Après le décès de Jacques Servier le 16 avril dernier

Médiator : le combat des victimes réunionnaises continue

  • Publié le 29 avril 2014 à 05:00

En France, de nombreuses victimes du Médiator ont pu craindre un arrêt du processus judiciaire suite au décès de Jacques Servier, président du groupe pharmaceutique à l'origine de la fabrication du médicament responsable de 500 à 2000 décès et de milliers de pathologies cardiaques. Mais pour Maître Alain Antoine, avocat du Collectif Médiator Réunion Océan Indien, "ça ne change strictement rien". Au contraire, alors qu'un vaste procès est prévu à Paris en 2015, le défenseur des victimes réunionnaises - plus d'une centaine - a saisi le tribunal de grande instance de Saint-Denis, où il a déposé une plainte au civil, espérant une condamnation des laboratoires Servier à La Réunion avant le grand procès parisien.

Depuis les prémices de "l’affaire du Médiator", La Réunion est en première ligne. Dès mars 2011, Chantal Ethève, Possessionnaise de 55 ans, fut la première à déposer une plainte contre l’Afssaps (ancêtre de l’Agence nationale de séucrité du médicament) et les laboratoires Servier. Plus d’une centaine ont suivi sur l’île, les victimes décidant de se rassembler au sein du Collectif Médiator Réunion Océan Indien.

Trois ans plus tard, le combat continue dans l’attente d’un procès, afin que justice soit rendue. Car ce sont au total des milliers de personnes qui ont été victimes de pathologies cardiaques suite à la prise de ce médicament d’abord destiné aux diabétiques avant d’être prescrit comme coupe-faim.

Alors pour Maître Alain Antoine, avocat du collectif, ce n’est pas le décès de Jacques Servier, survenu le 16 avril dernier alors que le fondateur du groupe pharmaceutique avait 92 ans, qui va changer quoi que ce soit. "En ce qui me concerne, exposer ce monsieur âgé relevait davantage d’une stratégie de communication", explique-t-il. "Cela n’est pas de sa responsabilité. Le procès est dirigé contre des sociétés, des laboratoires, de la conception jusqu’à la commercialisation du médicament", ajoute l’avocat. Et de souligner que "s’il y a des gens qui veulent faire croire que tout est fini, c’est de la communication".

Alain Antoine voit par ailleurs un autre lien avec l’actualité récente, évoquant les accusations contre Aquilino Morelle, conseiller du président François Hollande et soupçonné de conflits d’intérêts avec des laboratoires pharmaceutiques alors qu’il était rapporteur pour l’Inspection générale des affaires sociales. "Un véritable scandale", selon l’avocat.

"On a la démonstration que c'est un poison"

En attendant, les nombreuses victimes du Médiator ont plus que jamais soif de justice. En mai 2013, la présidente du tribunal correctionnel de Nanterre avait demandé un supplément d’information et renvoyé le procès au 15 mai 2014. Mais en janvier dernier, le procureur de la République de Paris a annoncé une "jonction partielle des procédures pour permettre la tenue, au plus vite, d’un maxi procès du Médiator visant tous les acteurs de ce scandale". Celui-ci devrait se tenir en 2015.

Mais Maître Alain Antoine et le collectif réunionnais ne veulent pas s’arrêter à ça. "La Réunion est très active sur ce dossier et en plus de l’aspect pénal traité à Paris, nous sommes aussi allé au civil", souligne l’avocat. Il détaille : "Nous avons obtenu des expertises judiciaires démontrant la causalité entre le Médiator et des pathologies cardiaques. On a la démonstration que c’est un poison. Nous avons saisi le tribunal de grande instance de Saint-Denis, dans lequel j’ai une confiance absolue. J’espère donc que La Réunion aura déjà condamné les laboratoires Servier sur le plan civil avant le procès pénal à Paris."

La bataille judiciaire est donc loin d’être terminée pour les victimes réunionnaises. "On a une armée d’avocats des laboratoires Servier en face de nous qui nous assomme de procédures. On est sous le feu, à balles réelles !", confie Alain Antoine. "On savait que ça allait être long et qu’ils allaient essayer de nous avoir à l’usure, mais on se battra et on ne lâchera pas prise", assure-t-il.

www.ipreunion.com

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