Affaire de la BAC du Port - Un homme contredit la version du lycéen

Un témoin affirme : "c'est moi qui ai secouru Steve, il n'y a pas eu de contact physique entre lui et la police"

  • Publié le 5 mars 2014 à 05:00

Steve, le jeune Portois qui a perdu un oeil à la suite d'une décharge de P.40 en plein visage, a-t-il été la victime accidentelle d'un tir de dispersion déclenché par un policier de la BAC (brigade anti criminalité) dans la nuit du 1er au 2 février 2014 au Port ? "Oui", répond un témoin qui s'est manifesté il y a quelques jours seulement. Cet homme affirme avoir secouru l'adolescent après qu'il ait été touché à la figure par le projectile. Il contredit ainsi les déclarations du jeune lycéen disant avoir été aidé par une femme. Ce nouveau témoin souligne également "qu'à aucun moment les policiers ne sont allés au contact du jeune". Il accrédite donc la thèse d'un tir de dispersion. Une version défendue par le tireur et ses trois équipiers de la BAC mis en cause, mais rejetée par le procureur Philippe Muller. Pour le magistrat "le tir était volontaire et non pas accidentel". L'homme s'est rendu au commissariat du Port deux semaines après les faits pour apporter son témoignage. Mais, dit-il, la police n'a pas enregistré sa déposition. Le mercredi 19 février, les quatre fonctionnaires ont été mis en examen, notamment, pour violences volontaires avec usage d'une arme ayant entraîné une mutilation.

Le mercredi 19 février dernier, quatre fonctionnaires de la BAC du Port ont été mis en examen pour "violences volontaires avec usage d'une arme ayant entraîné une mutilation", mais aussi pour "non assistance à personne en danger" et "modification de la scène de crime". Depuis, l’instruction suit son cours, mais le voile n’est toujours pas levé sur certaines zones d’ombre entourant les faits ayant coûté un œil au jeune Steve, âgé de 16 ans.

Un nouveau témoignage vient notamment jeter le trouble sur les versions avancées jusqu’à présent, contredisant plusieurs éléments. Un homme affirme ainsi que c’est lui qui a secouru Steve alors qu’il était à terre, le visage en sang. L'adolescent venait juste d'être touché par un projectile tiré par un "P40", une arme plus puissante qu’un flash-ball traditionnel. Jusque-là, le jeune homme a toujours affirmé qu'une femme lui avait porté secours.

Ce témoin raconte que Steve se trouvait à proximité d’un groupe de jeunes sillonnant le quartier Rico-Carpaye. Certains d'entre-eux, dit l'homme, lançaient des galets. C’est alors que l’équipage de la BAC est arrivé sur les lieux et aurait tiré en direction du groupe, touchant le lycéen au visage. Un des policiers a d’ailleurs reconnu avoir tiré, mais défendant la thèse d’un tir accidentel.

Selon ce nouveau témoin, le groupe de jeunes s’est dispersé tout de suite après le tir. L'homme voit une personne s'effondrer et rester au sol. C'est Steve. L’homme affirme s'être précipité vers lui et avoir constaté que l'adolescent avait le visage en sang. C'est alors qu'il a prévenu les secours. Il souligne "qu’à aucun moment les policiers ne sont allés au contact du jeune homme". Selon lui, le jeune n'a pas été maintenu au sol et n'a pas été frappé alors qu’il était à terre. Ce témoin est tout aussi catégorique pour dire que Steve ne s'est pas relevé pour aller demander l'aide d'une femme résidant à proximité.

Une version contredisant celle de cinq autres témoins - un couple et trois autres personnes ne se connaisant pas entre-elles - que le procureur Philippe Muller avait jugé crédibles. Elle va également à l’encontre des déclarations des policiers. Selon le procureur, ceux-ci déclarent avoir maintenu le jeune homme au sol "avec les pieds", tout en niant l’avoir frappé. Pourrait-il alors s’agir de deux séries de faits différentes mettant en cause deux jeunes ?

La question est aussi de savoir quel crédit accorder à ce nouveau témoignage. L’homme dit s’être présenté au commissariat du Port entre le 17 et le 22 février, plus de deux semaines après les faits. Ce laps de temps peut interpeller. Le témoin explique qu'il a "fait l’objet de pressions" et qu'il a hésité avant de se rendre au commissariat. Une démarche finalement restée vaine. L'homme soutient en effet que sa déposition n’a pas été enregistrée par les policiers.

Questionné ce lundi après-midi 4 mars, Nicolas Hoarau, le commissaire du Port, dit "ne pas avoir d’éléments à ce sujet". Il indique toutefois : "dans ces cas-là, l’identité de la personne peut être notée par la police afin d’être portée à la connaissance du juge d’instruction, mais à partir du moment où une instruction est ouverte, on ne peut pas enregistrer de déposition". Pour sa part le procureur Philippe Muller souligne : "c’est la première fois que j’entends parler de cela". Il note que la déclaration du témoin "ne correspond pas aux témoignages très précis" recueillis jusqu'à présent par les enquêteurs. "Mais je trouve extrêmement étonnant que cette déclaration n'ait pas été prise en compte par la police", commente-t-il

Si ce témoignage devait être confirmé, cela apporterait un nouvel éclairage à l’instruction en cours. En attendant, les quatre fonctionnaires de la BAC du Port sont toujours en poste au garage et aux archives du commissariat Malartic où ils ont été réaffectés. Du côté du Port, la brigade anti-criminalité fonctionne a minima depuis cette affaire, seule une équipe de nuit assurant des patrouilles à partir de la fin d’après-midi.

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2 Commentaires
péricoloso
péricoloso
10 ans

Si la BAC n'existait pas, il fallait l'inventer, ce sont des gens super sympas avec qui on peut discuter et plaisanter, c'est normal, qu'un policier, même si c'est ton ami, il te verbalise si t'es en infraction, c'est son métier, et cela les gens ne comprennent pas, être poli lors d' une intervention aboutit, des fois à une conclusion parfaite, alors arrêtons de dire que c'est des... respecter les policiers fais de vous un honnête citoyens.
Je dirai tout simplement, continuez à veiller sur notre bienêtre, Messieurs et bravo pour ce que vous faites

DANORD
DANORD
10 ans

Un témoin et pourquoi pas un envahisseur sorti tout droit de David VINCENT ?