Christiane Taubira à la rencontre de victimes de violences conjugales

Le téléphone grand danger se fait attendre

  • Publié le 15 octobre 2014 à 18:01

Dans le cadre de sa visite à La Réunion, Christiane Taubira s'est rendue ce mercredi 15 octobre 2014 dans un centre d'accueil pour les femmes victimes de violences conjugales, situé dans le quartier des Camélias à Saint-Denis. "C'est un sujet qui nous concerne tous et que je connais depuis plusieurs années. C'est un drame qui a son ampleur ici à La Réunion", a déclaré la ministre de la justice. La garde des sceaux a profité de l'occasion pour annoncer que le téléphone grand danger, généralisé cette année en métropole, ne sera effectif qu'au deuxième semestre 2015 à La Réunion.

"Le téléphone grand danger est annoncé seulement au 2e semestre 2015. C'est beaucoup trop long. [...] La garde des sceaux est embêtée que cela arrive si tard", confie Huguette Bello, députée et représentante de l'UFR (Union des femmes réunionnaises). En effet, le dispositif, généralisé sur le territoire hexagonal, n'est toujours pas opérationnel à La Réunion. Ce téléphone, équipé d'une touche spécifique, permet de joindre directement un service de téléassistance. Ce dernier, selon le danger, est capable de demander une intervention rapide des forces de l'ordre grâce à la géolocalisation. "Il y a eu tout simplement des problèmes techniques indépendant de ma volonté. Vous pensez bien qu'étant donné ma sensibilité particulière l'extension de ce téléphone grand danger sur l'ensemble du territoire hexagonal va de paire avec son extension dans les outre-mer", a expliqué Christiane Taubira.

Pourtant, La Réunion - comme tout département français - est concernée par cette problèmatique. Chaque jour, près de 4 actes de violences conjugales sont dénoncés par les Réunionnaises d'après une enquête réalisée par l'observatoire régional de la santé en 2011. Ce sont près de 4 actes de violences conjugales dénoncés chaque jour par des Réunionnaises. Plus de 75 % des cas reportés concernent des coups et blessures volontaires. "C'est un sujet qui nous concerne tous et que je connais depuis plusieurs années. C'est un drame qui a son ampleur ici à La Réunion, je le connais dans d'autres territoires d'outre-mer et en France aussi", assure la garde des sceaux.

Après avoir participé à une réunion avec les autorités judiciaires, les travailleurs sociaux et les acteurs politiques, la ministre de la justice a profité de sa venue à la maison de la famille pour rappeler son travail accompli sur le domaine. "Nous avons renforcé la loi, mais nous avons aussi mis en place des dispositifs pratiques notamment pour l'hébergement d'urgence, et nous avons inscrit dans la loi l'éviction du conjoint violent. Nous avons généralisé le recours à l'ordonnance de protection", a-t-elle déclaré.

Un arsenal législatif salué par Huguette Bello, mais qui ne satisfait pas complètement la députée réunionnaise. "Il nous faut des moyens humains et améliorer la formation des forces de l'ordre, des magistrats et du personnel médical. Lorsqu'une femme vient déposer une plainte, ce n'est pas évident pour tous ces professionnels de savoir comment il faut s'y prendre.  C'est une affaire d'état. Il y a un engagement à prendre pour que les racines de ces violences soit comprises", a commenté l'ancienne maire de Saint-Paul.

Si Christiane Taubira espère bien comprendre les causes de ces violences, la ministre compte surtout sur un investissement et un intérêt de la population autour de cette problématique : "si la société se met à prendre conscience que ce fléau est inacceptable et s'organise à tous les niveaux pour faire lutter contre ces violences, je pense que nous arriverons à faire reculer le phénomène".

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