Tourisme à La Réunion

Tout ne va pas si mal d'après l'Iedom

  • Publié le 13 octobre 2014 à 14:06

L'Iedom (Institut d'émission des départements d'Outre-mer) a dévoilé ce lundi 13 octobre 2014 sa dernière publication consacrée au tourisme à La Réunion". Si l'étude assure dans son titre que l'activité "peine à décoller", l'institut souligne surtout que l'île n'a pas à rougir en comparaison avec d'autres pays développés. Ainsi, le tourisme ne représente que 2,6 % du PIB réunionnais, soit à un niveau comparable à celui des Etats-Unis ou de l'Afrique du Sud. "Cela peut sembler faible, mais c'est plus fort que les secteurs historiques de l'île qui sont l'agriculture et l'industrie agroalimentaire", indique David Perrain, économiste de l'Iedom.

Autant le dire tout de suite : cette étude de l'Iedom n'a pas vocation à déchaîner les passions. "Nous ne sommes pas très sexy", confie-t-on même au siège situé rue de la Compagnie. En effet, contrairement à la cour des comptes - qui a demandé en février dernier aux autorités ultramarines "un indispensable sursaut" - l'institut d'émission des DOM souhaite avant tout faire un état des lieux objectif et détaché de l'activité touristique de l'île.

"L'idée de cette étude est d'avoir une vision un peu plus large du tourisme, en faisant un état des lieux un peu plus dépassionné par rapport aux enquêtes sorties ces dernières années. Nous avons essayé de voir qu'est-ce que le tourisme", prévient David Perrain, l'économiste chargé de cette publication. Ainsi, l'étude n'a seulement pris en compte l'hôtellerie et la restauration, mais également les locations, les transports : ce que l'Iedom appelle "l'industrie touristique." "Quand on prend cet ensemble touristique, on a réussi à montrer grâce à nos données que le taux de marge et la rentabilité économique touristique varie beaucoup d'une activité à une autre", souligne le statisticien. Ainsi, le secteur de la location de véhicule présente un taux de marge élevé, mais moins de main d'oeuvre, alors que ce rapport de force s'inverse dans l'hébergement.

Le tourisme représente 2,6 % du PIB à La Réunion

Ainsi, avec 4 700 entreprises en 2013, l'activité touristique représente 13 000 emplois, 10 % du tissu économique local, et un PIB de 2,6 % à La Réunion. L'Iedom indique par ailleurs que ce niveau est similaire aux économiques américaines, sud-africaines ou néo-zélandaises. "A côté, le tourisme représente 10 % de l'activité économique de Maurice, qui n'est pas le monstre dévorant que l'on souhaite nous présenter", estime David Perrain. "Le tourisme rapporte plus que l'exportations de biens. On est vraiment sur un secteur d'avenir avec un potentiel très fort et des marges de manoeuvre", ajoute-t-il.

Bien évidemment, l'institut d'émission tombe sur le même constat que les autres études : la fréquentation touristique stagne depuis une décennie. Elle a même baissé de 6,8 % en 2013. Et depuis 2004, le tourisme affinitaire domine les arrivées à La Réunion. "Nous sommes dans une situation de mono-marché dominé par les touristes métropolitain. Nous sommes très dépendants de ce marché de 17 millions de touristes français qui vont dans des destinations lointaines, alors que d'autres attaquent des pays plus dynamiques comme la Chine, premier émetteur de touristes dans le monde", analyse l'économiste.

L'hôtellerie réunionnaise "en difficulté"

Autre gros point noir visé par l'institut : l'hôtellerie avec une offre très restreinte. "Avec 2 098 chambres classés en 2013, La Réunion occupe l'avant dernier rang en nombre de chambres classées par rapport aux autres régions françaises", indique l'étude. "Au niveau des taux d'occupation, on dépasse les 80 % très régulièrement en haute saison. C'est vraiment élevé, ça montre une réelle saturation de notre offre", explique David Perrain. Par ailleurs, l'hôtellerie réunionnaise, qui affiche des volumes d'affaires assez élevés, présente une rentabilité d'exploitation "plus faible qu'au niveau national" avec un taux de marge inférieur à 24,5 % en 2012 contre 27,5 % sur l'ensemble du territoire français.

Mais ne comptez pas sur l'économiste pour éditer des recommandations, à la manière de la cour des comptes. "Ce n'est pas notre rôle, nous sommes un observatoire économique. Ce qui est intéressant avec le tourisme, c'est que c'est un peu comme l'éducation nationale ou l'équipe de France de football : on a tous un avis, et on aimerait tous qu'il soit suivi. Bien sûr que j'ai un avis, mais je laisse les experts faire un jugement objectif", assure-t-il. Le "sexy" attendra peut-être une prochaine publication. D'ici là, les passionnés de statistiques peuvent lire l'étude sur le site de l'Iedom.

www.ipreunion.com

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