La ministre de la Justice devant les étudiants de l'université de Saint-Denis

Christiane Taubira : "L'égalité républicaine est une ambition essentielle"

  • Publié le 15 octobre 2014 à 19:26

La ministre de la Justice a achevé sa première journée réunionnaise en animant une conférence-débat à l'université de Saint-Denis, ce mercredi 15 octobre 2014. Christiane Taubira a livré aux étudiants venus en nombre sa vision de "la République et de la protection des droits" avant de se prêter rapidement au jeu des questions-réponses. L'occasion pour la garde des Sceaux de rappeler son engagement "de gauche" et de digresser sur les notions de liberté, de droits, de devoirs, en soulignant que, selon elle, "l'égalité républicaine est une notion essentielle". Elle prendra ce jeudi la direction du Sud de l'île pour une visite au tribunal de grande instance de Saint-Pierre, avant de se rendre au chantier d'insertion agricole de Montvert-les-Hauts et de terminer son périple par un passage à la prison de Domenjod.

Après une longue matinée passée au tribunal de grande instance de Saint-Denis à tenter de répondre aux interrogations judiciaires des uns et des autres, après la défense de sa réforme de la "justice du XXIème siècle", après ses visites dans un foyer d'action éducative de la protection judiciaire de la jeunesse puis dans un centre d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales, Christiane Taubira s'autorise une "petite parenthèse dans un programme rude", selon ses mots, à savoir une "rencontre libre" avec les étudiants de l’université de Saint-Denis.

Ces derniers ont d’ailleurs largement répondu à l’appel pour remplir le nouvel amphithéâtre bioclimatique du campus dionysien et écouter la ministre de la Justice disserter lors d’un mini cours magistral sur le thème de "la République et de la protection des droits". Un exposé lancé par une citation du philosophe Alain – "penser, c’est dire non" - et conclu par une référence à Condorcet : "Même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave".

Entre-temps, Christiane Taubira a évoqué les contradictions nées de la révolution française et de la déclaration des droits de l’homme, entre l’idéal de liberté contenu dans "l’individualisme révolutionnaire" et la promotion d’une "citoyenneté encadrée" ; ou encore entre cet idéal et l’usage économique et social "nécessitant l’intervention de la puissance publique" ; mais aussi celle de "la conquête des libertés sur le territoire national" pendant que "l’aventure coloniale" se poursuivait. Le tout pour en tirer la leçon actuelle que "l’égalité républicaine est une ambition essentielle et une idée profondément moderne" en soulignant toutefois qu’"il faut s’interroger sur l’altérité".

Durant un peu plus d’une demi-heure, celle qui a été élevée au rang "d’icône" de la gauche depuis la loi sur le mariage pour tous a ainsi livré un peu d’elle-même aux étudiants réunionnais. En déclarant qu’il n’y avait pas besoin "d’être courageux pour prendre des décisions sur des sujets simples, mas que prendre des décisions sur des sujets complexes nécessite beaucoup de courage politique". Ou encore en faisant référence à la "flagellation" dont elle s’estime victime "depuis le 20 mai 2012" et son projet de suppression de tribunaux correctionnels pour mineurs.

Et avant de terminer avec malice par un petit clin d’œil politique en répondant à une dernière question estudiantine : "Je suis pour la sixième République ! Mais je ne suis pas candidate…"

www.ipreunion.com

guest
1 Commentaires
jim
jim
9 ans

"... que prendre des décisions sur des sujets complexes nécessite beaucoup de courage politique".
A mon humble avis, c'est peut-être là toute la noblesse de la Politique.