Réforme des professions réglementées

Les professionnels de santé libéraux se rebiffent

  • Publié le 27 septembre 2014 à 17:58

A l'appel du CRPS (Centre régional des professions de santé), les libéraux de santé manifesteront ce mardi 30 septembre 2014 pour protester contre la réforme des professions réglementées. Médecins, pharmaciens, kinésithérapeute, infirmiers, chirurgiens-dentistes, orthophonistes, orthoptistes, biologistes, sage-femmes et podologues se retrouveront à partir de 10 heures devant la préfecture pour interpeller la population sur leur situation. Ces spécialistes s'inquiètent notamment du projet d'ouverture du capital de toutes les sociétés d'exercice libéral (SEL) à des investisseurs qui ne viennent pas du monde de la santé et des répercussions à venir.

Ce mardi, toutes les pharmacies de l’île seront fermées, tout comme certains cabinets de médecins et de dentistes. A l’instar des notaires et des avocats, les libéraux de santé seront à partir de 10 heures devant la préfecture de Saint-Denis pour protester contre la réforme des professions réglementées.  "On voudrait bien faire comprendre au public que derrière ces termes technocratiques sur la dérèglementation des professions - considérées souvent comme des privilèges - il y a une remise en cause de l'intérêt des patients", prévient Eric Cadet, porte-parole du CRPS.

Ces professionnels aux services des patients craignent notamment de voir leurs sociétés s’ouvrir à des capitaux étrangers. "Il est prévu que des investisseurs non professionnels seront partie prenante. Leur logique et leur souci : c’est la rentabilité. C'est le noeud du problème, c'est laisser entrer le loup dans la bergerie", décrit le représentant du centre régional des professions de santé. "Notre réglementation actuelle permet d'assurer la qualité des professionnels, le respect d'une déontologie et du secret professionnel", ajoute-t-il. "L’ouverture du capital nous fait peur", indique Annick Lepaysan, kinésithérapeute.

Par exemple, les professionnels redoutent l’ouverture de grands centre médicaux à bas prix. " Avec cette réforme, je crains pour l'avenir des patients qui verront leur parcours de santé imposés. Les investisseurs installeront des maisons de santé qui s'imposeront ", affirme Christophe Duplech, responsable de la fédération nationale des infirmiers libéraux à La Réunion. "Les centres-villes seront attractifs, contrairement aux campagnes. Vous voyez des grandes enseignes dans les hauts ou à Cilaos ? Non. Avec cette dérèglementation, il y aura un désert dans certaines professions", ajoute Eric Cadet. "Certes, ils attireront les patients avec des tarifs peu élevés. Mais par la suite, ils monteront les prix puisqu'ils ne seront pas règlementés", prévient Christine Kowalczyk, médecin généraliste.

Pointés du doigt sur l’application de dépassements d’honoraires, les dentistes expliquent que cette pratique est instaurée pour compenser des prestations aux tarifs conventionnés sous-payés. "Sur 70 % des actes, nous perdons de l’argent. Par exemple, une extraction simple d’une dent coûte 36 euros en France, contre 150 au Portugal ou 120 en Allemagne. Donc, on reprend de l’argent sur des actes où la caisse de sécurité sociale mous autorise à pratiquer des dépassements d’honoraires, comme la pose d’une prothèse ou d’une couronne", souligne Luc Schosmann, président du syndicat des chirurgiens dentistes . "Avec cette dérèglementation, le patient devient client, et on entre dans le domaine du commerce de la santé", précise-t-il.

Egalement dans le viseur du gouvernement : les pharmaciens. Le projet de loi prévoit la mise en vente des médicaments sans ordonnance ou non remboursables dans les grandes surfaces. "Un médicament n'est pas un bonbon. Un pharmacien connaît ses patients et peur leur délivrer un conseil personnalisé. Un employé qualifié en hypermarché n'a pas cette proximité. Cette vente en supermarché nous expose à des risques accrus d'accidents", souligne Nicolas Turpin, président du syndicat des pharmaciens Réunion-Mayotte. Il continue : " par exemple, prescrire des anti-inflammatoires à des insuffisants rénaux serait une catastrophe. "

Ce sont notamment pour ces raisons que les libéraux de santé ont décidé de descendre dans la rue ce mardi. "Cette mobilisation concerne tout le monde et les usagers en premier. Nous avons l'un des systèmes les meilleurs du monde. Il fonctionne et on nous l'envie. Il ne faut pas le jeter à des communautés économiques", estime le docteur Chriskine Kowalczyk. "Si on ferme nos cabinets mardi, ce n'est pas pour embêter nos usagers. Mais c'est notre seule manière de dire non à cette loi, et d'expliquer pourquoi on le fait", annonce-t-elle.

www.ipreunion.com

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2 Commentaires
gemijuco
gemijuco
9 ans

Les médicaments sont bien connus des pharmaciens qui peuvent conseiller leurs clients ; pas d'accord en Supermarché. Les mains des enfants sont partout, ils pourraient en attraper à l'insu de leur mère ! Il pourrait aussi y avoir une surconsommation néfaste à la santé ou des médicaments qui ne vont pas du tout ensemble ! Même ceux sans ordonnance ...

Quant aux médecins, dentistes ou ophtalmos et opticiens , certains sont très corrects, mais d'autres abusent des suppléments d'honoraires. Pourquoi les lunettes sont à 29 ? à la TV et sont vendues 800 ? dans la réalité ? Je ne comprends pas, Est-ce de la pub mensongère ?

Les couronnes sont HORS DE PRIX - les dentistes veulent se rattraper pour des soins qui ne leur rapportent pas grand chose ? ce n'est pas juste !

Avec les petits salaires que le MEDEF voudrait encore diminuer, pourra t'on se soigner correctement sans abuser, ce n'est pas certain. Par contre les immigrés et autres personnes venant d'ailleurs ont TOUS LES SOINS GRATUITS, même les chambres seules dans les hôpitaux. Ce n'est pas normal.
Ces même personnes peuvent exiger les médicaments originaux, alors que les français sont obligés de prendre les génériques !

Il faudrait un peu d'ordre et de justice dans TOUT ; pas au détriment des FRANCAIS qui en ont ras le bol !!!! Les Français sont là uniquement pour payer !

jim
jim
9 ans

Globalement la santé est-elle réellement défendue? Quand le malade, dans sa précipitation , n'a pas les papiers ou carte adéquate, se voit priver de soin, à ce moment là est il -client ou patient? Nous ne pouvons l'admettre, meme si toute peine mérite salaire, les peines qui tenaillent le malade et sa famille sont plus grandes. Se faire soigner n'est ni ni une un luxe, ni une caprice!

A t- on pensé aux malades qui ne peuvent se rendre le soir au cabinet médical , les consultations à domiciles n'existent plus, faute de transport? A l'angoisse de la maladie, s'ajoute le tracas comment s'y rendre ? Pas tout le monde possède une voiture.

pourquoi ne pas envisager des consultations, surtout le soir, dans les structures de soin privé d'hospitalisation, selon l'urgence et les pharmacies de garde sont -elles en nombre suffisantes dans les grandes villes?

Bien entendu il y a des professionnels sont sensibles à ces lacunes , on les remercie!