à Mayotte, qui est en train de devenir un grand Sangatte, un immense camp, un bouclier pour la métropole", s’alarme-t-il.
"Il n’y a que 200 policiers pour un lagon s’étendant sur plus de 1000 km2, ça ne sert pas à grand-chose. Il n’y a pas d’imperméabilité des frontières", insiste le rédacteur en chef de France Mayotte. Et ce sont ainsi autant de populations en situation de très grande précarité qui débarquent chaque semaine sur l’île. "Il y a désormais 53 bidonvilles recensés à Mayotte, qui s’installent dans les hauteurs où l’on défriche de plus en plus de forêt. C’est une catastrophe écologique, humaine et sociale", déplore le journaliste.
"En 2003, la ministre des Outre-mer Brigitte Girardin avait qualifié l’immigration clandestine de véritable fléau pour Mayotte. En onze ans, cette immigration n’a pas reculé et on se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins", conclut-il.
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4 Commentaire(s)
vous avez compris que les mahorais n ont pas retenu la leçon et qu'ils veulent que la reunion subisse le même sort que mayotte avec son lot quotidien de vol , de viols, de mariages de mineurs avec des quinquagénaire, des agressions qui sont devenues banales ect ect...
Et plus généralement il fallait rester Français . ce qui réussi très bien à la Réunion à des années lumières de votre archipel.
Triste histoire